Les écosystèmes des côtes maritimes malagasy sont actuellement dans un état critique et nécessitent des actions immédiates. Des villages disparaissent, le sable engloutit des zones de culture et plusieurs aires de vie pour les animaux endémiques sont en péril.
Par conséquent, de nombreuses activités dont dépend la vie quotidienne des familles habitant dans les zones côtières sont sans cesse menacées. L’heure est à l’action et aux résolutions effectives. C’est afin de trouver des solutions au plus vite et de renforcer les programmes déjà établis que la Conférence plénipotentiaire pour l'adoption et la signature du protocole relatif à la Gestion intégrée des zones côtières (GIZC) est organisée à Antananarivo.
« Le protocole ne devrait pas être seulement un document en papier, mais doit être traduit en action concrète. Il a pour but de marquer les avancées cruciales dans notre quête pour préserver nos zones côtières. Un enjeu vital qui transcende les frontières et unit nos destinées. Les côtes sont des écosystèmes confrontés à des défis. Il y a par exemple la pression démographique, les assauts implacables du changement climatique, l’urbanisation. Chaque jour qui passe sans action représente un pas de plus qui nous dirige vers un précipice », a martelé la ministre de l’Environnement lors de l’ouverture de la conférence.
L’érosion de la mer emporte déjà des villages côtiers, surtout sur la côte ouest de l’île, comme il a été constaté dans la ville de Morondava par exemple. En effet, la disparition des barrières naturelles, dont les récifs coralliens et les mangroves, favorise l’avancée de la mer vers les côtes et réduit un peu plus chaque jour les côtes.
« Autrefois, il y avait un village de pêcheurs qui s’appelait Bevondro. Aujourd’hui, il est totalement effacé par la mer. Cela s’est passé en 1820. Un autre village qui s’appelait Nosimiantroka a également disparu quelques années plus tard. Actuellement, certaines plages larges de plusieurs kilomètres ont été réduites à une centaine de mètres. Les villageois n’ont pas d’autre choix que de se déplacer de plus en plus à l’intérieur des terres », selon le témoignage d’un chef de village situé à Morondava.
Ce phénomène n’est pas unique dans le monde. Plusieurs pays de l’océan Indien et d’Afrique sont la proie de cet engloutissement progressif des côtes par la mer.
En outre, selon toujours la ministre, « les participants doivent représenter leur pays respectif en tant qu’architectes d’un avenir où les côtes de nos planètes ne sont pas simplement des lignes tracées sur une carte, mais représentent des bastions de vie, de ressources et de résilience ».
Le protocole est une déclaration solennelle de notre engagement à élaborer des actions visant à restaurer tout ce qui a été détruit et érodé, mais surtout à sauver ce qui reste.
L’essence de la GIZC
La GIZC est née de la Convention de Nairobi sur la protection, la gestion et la mise en valeur de l'environnement marin et côtier. Il s’agit d’un arrangement régional de l'océan Indien occidental pour la gouvernance marine durable, adopté le 21 juin 1985.
Cette convention comprend quatre protocoles dont celui basé sur la protection des espèces, faunes et flores sauvages marines, la coopération dans la lutte contre la pollution marine en cas d'urgence, la lutte contre la pollution marine due aux sources et activités terrestres. Et le quatrième protocole concerne la Gestion intégrée des zones côtières.
La GIZC est la gestion des activités humaines aux fins d'une utilisation durable des ressources marines et côtières par le biais d'une gestion rationnelle et d'intervention technologique. Les efforts les plus récents sont la mise en œuvre du projet WIOLAB portant sur les activités terrestres ayant un impact sur les habitats côtiers et marins, ainsi que du Programme régional pour la gestion des ressources marines et côtières (ReCoMAP). Ils ont eu comme résultats l'émergence d'un consensus régional et une compréhension commune sur la nécessité d'une plateforme commune sur un cadre régional de la GIZC.
Nikki Razaf