Une scène pour le moins troublante a semé la panique à Antehiroka, hier aux environs de 6 heures du matin. Le domicile de l’ex-maire de la localité a été brusquement investi par six individus se présentant comme des membres des Forces de l’ordre, venus, selon leurs dires, procéder à une perquisition.
Mais très vite, le doute s’est installé. D’après une source proche de l’unité de la Gendarmerie en charge du dossier, ces hommes seraient bel et bien des militaires en service, mais n’auraient reçu aucun ordre officiel pour effectuer une telle opération. Un simple coup de bluff, orchestré sous couvert d’autorité. "Le mandat qu'ils ont présenté a été scanné", explique toujours l'information.
Une fois à l’intérieur, leur première initiative aurait été de s’emparer du téléphone portable que tenait l’ex-édile. Armés d’un seul pistolet automatique, ils auraient tenté d’imposer leur loi. Cependant, flairant l’irrégularité du mandat présenté, jugé “louche”, la victime a réussi à se faufiler dans un recoin de sa vaste cour pour alerter discrètement la Gendarmerie d’Ambohibao.
La réaction ne s’est pas fait attendre. En un rien de temps, les gendarmes étaient sur place. Alerté à son tour, le Fokonolona s’est rapidement mobilisé, convergeant en masse vers la demeure de l’ancien maire, dont le charisme et la popularité locale lui ont valu un soutien sans faille. La tension est alors montée d’un cran, au point que la foule a tenté d’appréhender les six individus de manière musclée.
Dans la confusion, quatre des suspects ont réussi à prendre la fuite in extremis, échappant à la colère populaire. En revanche, deux d’entre eux ont été maîtrisés sur place par les riverains avant d’être remis entre les mains de la Gendarmerie. « Sans l’intervention des Forces de l’ordre, ils auraient probablement été lynchés », confie la même source.
Face à des gendarmes lourdement armés de kalachnikovs, les deux militaires capturés n’ont opposé aucune résistance. Ils ont été placés en garde à vue dans les locaux de la Section de recherches criminelles (SRC) de Fiadanana, désormais saisie du dossier pour approfondir l’enquête.
Selon certaines indiscrétions, les mis en cause appartiendraient à un corps rattaché à une haute institution du pouvoir sortant, un détail qui soulève déjà de nombreuses interrogations.
Quant à la victime, elle s’est constituée partie civile et a été auditionnée au Toby Ratsimandrava. L’enquête suit son cours, dans un climat de méfiance et de spéculations, tandis que l’opinion s’interroge sur les véritables motivations de cette opération aussi illégale que risquée.
Franck R.








