Publié dans Société

Crise et désinformation - Les réseaux sociaux, principal espace de l’opinion publique

Publié le vendredi, 21 novembre 2025

L’exposition à la désinformation est généralisée. L’enquête nationale, intitulée « les réseaux sociaux et la stabilité démocratique à Madagascar : comprendre, prévenir et agir face à la désinformation», le confirme. « La crise politique et sociale de 2025 à Madagascar a révélé un basculement profond du paysage informationnel où les réseaux sociaux se sont imposés comme le principal espace de formation de l’opinion publique, supplantant largement les médias traditionnels », rapporte ladite étude, menée entre septembre et octobre dernier. 

 

Selon le rapport, Facebook et WhatsApp sont devenus des vecteurs principaux de discussion et de mobilisation, reléguant les médias traditionnels au second plan, surtout dans un contexte de défiance institutionnelle. Neuf personnes sur dix déclarent avoir été exposées à la désinformation, et dans près d’un cas sur deux, cela a conduit à un changement d’opinion. L’étude note aussi une forte présence d’émotions telles que la colère, la peur ou la méfiance. Elles coexistent cependant avec un noyau d’espoir et de lucidité. Ces tendances montrent l’émergence d’une « gouvernance émotionnelle » de l’espace public, où la viralité et l’affect prennent le dessus sur la vérification et l’expertise.

 

Transition vers une sphère publique numérique...

 

Publié par Peak Business Partner, le rapport d’expertise a été conduit par le Dr Fabrice Lollia, docteur en sciences de l’information et de la communication et chercheur associé au laboratoire DICEN - Ile-de-France (Université Gustave Eiffel). Il explore non seulement les interactions des usages numériques, émotions et perceptions pour façonner la compréhension de la crise et le rapport des citoyens à l’information. L’étude démontre que la crise de 2025 n’est pas seulement politique. Elle marque aussi une transition vers une sphère publique numérique, décentralisée et émotionnelle, dans laquelle les récits circulant sur les plateformes redéfinissent la confiance publique. « Cette étude confirme qu’à Madagascar, la bataille de la stabilité démocratique se joue autant dans l’espace numérique que dans les institutions. La gouvernance de l’information devient un enjeu central de souveraineté », confirme le Dr Lollia.

 

Outre l’état des lieux, le rapport propose également une feuille de route structurée autour de 4 axes. Il recommande la création d’une gouvernance nationale de l’information, le renforcement de l’éducation critique et la culture numérique ainsi que l’établissement d’une souveraineté technologique. Faire de la confiance numérique un levier de stabilité et de développement constitue aussi un axe. Quoi qu’il en soit, la récente crise ne signe pas un effondrement, mais une transition : celle d’une société cherchant à redéfinir sa relation à la vérité, à la confiance et au vivre-ensemble à l’ère numérique.

 

Recueillis par P.R.

 

Cette expertise indépendante s’appuie sur une enquête nationale menée auprès de 253 citoyens connectés, et complétée par 42 contributions qualitatives. Il s’agit de l’une des premières études scientifiques analysant l’impact réel des réseaux sociaux sur la perception de la crise socio-politique malagasy. Peak Business Partner met ce rapport à la disposition du Gouvernement, des organisations internationales dont l’Union africaine, les Nations unies, la Banque mondiale, l’OIF, le PNUD, le GIZ, ainsi qu’à des acteurs du secteur privé.

 

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Editorial

  • Logique des faits
    La CENI change de main. Andrianarisedo Dama cède la place à Rakotonarivo Thierry. En effet, poussé par la logique des faits qui prévalent en ce moment, l’ex- président de la Commission électorale nationale indépendante Andrianarisedo Dama admet lui-même que son départ de la tête de l’institution relevait d’une évidence … inévitable ! Rakotonarivo Thierry, administrateur civil de son état et vice-président nouvellement élu de la CENI, succède ainsi à Andrianarisedo Arsène Dama Retaf, magistrat de carrière qui, en fait, a présenté sa démission. Les postes des membres du bureau permanent ont aussi subi des changements de titulaire. En gros, un grand remue - ménage s’effectue au sein de cette entité en charge des élections et de référendum à Madagasikara. Un changement « exigé » par le vent nouveau qui souffle depuis les manifestations des jeunes du 25 septembre. Etant membre désigné pour le quota du Président de la République à…

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