Ambiance de folie
On ne se privait pas de danser, de siffler, de crier haut et fort, de se féliciter ou même de faire des photos de groupe, tout était permis pour montrer la ferveur et à quel point les gens sont heureux. Ambiance de folie était ainsi au programme, et ce, quelques heures avant l’arrivée de l’avion emmenant l’équipe. A 15h30 , le bourdonnement de l’avion commençait à se faire entendre. Tout le monde cherchait une place pour mieux voir les membres de l’équipe descendre de l’engin. « Voilà Carolus, voilà Melvin, waouu Voavy Paulin…m** Rakapy et encore Mombris », des cris de joie s’entendaient même à Talatamaty et chacun était fier d’avoir enfin vu son joueur préféré en face et non plus à la télévision. L’équipe et tout le staff ont même pris quelques heures pour pouvoir atteindre leur bus. La foule était tellement déchainée et folle, au bon sens du terme, d’avoir vu ses idoles que tout le monde ne voulait pas bouger de là où il était avant d’avoir touché la main des Barea. Mais pas de chance pour certains car le bus partait enfin de l’aéroport pour aller rejoindre la destination finale, Mahamasina.
Des joueurs cool !
Les bus les transportant ont mis plusieurs heures pour sortir de l’aéroport. Sur les routes, des fans saluent l’équipe. Des cris de remerciement ont été entendus et même des déclarations d’amour de la part des jeunes filles. Mais les joueurs ne pouvaient pas sortir au risque de se faire arracher leurs mains, ils se sont contentés de coucous et des petits bisous avec un geste de la main. Faneva Ima – assis sur le devant – enthousiaste et heureux, ne se privait pas de faire des selfies malgré la foule et de signer des autographes sur des ballons et tee-shirts des fans. Melvin, l’adoré de tous, était assis derrière et la voiture qui le transportait était la plus suivie. D’Ivato en passant par la nouvelle route de Tsarasaotra, Alarobia, Ankorondrano, Analakely et Ambohidahy, des voitures ornées de logo des Barea et des posters de l’équipe et une foule immense attendaient impatiemment le passage de l’équipe. Beaucoup ont même attendu des heures pensant que le cortège passerait plus vite, mais malheureusement, le bouchon causé par le public a retardé le trajet. L’équipe des Barea n’était arrivée ainsi à destination que très tard, vers 23h, mais les fans les ont attendus avec sagesse et fierté.
Melvin : « Je suis déjà marié » !
Mais encore pendant le trajet Ivato – Mahamasina, deux filles se sont apparemment évanouies en voyant le beau gosse de la CAN, Adrien Melvin. Celui qui a marqué cette participation de l’équipe malagasy à la compétition sportive car il a été le joueur le plus apprécié, notamment sur le plan professionnel qu’humain. Les visages des jeunes filles étaient peints du numéro 23 et elles étaient munies de maillot portant le numéro 23, avec des grands posters du gardien de but. Malheureusement, ce jeune homme « crush » des jeunes filles malagasy a lancé un message sur facebook : « Pour toutes les filles qui sont à fond sur moi, il ne faut pas, je suis déjà marié ! », lance-t-il avec un grand sourire en montrant sa bague.
Les petits commerces en profitent
Chacun essaie d’en tirer profit et ce suivant sa manière. L’accueil des Barea a généré plusieurs activités rapportant de l’argent. Les alentours de l’aéroport international d’Ivato ont été envahis par des personnes vendant des goodies Barea tels que des sifflets ,vuvuzela, autocollants et drapeaux.
Les autocollants ont été vendus entre 100 ariary à 5000 ariary le format A4. Ils ont été soit collés sur les véhicules, soit appliqués directement au niveau du visage. Quant aux sifflets, les vendeurs les ont cédés entre 500 à 1000 ariary l’unité. Le mini drapeau a été l’article le plus vendu, indique un marchand ambulant. « J’en ai apporté une centaine et en moins d’une heure, je les ai tous vendus. Il peut servir de décoration à la maison et peut être même réutilisé au cours d’un autre événement de même envergure » explique Rasoa, une vendeuse de drapeau. Actuellement, même sans avoir rencontré les joueurs, je peux rentrer tranquillement avec les poches remplies, rajoute-t-elle en riant.
Outre les goodies, la vente des articles vestimentaires a également explosé. Toutes les personnes étaient vêtues de maillots, tee-shirts, polos, casquettes et sweat portant le logo et le nom des Barea. Des investissements ont eu lieu avant la journée. « Afin de réserver un accueil chaleureux à notre équipe, montrons que nous sommes ensembles et que nous les supportons en portant leur image. Nous sommes quatre dans la famille, et à part les deux maillots officiels achetés au début de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), nous avons commandé 4 autres tee-shirts. Afin d’être bien habillés à cette sortie, nous avons alloué un budget d’environ 100 000 ariary » indique un supporteur des Barea.
« Notre commerce ne s’est pas arrêté au lendemain de leur défaite au quart de finale de la Coupe d'Afrique des nations 2019 en Egypte. Au contraire, le nombre de commande de tee-shirt a doublé voire triplé. La livraison se poursuit ainsi jusqu’à la fin de ce mois. Depuis le lancement de cette production vestimentaire, nous gagnons pas mal d’argent. Et actuellement notre petit commerce s’est transformé en une petite entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication de tee-shirts », raconte un jeune entrepreneur.
Les taxi-be ont été introuvables
Des milliers de citoyens malagasy et plusieurs étrangers supportant notre équipe nationale les Barea sont venus en masse pour accueillir leurs héros samedi dernier. Les voitures particulières ont été innombrables mais pour ceux qui n’en disposent pas, ils ont été contraints de recourir au service des transports en commun. Toutefois, les taxi-be ont disparu de la circulation au moment où les usagers en ont plus besoin.
La ligne D reliant 67ha et Ivato restait insuffisante. « Faute de transport en commun, la marche à pied est beaucoup plus rapide et reste la meilleure solution», témoigne un père de famille qui est venu avec ses deux garçons.
En outre, les bus desservant Ambohimanarina et Ambohibao ont pris également une pause, du moins c’est ce que les usagers ont constaté. « Je suis partie de Tsimbazaza pour rejoindre l’aéroport international d’Ivato vers 10 heures. Pour échapper aux embouteillages au niveau de la route Digue, j’ai prévu de prendre le bus à Antanimena afin d’emprunter le trajet d’Ambohimanarina à Ambohibao. Mais malheureusement, j’avais complètement tort d’avoir pris cette décision. Ainsi, je me suis rendue à pied pour ne pas perdre du temps » raconte Domoina, une jeune femme âgée vingtaine d’années.
Des taxis-be en location et privatisés
Joindre l’utile à l’agréable. Telle a été la réponse d’un propriétaire de quelques taxis-be qui a mis en location vers Ivato tous ses véhicules. D’après les informations recueillies sur place, les familles nombreuses, les groupes de personnes et les petites communautés ont eu recours au service de location .« Notre voiture ne peut pas contenir toute la famille. Petits et grands, hommes et femmes veulent y aller d’où cette dépense » affirme Nirina, une des personnes venues accueillir les Barea à l’aéroport. « Nous voulons être ensemble dans une ambiance privée pendant ce moment historique de Madagascar » avoue Rija, un habitant d’Ankazomanga.