Publié dans Culture

Johasina - Un chanteur en quête de célébrité

Publié le mardi, 19 septembre 2023

La Grande île regorge de nombreux jeunes talents et de stars en éclosion. Aujourd’hui, la Rédaction vous dresse le portrait d’un jeune chanteur qui est tombé dans la musique depuis son enfance. Johasina a voulu sortir de sa bulle depuis ses 13 ans. En effet, il s’est très vite passionné par la musique, et plus particulièrement le chant. Quoi de plus normal pour un homme qui a grandi dans une famille de musiciens.

La Vérité (+) : Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu te présenter ?

Johasina (-) : « Je suis un auteur-compositeur. Mon nom d’artiste est Johasina et je viens de sortir mon premier album intitulé « Tsy revin-gadra intsony ». J’ai sorti cet album il y deux semaines. Je vais bientôt faire quelques concerts pour le faire vivre et le faire connaître ».

(+) : Peux-tu nous parler de ton parcours musical ? 

(-) : « Mon parcours artistique est un peu chaotique. Et avec le recul, je me rends compte que ça l’est toujours. Tout ceci a débuté autour de mes douze ans, peut-être un peu avant. Mais je commençais réellement à avoir mes propres goûts musicaux à cet âge-là. J'avais l'habitude de consommer sans modération la discographie de quelques groupes et chanteurs comme Kyo, Coldplay, Jamie Cullum, John Mayer, Jason Mraz et John McLauglin. J’ai eu un passage assez marqué dans le rock et le métal vers mes 13 ans grâce à des groupes comme "Bullet For my Valentine" ou "Avengeds even fold" qui m’ont fait retourner le cerveau, littéralement. En parallèle, je prenais des cours de guitare classique à Ampefiloha, au CNEM. Par la suite, mon style a bien évolué et j’ai commencé à beaucoup m’intéresser à la musique afro-américaine. J'étais aussi dans un environnement qui pousse inexorablement à aimer cet art. Par ailleurs, ma famille, notamment mon père et mon oncle sont des guitaristes, chanteurs et auteurs-compositeurs. Les réunions de famille finissaient toujours par un karaoké ! Grâce à toutes ces influences bienveillantes, l’envie d’aller plus loin dans la musique a mûri en moi jusqu’à ce que je m’immerge totalement dans cet art. C'est à l'âge de quatorze ans que j'ai franchi une première étape en composant et en écrivant mes propres chansons ».

(+) : Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir un artiste, un chanteur ? 

(-) : « Ce processus a été long. Initialement, je n'ai pas réellement eu de révélation suite à laquelle je me suis dit : je veux devenir un artiste. Au contraire, j'ai voulu d'abord, comme tout gamin de 12 ans, devenir pilote, astronaute, médecin, pompier, agent secret, police et le tout en même temps. Mais l’idée de devenir artiste m’est venue plus tard. Ce rêve a germé et évolué de manière naturelle et improbable. Lorsque je commençais à maîtriser la guitare et à en jouer, on me demandait souvent de chanter en malagasy car je jouais fréquemment des morceaux en anglais. Le problème était que je ne parvenais pas à m'identifier pleinement aux genres musicaux malagasy que j'entendais à la radio ou que je voyais à la télévision si bien que j'en maîtrisais peu. Pendant mon adolescence, j'étais davantage attiré par la culture musicale américaine et le pop rock français. C'est alors que j'ai décidé de composer des chansons en malagasy, en m'accompagnant des genres musicaux que j'appréciais, simplement pour les interpréter devant mes amis. 

Par la suite, j'ai réalisé que le fait de créer et de composer me plaisait énormément. L'un des moments que j'apprécie le plus dans le processus de création est le moment où je me rends compte que la mélodie, les paroles et ma guitare collent parfaitement et de là, je commence à imaginer ce que cela donnerait en studio, lors des concerts et du tournage d’un clip. De plus, j'ai toujours évolué dans un environnement familial empreint de création artistique. Je suis issu d'une famille de compositeurs et d'artistes, si bien que lors des réunions familiales, nous ne faisions que chanter, danser, et du karaoké jusqu'à l'aube. J'espère que grâce à ma musique, je pourrai contribuer à l'enrichissement de la scène musicale malagasy, offrant ainsi à tous les mélomanes une proposition à laquelle ils pourront s'identifier et se dire : En fait c'est possible ! Je vais l'imiter et faire mieux. Je pense que c'est ça la définition de réussir pour un artiste : réussir à inspirer et à motiver ses auditeurs ».

(+) : Quel était le déclic qui t’as motivé à devenir un véritable chanteur et quel est le titre et le thème de la première chanson que tu as composés ?

(-) : « Avec mes camarades de classe au lycée Saint François Xavier à Antanimena, on a créé un groupe du nom de "First Truth". Nous avons lancé notre tout premier single intitulé "Christmas Day" qui était ma première composition à passer à la radio. Un jour qui restera gravé dans la roche comme dirait l’autre puisqu’au moment où l’animateur avait lancé le morceau, j’ai ressenti une joie intense comparable à celle de Chris Gardner dans le film "A la poursuite du bonheur". Par la suite, j'ai formé un nouveau groupe, baptisé "Rai'ian", avec mes amis d'Ambohimahitsy. Cette expérience m'a offert l'opportunité de continuer à parfaire mon écriture avec de nouvelles perspectives et d'enregistrer plusieurs morceaux, grâce aux goûters économisés durant des semaines, dans le studio Peyco d'Ambondrona, un lieu emblématique pour de nombreux musiciens de ma génération. Une de mes plus grandes fiertés de l’époque a été que ma chanson "Ampy ahy" a attiré l'attention du talentueux chanteur Nija, qui l'a ensuite interprétée avec maestria. J’ai eu l’impression de vivre un moment digne des films hollywoodiens ». En 2016, j'ai pris la décision de poursuivre mes rêves en solo en commençant par sortir plusieurs singles tels que "Fahatsiarovana", "Andao hihaona", "Miverena", "Papango", "Aza mangarika", "Omeo fijery mamy" et ayant abouti aujourd’hui à la réalisation d’un album ».

(+) : Parmi tes influences musicales, tu citerais qui ?

(-) : « La culture musicale afro-américaine m'a toujours attiré grâce aux films biopic, aux clips ainsi qu’aux concerts de James Brown, Ray Charles, Michael Jackson, John mayer, Marvin Gaye, George Benson, Sam Cooke, Aretha Franklin,... Je me suis toujours demandé comment est-ce possible de chanter, de danser, de jouer de cette manière ? Moi aussi, je veux faire comme eux ! Si je devais la décrire, je dirais que ma musique est en tonalité de soul avec des gammes empruntées au jazz, au blues, au folk, au funk et à la musique pop. Cette fusion de styles musicaux constitue la palette à partir de laquelle j’écris, compose et crée ma musique. En 2020, le titre "Revin-gadra" est nominé au RDJ Mozika pour la "Chill music" de l'année ».

(+) : Qu’as-tu voulu exposer avec « Tsy revin-gadra intsony » ?

(-) : « Je suis convaincu que nous ressentons tous ce désir ardent d'immortaliser les moments merveilleux et de capturer les meilleurs instants de notre vie, afin de les préserver à jamais. C'est peut-être pour cela que chacun possède aujourd'hui un appareil photo à portée de main afin de ne rien laisser passer et des albums photos en papier qui sont toujours en vogue. Je crois que c'est l'une des raisons du succès des réseaux sociaux. Comme tout un chacun, je nourris cette aspiration brûlante que j'exprime à travers la musique. Pour moi, la réalisation de cet album représente une occasion précieuse d'immortaliser ces dernières années grâce à la musique. J'ai voulu raconter une histoire inspirée d’émotions réelles : mes craintes, ce qui me rend heureux, mes rêves, et ce, sur une toile musicale élaborée à partir des rythmes, d'instruments et de mélodies qui me sont propres ».

(+) : Pourquoi avoir choisi comme pochette « Tsy revin-gadra intsony » ?

(-) : « J’ai toujours voulu faire un album depuis tout petit, faire un CD, écrire une histoire et la chanter, mais il m’a fallu beaucoup de temps avant d’être prêt à en faire. C’était un peu avant la Covid-19 que j’ai eu le déclic, et je ne saurais pas l’expliquer. C’est à ce moment-là qu'une image s’est dessinée dans ma tête, le titre l’album était une évidence. En effet, je me suis toujours demandé, même aujourd’hui : si, à l'âge de douze ans, j'avais eu accès à une boule de cristal me permettant de voir ce que je suis devenu aujourd'hui, serais-je fier de moi- même ? Je souhaite honorer les rêves que j'ai nourris à cette époque et prouver à moi-même qu’ils n'étaient pas que de simples chimères. Lorsqu'une personne rêve et aspire à quelque chose qui semble inaccessible, on lui dit souvent  " manao revin-gadra lety". D’ailleurs, on me l’a souvent dit. Grâce à cette œuvre, j'espère pouvoir susciter la fierté de cet enfant plein d'espoir et de rêves. Et si un jour, nous parvenons à voyager dans le temps, j'aimerais me revoir à 12 ans et lui dire : " Tsy revin-gadra intsony letsy a. Keep going, ne lâche rien, continue de rêver ! ". J'espère aussi pouvoir encourager ceux qui me suivent et m’écoutent afin de poursuivre leur rêve jusqu’au fin fond de l’espace s’il le fallait, car le fait d’honorer ses rêves et ses envies est la plus belle preuve d’amour qu’on puisse faire à soi-même. La bible nous dit : "Tu aimeras ton prochain comme toi- même". Pour moi, il est donc très important de s’aimer pour pouvoir aimer son prochain. Mon album est sorti le 8 septembre dernier sur toutes les plateformes de streaming musicaux et en physique, en CD et par clé USB. Tout le monde peut déjà précommander l’album en m’envoyant un MP sur ma page Facebook ou un DM sur mon profil Instagram. Attention, les stocks sont extrêmement limités ! ».

(+) : Pourrais-tu raconter un peu plus sur l’élaboration de ton premier album ? 

(-) : « Vous découvrirez neuf titres dans l’album. L’agencement des morceaux, leurs titres, les textes ainsi que les grooves ont été travaillés afin de décrire les différentes étapes lorsque chacun de nous poursuit un rêve ou un objectif. Tout commence par le désir. Viennent ensuite l’effort, et éventuellement et très souvent l’échec. Puis, on se relève et on continue à bosser jusqu’à ce qu’on atteigne notre objectif. L’étape finale, qui est la plus importante selon moi est la gratitude et le remerciement envers Dieu. J’ai eu la chance de collaborer avec Jaws Band et Krutambull, des artistes qui ont déjà marqué plusieurs générations. J’ai beaucoup aimé travailler avec eux car en plus d’être bourrés de talents, ils ont le truc, je ne sais pas le décrire, mais "you feel it" comme le disent nos amis américains ».

(+) : Tu nous as parlé de la scène, quelles sont tes dates de concert à venir ?

(-) : « On est en pleine préparation en ce moment pour les dates. Parmi celles que je peux annoncer, il y aura ce vendredi 29 septembre à La Teinturerie Ampasanimalo, le samedi 7 octobre à Antsirabe. Le 14 octobre, je reviendrai dans la Capitale, au Sambalia, et enfin le 9 novembre prochain à Paris ».

 

Si.R

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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