Publié dans Dossier

Représentant résident de l’UNICEF à Madagascar - « L’apprentissage à distance, une bonne alternative »

Publié le jeudi, 11 juin 2020


Selon Michel Saint-Lot, représentant résident du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) à Madagascar,  ce mois de juin, mois de l’enfance, nous rappelle à tous nos obligations envers les enfants pour qu'ils puissent jouir de tous leurs droits. En ces temps de confinement, le mois de l’enfance appelle à la vigilance des familles, de la communauté et des décideurs afin d’assurer la protection et le bien-être des enfants, et de prévenir les risques de violence, d’exploitation, d’abus sexuel et de stress psychique et émotionnel.  Dans cette interview exclusive, il va livrer quelques détails que la population malagasy doit savoir sur la promotion des droits des enfants malgré la pandémie.

La vérité (+) : A quelle responsabilité renvoie- t-il le mois de l’enfance en cette pandémie à Madagascar ?
Michel Saint-Lot, représentant résident de l’UNICEF à Madagascar (-) : Au cours du mois de l'enfance, de nombreux enfants et leurs familles souffrent à cause de la pandémie de Covid-19. Dans un pays où de nombreuses familles éprouvaient déjà des difficultés avant l'arrivée du coronavirus, la pandémie a accru les défis auxquels les familles sont confrontées dans la gestion de leurs maigres ressources financières et celle de l'anxiété et de l'incertitude liées à l'avenir. C’est aussi le mois de la fête des mères, de la fête des pères, et au fur et à mesure que nous traversons cette période difficile, ce sont les liens familiaux, l’amour, le soutien, la solidarité, le partage et le courage qui donnent de la force. L'UNICEF mène une campagne d'informations sur le coronavirus afin que les parents sachent se protéger et protéger leurs familles, parler aux enfants de la Covid-19 et les rassurer sur le fait que cette période va passer. A Madagascar et dans le monde, l'UNICEF s'efforce de répondre à quatre priorités clés en commençant par la préservation des enfants en bonne santé physique et mentale et bien nourris. Il est également de notre ressort d’assurer l’accès à l'eau, aux services d'assainissement et à l'hygiène. Nous faisons en sorte que les parents scolarisent leurs enfants. Nous intervenons  également dans l’aide des familles à couvrir leurs besoins et à prendre soin de leurs enfants.
(+) : Quelle meilleure décision faut-il  prendre concernant la scolarisation des enfants malagasy ?
(-) : La scolarisation est le meilleur moyen d’assurer un accès équitable à tous les enfants de Madagascar. Cependant les conditions sanitaires doivent être respectées afin d’assurer la sécurité des enfants, des enseignants et de toutes les personnes qui participent à l’école. Si ces conditions ne sont pas réunies, l’apprentissage à distance est une bonne alternative. Pour être efficace, il doit être accompagné au sein de la famille afin que l’enfant se sente soutenu. Des plages dédiées à l’apprentissage doivent être instaurées et respectées et les parents ou tuteurs doivent être disponibles pour s’assurer que l’enfant comprend et progresse. Les moyens d’éducation à distance sont divers : les émissions de radio et de TV ainsi que les sites internet spécialisés et les documents papiers d’auto-apprentissage. La diversification des moyens, quand elle est possible, est la meilleure alternative, à supposer que les différents supports soient complémentaires et adaptés aux besoins de tous les enfants, y compris les enfants en situation de handicap. Le plus important est que l’enfant garde un contact avec l’école et qu’il soit motivé et prêt aussitôt que le retour en classe redevient possible.
(+) : Outre l’éducation, quels sont les droits de l’enfant oubliés face à la pandémie de Covid-19 ?
(-) : Le droit des enfants à la protection contre la violence, la négligence, l’exploitation et le mariage d’enfants risque fortement d’être oublié. Pendant le confinement, il y a un fort risque d’augmentation de la prévalence de la violence et d’exploitation envers les enfants. La pandémie de Covid-19 peut rapidement modifier le cadre de vie des enfants. Des mesures de confinement perturbent les rythmes et le soutien social des enfants et peuvent les exposer à la détresse psychologique. Le confinement présente également des facteurs de stress supplémentaires pour les parents et les personnes qui s’occupent des enfants, ce qui peut exposer davantage les enfants à la violence. Le confinement en soi entraine aussi plus de risque d’abus sexuel des enfants. Les enfants risquent d’être séparés de leurs parents en cas de maladie de ces derniers. En même temps, l’accès à la Justice et aux services de prise en charge des victimes est perturbé. Les intervenants sociaux qui offrent un appui psycho-social aux enfants à risque ou victimes sont moins en mesure de se déplacer à cause du confinement et manquent parfois des matériels protecteurs nécessaires. La précarité socio-économique des familles peut également accroître les risques pour leur protection en entrainant des stratégies d’adaptation négatives comme le mariage d’enfants ou le travail des enfants, y compris le travail domestique ou la mendicité, lorsque les parents n’arrivent plus à subvenir aux besoins de leurs familles.  Il y a également un risque d’abandon des enfants par des parents dans cette situation. Bien que les services d’état civil soient maintenus, le confinement rend plus difficile les déplacements des parents pour enregistrer leurs enfants.
La pandémie de Covid-19 a aussi un impact sur les enfants en conflit avec la loi. Ils risquent de rester en prison plus longtemps que prévu à cause des services réduits des tribunaux. Dans les prisons, ils sont à risque d’attraper le coronavirus  à cause de la surpopulation carcérale, il est difficile de respecter les mesures de distance, et les dispositifs de protection (lavage de mains, masques) ne sont pas suffisants.   Avec la pandémie de Covid-19, les enfants détenus courent davantage le risque de subir des violences car, faute de place disponible dans ces établissements, ils sont mis en quarantaine avec des adultes, ou dans d’autres cas les quartiers des mineurs sont utilisés pour la quarantaine et tous les enfants sont mis avec des adultes.
(+) : Quelles sont les pratiques qui persistent  actuellement à détruire un enfant au  niveau de la société malagasy?
(-) : En temps normal, 89% des enfants malagasy subissent de la discipline violente dans leurs foyers. 40% des femmes sont mariées avant l’âge de 18 ans (12% avant 15 ans). 47% des enfants travaillent – soit dans les activités économiques soit en faisant plus d’heure de ménage que ce qui est approprié pour leur âge. 32% des enfants sont impliqués dans du travail dangereux. Bien que les chiffres ne soient pas disponibles, l’exploitation sexuelle, y compris dans le domaine du tourisme, est courante à Madagascar. Le  recours systématique à la détention des enfants en conflit avec la loi, malgré les normes internationales ainsi que la loi nationale 2016-018 qui privilégie des alternatives à la détention pour les enfants, reste  toujours d’actualité. Il en est de même pour l’accès à la justice limitée pour les enfants. Selon l’étude nationale en 2018 sur la violence à l’encontre des enfants à Madagascar, la plupart des cas, y compris de violences sexuelles, sont traités à l’amiable et au sein de la famille et de la communauté. Le manque de connaissance sur les droits et les mécanismes de protection disponibles, le coût financier, l’éloignement des juridictions et le manque de confiance dans le système judiciaire, ainsi que le désir de maintenir la cohésion sociale, tous ces facteurs contribuent au faible recours au signalement des cas de violence.  
(+) : Quelles sont les perspectives de l’UNICEF pour y remédier ?  
(-) : Premièrement, l’UNICEF appuie depuis des années le renforcement du cadre normatif national ainsi que le système de protection en vue de la pérennisation des actions de protection, y compris l’élaboration de la stratégie nationale de lutte contre le mariage d’enfants et le programme national pour l’amélioration du système de l’Etat civil ainsi que leur mise en œuvre. Aussi, nous priorisons le processus participatif d’élaboration d’une telle stratégie multisectorielle pour servir de cadre de référence pour le secteur. Le domaine du travail social n’est pas encore reconnu comme statut professionnel dans le secteur public. L’UNICEF contribue dans  l’élaboration, l’amélioration et la mise en œuvre des lois sur la protection de l’enfant, y compris les mesures alternatives à la détention pour les enfants en conflit avec la loi.
 Deuxièmement, nous  soutenons les services de signalement et de prise en charge, et l’amélioration de leur qualité. A cela s’ajoute le fonctionnement de la ligne verte 147, laquelle est disponible gratuitement pour signaler des cas de violence et d'exploitation envers les enfants dans toutes les Régions de Madagascar. Il en est de même pour les 6 « Centres Vonjy » qui prennent en charge  les enfants victimes de violence sexuelle. La prise en charge des enfants sans soins parentaux ou à risque de violence ou exploitation constitue une de nos missions importantes y compris la mise en place et fonctionnement des centres d’accueil d’urgence.
Troisièmement, afin de prévenir la violence et l’exploitation sexuelle et économique des enfants, l’UNICEF maintient les actions visant des enfants, et le renforcement de leurs connaissances, capacités, compétences à travers des clubs d’élèves, cours de compétences de vie, formation professionnelle ainsi que  des familles, à travers des programmes d’éducation parentale, un appui socio-économique, une sensibilisation des communautés pour la bientraitance des enfants et la promotion du signalement des cas
Propos recueillis par K.R.

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Editorial

  • Un phare
    « Je voudrais être un phare qui voulais illuminer les démunis et leur apporter la lumière », telle est la déclaration, érigée en confession de foi, de Harilala Ramanantsoa, porte étendard n° 7 de l’IRMAR – UPAR aux communales et municipales d’Antananarivo-Renivohitra prévues le 11 décembre prochain. A l’issue d’un culte d’action de grâce et de louange au temple du Palais de Manjakamiadana, Harilala Ramanantsoa répond à la question des confrères pourquoi a-t-elle choisi ce site historique pour organiser un culte qu’elle devait déclarer ainsi. Qu’est-ce qu’un phare ? Le Robert le définit en ces termes « une tour élevée sur une côte ou sur un îlot, munie à son sommet d’un feu qui guide les navires ». Sur un véhicule, c’est un feu à longue portée pour offrir la meilleure visibilité la nuit au conducteur.

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