Opérationnelle depuis le mois d’avril de cette année. La ligne d’urgence 813 reçoit quotidiennement plusieurs appels de signalement des violences sous toutes ses formes, touchant à la fois les enfants, les femmes, les hommes, les homosexuels et les transgenres. Les statistiques en disent long sur la persistance des violences à Madagascar, notamment depuis la crise sanitaire liée au coronavirus. « Depuis la mise en place de la ligne d’urgence 813, plus de 4 000 appels ont été reçus. La majorité des appelants signalent, dénoncent ou se plaignent des violences psychologiques, économiques, physiques et sexuelles », rapporte Rova Rabetaliana, directeur général de la Promotion de la femme (DGPF) auprès du ministère de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la femme (MPPSPF). Les 6 intervenants sociaux et éléments de la Brigade féminine de proximité, dépêchés quotidiennement derrière cette ligne d’urgence, ne chôment pas. D’ailleurs, plus de la moitié des appels se composent de canulars téléphoniques. « Cette situation bloque ceux qui ont vraiment besoin d’écoute, d’assistance et d’orientation. Ceci d’autant plus que les intervenants ne peuvent pas leur raccrocher au nez », se désole le DGPF.
Un psychologue mobilisé
La perte d’emploi et le chômage technique engendrés par la pandémie constituent les principales causes de la recrudescence des cas de violence, notamment au niveau conjugal. Outre la confiscation de salaire de leurs épouses, d’autres hommes qui travaillent gardent leur paie et en privent leurs foyers. Cette forme de violence économique reste la plus courante. Bon nombre de victimes préfèrent parler de leur calvaire aux intervenants de la ligne d’urgence 813 pour obtenir des conseils et se soulager. D’ailleurs, le MPPSPF et ses partenaires ont engagé un psychologue afin d’assurer le soutien des victimes qui en ont besoin. D’après notre source, les intervenants sociaux sélectionnent les victimes qui ont besoin d’accompagnement psychologique, en considérant leur cas respectif. Le psychologue intervient à travers des appels téléphoniques. Les victimes accompagnées ne déboursent aucun sou ni de crédit téléphonique puisque les prestations leur sont assurées gratuitement. Faut-il rappeler que le fait de briser le silence, à travers les signalements, est indispensable pour stopper la violence. Cela inclut la lutte, la prise en charge, la répression et l’accompagnement psycho-social des survivants.
Plusieurs activités au programme
« Brisons le silence, stop à la violence ». Tel est le thème de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, célébrée hier. Une cérémonie y afférente s’est tenue hier au parvis de l’Hôtel de ville à Analakely, marquant également le lancement de la campagne des 16 jours d’activisme pour renforcer la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). Outre la série de discours, une vente-exposition initiée par les survivantes dotées d’activités génératrices de revenu s’est tenue dans le lieu de la célébration. Des sensibilisations contre les viols, des offres de service de prise en charge en matière de santé ainsi que diverses animations ont également été au rendez-vous. Ceci pour accroître la prise de conscience et les connaissances de la population sur le phénomène de VBG, d’une part et pour témoigner un soutien significatif envers les membres de la communauté contribuant dans cette lutte, de l’autre. La célébration d’hier à Analakely a également été marquée par le show avec la slameuse Joey Aresoa, démontrant le calvaire et les appels de détresse des victimes de violences, ainsi que la force et le courage des femmes au quotidien.
Réalisé par Patricia Ramavonirina