Suite au fait que Madagascar se trouve au cœur d'une controverse internationale liée à l'exportation de sa vanille vers l'Union européenne (UE), le Gouvernement vient de prendre les mesures adéquates lors du premier Conseil des ministres du gouvernement collégial hier. En effet, cette situation découle de la récente réglementation de l'UE limitant le taux maximal de nicotine dans la vanille, une décision qui pourrait entraver sérieusement l'industrie de la vanille. Suite à une réunion conjointe des ministères concernés et du commissaire européen à la santé et la protection des consommateurs, Madagascar a pris une position ferme contre cette nouvelle règle. En août 2023, le Conseil des ministres a officiellement rejeté la réglementation de l'UE, numérotée 2023/377, qui devait entrer en vigueur le 15 septembre 2023. Cette réglementation fixait des limites maximum de résidus (LMR) pour la nicotine dans la vanille disponible à la vente sur le marché de l'UE. Cependant, près de 60% de la vanille produite à Madagascar dépasse ces limites. Ce qui signifie que si la réglementation est appliquée, Madagascar ne pourrait plus exporter sa vanille vers l'UE. Le rapport de la réunion conjointe a révélé plusieurs points clés dont l’extension de la période de mise en œuvre pour Madagascar. Et le Conseil des ministres a réussi à obtenir une extension de la période de mise en œuvre de la réglementation pour Madagascar. Contrairement à la date initiale du 15 septembre 2023, Madagascar bénéficiera d'un délai supplémentaire jusqu'en janvier 2024 pour se conformer à la réglementation, préservant ainsi sa capacité d'exportation. Ainsi, chaque pays membre de l'UE aura la possibilité de proposer des modifications aux limites de nicotine dans la vanille (LMR). L'Autorité de santé de l'UE (EFSA) examinera ces propositions. Et si elles sont jugées sans risque pour la santé des consommateurs européens, elles pourront être mises en œuvre. Le Parlement européen approuvera ces recommandations en janvier 2024. D’ailleurs, les autorités ont ainsi créé une "Task Force" chargée de préparer un dialogue approfondi avec les pays membres de l'UE ayant des ambassades à Madagascar tels que la France et l'Allemagne. Cette « Task Force » élaborera un document de demande de tolérance à l'importation pour la vanille malagasy, dépassant les LMR de l'UE, afin de permettre à Madagascar de continuer à accéder au marché européen. La situation reste tendue, mais Madagascar est déterminé à défendre son industrie de la vanille qui est essentielle pour son économie. Les mois à venir seront cruciaux pour déterminer si un compromis peut être atteint entre Madagascar et l'UE, permettant ainsi la poursuite des exportations de vanille malagasy vers l'Union européenne.
Hary Rakoto