Elle souligne particulièrement les stratégies de résilience climatique et insiste sur le rôle vital des forêts préservées qui contribuent non seulement à la réduction des émissions de carbone à l'échelle mondiale mais offrent également des avantages économiques concrets. Manuel Pulgar-Vidal, Global lead climat et énergie de WWF et président de la COP20, note que malgré l'absence de consensus sur l'élimination totale du charbon, du pétrole et du gaz, la décision d'abandonner progressivement les combustibles fossiles marque un moment clé.
Une lutte de longue haleine
Après des décennies de négociations climatiques à l'ONU, les pays semblent enfin s'engager sérieusement dans une transition énergétique radicale. Cet accord révolutionnaire adopté lors de la COP28 est un appel sans précédent aux pays du monde entier pour abandonner les énergies fossiles, soulignant l'urgence de lutter contre la crise climatique. Bien que salués, les engagements financiers pris par certains pays, notamment pour le fonds dédié aux pertes et dommages, ne suffisent pas à atteindre l'objectif global de 100 milliards de dollars destiné à soutenir les pays en développement dans leur combat contre les impacts du changement climatique. Madagascar, parmi les nations les plus vulnérables, insiste sur la nécessité de progrès rapides, en particulier en ce qui concerne l'admissibilité et les dispositions institutionnelles du fonds. Le Hub de l'adaptation en Afrique du WWF partage des expériences africaines et des meilleures pratiques dans la mise à l'échelle de solutions tangibles basées sur la nature.
Les bons élèves récompensés
Récemment, Madagascar a reçu un financement de 8,8 millions de dollars en crédits carbone, une récompense bien méritée pour avoir réduit de 1,76 million de tonnes d'émissions de carbone en 2020, selon la Banque mondiale. Ce succès positionne Madagascar comme le troisième pays d'Afrique, après le Mozambique et le Ghana, à être rémunéré par la Banque mondiale dans le cadre du programme REDD+ visant à lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts. Ce versement marque le premier d'une série de trois dans le cadre de l'accord de paiement de réductions d'émissions (ERPA) avec le Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF) de la Banque mondiale. Ce partenariat ambitieux devrait débloquer jusqu'à 50 millions de dollars pour réduire jusqu'à 10 millions de tonnes d'émissions de CO2 le long de la côte orientale du pays, réputée pour ses forêts pluviales, d'ici la fin de 2024. "Les réductions d'émissions, déclarées par le Bureau National de Changement Climatique et REDD+ (BNCCREDD+) de Madagascar, ont été validées et vérifiées par une tierce partie indépendante, soulignant la crédibilité de l'effort environnemental entrepris." Atou Seck, responsable des opérations de la Banque mondiale à Madagascar, félicite Madagascar pour avoir franchi toutes les étapes nécessaires pour ce premier paiement de l'ERPA. Il souligne l'importance vitale des forêts de l'Est de l'île qui offrent des services écosystémiques pour l'atténuation du changement climatique et la résilience.
Les menaces locales subsistent
La Grande île, l'un des huit principaux hauts lieux de la biodiversité mondiale, a une valeur écologique inestimable. Cependant, malgré des efforts de conservation considérables, les écosystèmes de la forêt orientale du pays sont menacés par des activités telles que l'agriculture à petite échelle, la production d'énergie, l'exploitation minière et l'exploitation forestière. Le programme de réduction des émissions couvre 10% du territoire malagasy, s'étendant sur près de 7 millions d'hectares de la forêt humide de l'Est du pays, abritant plus de la moitié des forêts pluviales riches en biodiversité de Madagascar. Il s'inscrit dans l'approche de gestion intégrée des paysages pour lutter contre les causes de la déforestation, tout en renforçant la conservation et la gestion communautaire des
forêts. La coordinatrice du BNCCREDD+, Lovakanto Ravelomanana, souligne que « Madagascar a mis en place un plan de partage des bénéfices avec les acteurs locaux et les communautés, assurant ainsi que ces derniers reçoivent la majorité des avantages. Cela favorisera la gestion communautaire des ressources naturelles et la restauration des zones dégradées, tout en stimulant des modèles agricoles respectueux de la conservation ».
« Le Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF) s'inscrit dans cette démarche mondiale pour la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts, œuvrant en faveur de la conservation des stocks de carbone forestier et du renforcement des stocks de carbone forestier dans les pays en développement ». Lancé en 2008, le FCPF a travaillé avec 47 pays et mobilisé un financement total de 1,3 milliard de dollars grâce à la collaboration entre gouvernements, entreprises, société civile et organisations de peuples autochtones.
Carinah Mamilalaina