Bilan flagrant. Lors d’une conférence sur le développement touristique à travers l’amélioration des dessertes aériennes en fin de semaine dernière dans le cadre de la foire internationale du tourisme, le directeur général de Madagascar Airlines, Thierry de Bailleul, a dressé un constat sans détour : « Le prix du billet reste trop élevé. Les taxes sont lourdes, et le carburant coûte jusqu’à 35 % de plus qu’aux Seychelles ou à Maurice. C’est un vrai problème ». En clair, les ambitions du pays en matière de tourisme sont plombées par des freins structurels majeurs, à commencer par le coût du transport aérien. Le monopole sur l’approvisionnement en carburant accentue les charges, rendant les opérations particulièrement onéreuses pour les compagnies. Un paradoxe de taille pour un pays insulaire qui rêve d’atteindre le cap d’un million de visiteurs par an. Actuellement, seuls Emirates (avec six vols hebdomadaires via Mahé) et Air France (avec quatre à cinq rotations par semaine) desservent régulièrement Madagascar. Un réseau encore bien trop timide pour soutenir une vraie politique d’ouverture.
En otage
« Si notre compagnie était basée à Maurice, on aurait 30 % de coûts salariaux en moins », regrette encore le DG de la compagnie nationale. Même son de cloche du côté des opérateurs touristiques. Pour sa part, un membre de la confédération du tourisme, dénonce une situation où « la capacité aérienne actuelle prend en otage toute l’économie ». Mais tout n’est pas noir dans le ciel malagasy. La compagnie nationale enregistre aujourd’hui un taux de remplissage d’environ 80 %, preuve qu’une demande réelle existe. Thierry de Bailleul y voit un signal encourageant : « Ce niveau de fréquentation montre que notre offre répond à une vraie attente ». Madagascar Airlines travaille à la remise en état de ses cinq ATR-72, au renforcement de ses liaisons régionales et à la mise en place de codes partagés avec des partenaires comme Air France. A plus long terme, le pays compte aussi sur la relance de l’Alliance Vanille, qui regroupe plusieurs compagnies de la région pour optimiser les dessertes. Un projet ambitieux qui pourrait, à terme, changer la donne. « Ce n’est pas qu’une question de touristes, c’est aussi une question de développement économique », rappelle un professionnel du secteur. Madagascar a les cartes en main. Encore faut-il qu’on lui laisse les moyens de jouer la partie.