La Banky Foiben’i Madagasikara (BFM) a récemment souligné la persistance de la volatilité de l'ariary face aux principales devises internationales, l'euro et le dollar américain, une tendance qui ne semble pas prête à s’essouffler. Depuis avril 2025, le cours de l’euro (EUR) a, par exemple, franchi la barre symbolique de 5 000 ariary, atteignant 5 176 ariary au 20 septembre de la même année. Cette évolution, qui traduit une dépréciation constante de la monnaie nationale, est le reflet direct de facteurs externes et internes majeurs. Les fluctuations sur le marché international, notamment la faiblesse persistante du dollar US et le renforcement conséquent de la parité Euro/Dollar (EUR/USD), jouent un rôle prépondérant. A titre d'exemple, l’euro s’est apprécié de 13,63 % par rapport au dollar US sur la période. Selon un économiste enseignant dans une université privée de la Capitale, « La santé de l'ariary est intimement liée à l'euro. Plus de 60 % de nos transactions se font dans cette devise ; c'est un point de vulnérabilité structurel ». La BFM elle-même intervient sur le marché interbancaire des devises pour amortir les chocs et réguler la liquidité, assurant la détermination du taux de change nominal sur la base des transactions réelles entre banques et clients. Malgré cette intervention, l’ariary a continué de perdre du terrain, se dépréciant de 6,22 % face à l’euro et de 5,09 % contre le dollar US depuis le début de l’année 2025. Ces chiffres illustrent une réalité économique délicate pour un pays dont la dépendance aux importations en biens essentiels et la faible croissance des exportations, notamment de produits phares comme la vanille et le girofle, créent un déséquilibre structurel en devises.
Conséquences directes
Les conséquences de cette dépréciation de l'ariary sont directement ressenties par les ménages et les entreprises de la Grande île. L'augmentation du coût des importations, qu'il s'agisse de carburants ou de riz, le produit de première nécessité pour beaucoup, se répercute inévitablement sur les prix à la consommation, alimentant une inflation déjà élevée. Avec un taux d’inflation qui a atteint 7,5 % en septembre 2025, selon les données de la BFM, la question du pouvoir d'achat est au cœur des préoccupations. Un petit commerçant du marché d'Analakely se lamente: « Tout est plus cher aujourd'hui, le prix des marchandises importées monte sans cesse, je suis obligé d’augmenter mes prix mais les clients n’ont plus les moyens de payer ». Cette situation crée un cercle vicieux où la faiblesse de la monnaie nationale accentue la pauvreté, qui touche déjà près de 80 % de la population. L'activité économique, bien que montrant une certaine résilience avec une croissance prévue aux alentours de 4,5 % à 4,6 % pour 2025, est freinée par cet environnement monétaire incertain. La croissance est principalement tirée par des secteurs comme le tourisme et l'agriculture, mais l'investissement global reste prudent. Pour un industriel spécialisé dans l’exportation, l'impact est mitigé : « Certes, un ariary faible rend nos produits plus compétitifs à l'international, mais l'achat de nos équipements et nos matières premières importées nous coûte beaucoup plus, ce qui annule souvent le bénéfice du taux de change ». L'enjeu pour les autorités monétaires est de trouver un équilibre entre le soutien à la compétitivité des exportations et la maîtrise des pressions inflationnistes dues à l’importation, une tâche rendue complexe par la forte sensibilité de l'ariary aux chocs extérieurs.








