Madagascar figure toujours parmi les pays les plus à risque en matière de blanchiment d’argent selon l’évaluation mondiale 2025 du Basel AML Index. Sur 177 pays analysés, la Grande île occupe le 16e rang avec un score de 6,77 sur 10, un niveau qui traduit une forte vulnérabilité du système financier. A l’échelle mondiale, le risque global recule légèrement, mais cette amélioration ne profite pas réellement à l’économie malagasy. Comparé à des pays considérés comme plus transparents, à l’image de la Finlande affichant un score nettement plus faible, Madagascar reste classé dans la zone rouge. Pour les acteurs économiques, ce positionnement constitue un signal négatif. « Ce type de classement influence directement la perception des investisseurs étrangers », confie un analyste financier local, soulignant que les partenaires internationaux accordent une grande importance à la traçabilité des flux financiers. Malgré une dynamique encourageante observée dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, Madagascar peine à suivre le mouvement. Cette situation fragilise la crédibilité du pays sur les marchés et complique l’accès aux financements extérieurs, alors même que l’économie nationale a besoin de capitaux pour soutenir la croissance et l’emploi.
Economie informelle
Les facteurs expliquant ce classement préoccupant sont bien identifiés. Le poids de l’économie informelle reste élevé, rendant difficile le suivi des transactions et la lutte contre les circuits illégaux. A cela s’ajoutent la corruption et les trafics liés aux ressources naturelles, notamment le bois précieux, qui continuent d’alimenter des flux financiers opaques. Bien que des réformes législatives aient été engagées pour se conformer aux normes internationales, leur application concrète demeure limitée. « Les textes existent, mais leur mise en œuvre sur le terrain manque encore d’efficacité », reconnaît un responsable d’une institution publique impliquée dans la lutte contre le blanchiment. Des structures comme le SAMIFIN tentent de renforcer la surveillance financière, malgré des moyens humains et techniques restreints. Le rapport met aussi en évidence le contraste avec des pays africains ayant réussi à améliorer leur notation grâce à des actions plus visibles. Pour Madagascar, l’enjeu économique est majeur. Sans progrès tangibles, le risque de sanctions et de méfiance accrue des marchés persiste, ce qui pourrait freiner durablement les investissements et la compétitivité du pays.








