Le choix du terme « trouble » n'est pas fortuit. Les historiens selon leur positionnement ou l'angle de vue qu'ils adoptent par rapport au pouvoir colonial ont chacun leur approche. « Insurrection » ou « rébellion » pour ceux qui épousèrent la position officielle des tenants du pouvoir colonial voulant justifier ainsi les représailles surdimensionnées des colons et « provocation » ou « manigance » ou encore « sinistre cinéma » pour les historiens qui cautionnaient l'hypothèse des militants patriotes, leaders du mouvement MDRM et accusant les vazaha au pouvoir d'en profiter pour réprimer de façon barbare sinon aveugle.
Le contexte international d'après Guerre (39-45) offre une opportunité pour les pays en prise à la domination coloniale à réclamer leur émancipation. Il booste les aspirations des pays colonisés à la libération du joug colonial. Dans certaines régions du monde en particulier en Afrique, la lutte pour l'émancipation des peuples s'intensifiait.
Deux facteurs majeurs entrent en lice dans les tentatives d'explication du phénomène. D'abord, la création de l'Organisation des Nations Unies (ONU), en lieu et place de la Société des Nations (SDN) en 1945. L'une des bases fondamentales de l'ONU réside dans les efforts pour la mise en place du processus à l'auto-détermination des peuples encore soumis au joug colonial et cela afin de garantir une paix durable. Effectivement, la naissance des Nations Unies soutenue par les grandes puissances telles les USA et l'URSS souffle le glas au fondement de la colonisation. Ainsi, les puissances coloniales durent subir des pressions internationales de telle sorte qu'elles « lâchent » leurs colonies.
Ensuite, les pays colonisés notamment ceux de l'Afrique francophone, échaudés par la défaite des nazis et donc la victoire des Alliés militaient pour l'accession à l'indépendance. D'autant plus que la participation effective des soldats venant de la colonie a largement contribué à la victoire totale. Ils (les pays colonisés) se croyaient avoir le droit de réclamer leur droit tout au moins une « compensation » de la part de la « mère-patrie ».
Pour le cas de Madagasikara, les « Evènements de 47 » s'inscrivent dans un long processus historique qui remonte dès le début de l'occupation des vazaha. En fait, les Malagasy refusaient dès le départ, en 1896, tout concept d'occupation étrangère. Il s'agit d'un héritage culturel dont l'origine datait de nos illustres rois et reines. Andrianampoinimerina n'accepte point que des vazaha pénètrent à l'intérieur de son royaume. Ranavalona 1ère interdit toute cession des terres de nos Ancêtres aux vazaha. Les « Menalamba », le « Sahadiavahy », le « Vy Vato Sakelika », le « MDRM », etc., sont des illustrations dans l'Histoire du pays du refus des malagasy à l'occupation étrangère.
En somme, le flambeau passe de générations en générations. Les « Tabataba » de 47 ne furent qu'un maillon de la chaîne.
Ndrianaivo