Outil de tromperie ! Attrape-nigaud ! Tremplin de développement ! A chacun son « vous voulez », de chacun son choix. Le scrutin présidentiel approche à grand pas. Dans quatre mois et des miettes, les Malagasy choisiront l’homme fort qui va prendre en main la destinée du pays pour les cinq ans à venir.
La « décentralisation », ce mot magique, objet de convoitise et instrument de leurre pour certains politiciens sans scrupule et outil de développement pour d’autres, trône sur le piédestal du débat.
Etant vu l’immensité de la Grande île, l’administration et le contrôle du territoire relèvent d’un défi. Depuis la nuit des temps, Madagasikara fut fractionné en d’innombrables petits royaumes entre les mains des roitelets qui passaient l’essentiel de leur temps à se guerroyer. Sur les Hautes Terres centrales, en Imerina exactement, l’unification du royaume fit l’objet de bataille permanente. Andriamasinavalona (1675-1710) a réussi à l’unifier. Mais, il a commis une grave erreur d’avoir morcelé son royaume à ses quatre fils. Une imprudence qui lui a coûté cher. Il fallait attendre son arrière-petit-fils, un certain Andrianampoinimerina (1787-1810) pour réunifier définitivement l’Imerina. L’entreprise royale d’unification allait s’étendre sur la Grande île. Une grandiose œuvre que son digne fils Laidama va continuer jusqu’à la mer. A partir de Radama 1er, des gouverneurs ont assuré l’administration territoriale au nom du roi ou de la reine non sans problèmes. Ce fut l’ancêtre de la décentralisation à Madagasikara.
Le régime colonial aurait connu le même problème à administrer et à contrôler le grand territoire de la colonie. Le schéma de l’administration territoriale de la Métropole fut calqué à Madagasikara. Mais, Antananarivo, le noyau central du pouvoir colonial aurait toujours du mal à cerner l’immensité de la Grande île. La décentralisation ou la déconcentration en provinces ou en districts jusqu’aux cantons s’érigeait en chemin incontournable. Le schéma colonial fut repris texto par les nouveaux dirigeants à l’avènement de la République. De la Première République jusqu’à nos jours, la Quatrième, la décentralisation demeure un sujet de débat, un objet de tromperie et une promesse non tenue. C’est un chantier toujours ouvert que les dirigeants successifs ne parviennent pas à contourner. Bref, un défi et un enjeu de taille !
A l’approche de l’élection du premier magistrat du pays, le vieux débat sur une vraie décentralisation refait surface. Les candidats potentiels non déclarés souvent en manque de programme sinon de projet social sérieux et bien défini et surtout réalisable prend à la volée la « décentralisation » pour appâter les naïfs.
Sans conteste, la décentralisation est un moyen efficace et plus rapide pour développer le pays notamment pour la Grande île qui dispose d’un vaste territoire requérant d’un concept de répartition territoriale jouissant des compétences effectives de directions des affaires régionales. Jusque-là, l’échec vient de la tendance trop encline de la Capitale à tout gérer et à tout centraliser entre autres les finances publiques.
L’esprit des Treize Points du Velirano consiste à asseoir la décentralisation effective comme étant l’outil de base pour réaliser le décollage de Madagasikara. En effet, pour un vaste pays comme la Grande île, la décentralisation effective est la pièce maîtresse des actions à entreprendre.
Toujours est-il qu’il faudra souligner que le concept est une chose et la mise en pratique en est une autre.
Ndrianaivo