D’emblée, quand on parle d’éducation sexuelle, on touche ainsi à un sujet délicat. Tout ce qui entoure le sexe, un sujet strictement intime donc tabou pour l’ensemble de la population malagasy notamment chez la communauté de base, il faut aller sur la pointe des pieds. En effet, on marche sur des œufs. Dans certaines familles issues des couches populaires, il est strictement interdit d’en parler en public. En famille, les parents évitent d’en évoquer directement à leurs enfants. La mère parle très rarement ce sujet tabou à sa fille. En classe, les enseignants vont avec doigté.
L’éducation sexuelle figurait dans les programmes scolaires depuis la Première République. Au tout début, l’initiative essuyait des critiques sinon des réticences virulentes de la part des parents et également de la part des responsables d’église qui y voient une entorse inadmissible au respect du tabou et une incitation à la débauche. Ce fut une tentative risquée et difficile. Ibidem avec la promotion de l’usage des préservatifs, des condoms, suite à la propagation des maladies vénériennes notamment parmi les jeunes, les autorités religieuses fustigent la pratique, toujours pour le risque d’incitation à la débauche. Un moment, les autorités publiques ont dû se soumettre en reculant, quelques pas en arrière. Mais, ce fut un recul stratégique. Quand les choses se tassent, le programme reprenait dans les établissements scolaires en ciblant d’abord les élèves du secondaire Niveau deux (des lycées). Pour éviter les boulets rouges, on a dû l’intégrer au sein de la matière « Science de la vie et de la terre » (SVT). Toutefois, il ne s’agit pas d’une Education sexuelle complète (ECS).
Les statistiques affichées d’une année à l’autre par les organismes onusiens sont alarmantes. Les indicateurs sur les IST chez les jeunes et les grossesses précoces sont préoccupants. En 2023, le secrétariat exécutif du Comité national de la lutte contre les IST-Sida a signalé une hausse des cas de VIH en particulier chez les jeunes. En 2024, le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) publie un article selon quoi plus de 40% des jeunes filles sont enceintes ou ont déjà au moins un enfant avant l’âge de 18 ans, etc. La situation s’avère alarmante et préoccupante.
L’ECS devient ainsi une urgence nationale. Le ministère de l’Education nationale se trouve en première ligne au front de la bataille. Etant entendu l’immensité et la complexité du défi à relever, le MEN ne peut lui seul affronter la lutte. Le partenariat avec d’autres organismes s’impose dont le MMPF.
Ndrianaivo