Sous d’autres cieux, des dirigeants politiques ont dû prendre des mesures correctives courageuses malgré le principe du libéralisme économique qu’ils prônent. Aux Etats-Unis, de la Guerre de Sécession jusqu’en 1934, l’ « âge d’or du protectionnisme américain », la Maison Blanche avait dû prendre des mesures protectionnistes afin de préserver les intérêts des travailleurs américains face aux importations massives des produits moins chers. Apôtres du libre-échange, quand cela les arrange, les Américains ne se gênent point à limiter l’entrée des produits étrangers sur leur marché. Les mesures salvatrices prises, bien que tardives, par le Gouvernement malagasy par le biais de l’ANMCC concernant trois produits phares tels les pâtes alimentaires, les détergents en poudre ainsi que les couvertures sont, bien entendu, les bienvenues. Il ne faut pas avoir honte ni le complexe de « sanctionner » les marchandises étrangères quand les produits nationaux encourent des risques. Seulement, les observateurs de s’interroger sur le sort réservé aux autres produits qui, à leur compte, avaient fait l’honneur à l’industrie nationale. Le cas du savon ! Madagascar fut l’un des pays africains disposant d’une unité de production haut de gamme de savon faisant d’ailleurs la fierté nationale : la Savonnerie Tropicale. Depuis que les importations sauvages de savon inondèrent le marché local, notre fleuron national peine à survivre. Grâce à la ténacité d’André Ramaroson, capitaine d’industrie qui ne se laissait pas abattre, la Savonnerie Tropicale tient, tant bien que mal, la route. Mais il n’y a pas que le savon ! Le textile (SOTEMA de Mahajanga, COTONA d’Antsirabe) et bien d’autres s’écroulent tour à tour. Les friperies saturent le marché. Conséquences, des unités de production locales ferment leurs portes et des milliers de travailleurs réduits au chômage. Donc, prendre des mesures protectionnistes relève d’une urgence nationale. Cependant, il faut que les opérateurs locaux soient à la hauteur de leurs ambitions, et ce, pour satisfaire le marché local et surtout faire de telle sorte que leurs prix soit ...compétitifs. Sinon, les mesures correctives risqueraient de pénaliser les pauvres consommateurs. Ainsi, dans cette lancée des mesures protectionnistes, l’ANMCC doit urgemment se pencher sur le cas des autres produits qui font partie, eux aussi, des produits à protéger.
Ndrianaivo