Publié dans Editorial

Quid du « famadihana » !

Publié le vendredi, 27 septembre 2019

Qu’il nous admette, pour peu qu’il soit, de s’émanciper des échauffourées des élections et les tiraillements voire des tensions autour de la vie politique, et cela, pour se donner l’occasion de faire une petite escapade et scruter la vie du terroir. En réalité, si en villes les attentions sont obnubilées par les enjeux des élections et accaparées par les actions du Gouvernement, dans les campagnes par contre notamment dans le pays profond, dans le terroir, du moins sur les Hautes Terres, le souci et les préoccupations sont ailleurs.

Le mois de septembre est la période par excellence du « famadihan-drazana » (littéralement : « retournement des morts »). Une pratique ancestrale traditionnellement ancrée dans les us et coutumes des Malagasy essentiellement en Imerina et dans les pays Betsileo en milieu rural.  Etant l’un des aspects visibles du culte voué aux morts dont tous les Malagasy en sont profondément attachés, le « famadihana » persiste et tient bon jusqu’à nos jours et ce malgré la percée du christianisme il y a près de  200 ans. Le Malagasy lambda converti aux pratiques chrétiennes garde jalousement en lui certaines valeurs héritées des ancêtres.

Depuis les changements radicaux particulièrement sur le plan politique des années 70 et vu l’impact des difficultés économiques qui se faisait sentir dans les ménages de la majorité, on commençait à remettre en cause bien que timidement l’opportunité du « famadihana ». En effet, les « retournements des morts » qui se pratiquaient presque tous les ans crèvent sérieusement les modestes budgets des familles concernées. Toutes les épargnes constituées, modiques d’ailleurs, en un an y passent. Une grosse partie des productions agricoles et d’élevage dont le riz et le bœuf, bon an mal an, en est consacrée. En somme, il s’agit d’un lourd tribut qui prend en otage la frileuse économie nationale. Pratiquement dans les campagnes, on travaille dur non pas tellement pour améliorer la qualité ou les conditions de vie mais tout juste pour approvisionner la caisse familiale en vue du prochain  « famadihana ». Les jeunes (filles ou garçons) sont envoyés en villes pour faire des petits métiers tels les marchands ambulants informels ou bien se proposer en gens de maison et tout cela pour contribuer davantage à alimenter la caisse familiale pour le « famadihana ». Et après la « fête », c’est l’épuisement et on recommence éternellement à …zéro.

Des études qui ont été effectuées par des anthropologues, des sociologues, des historiens ou même des économistes pointaient du doigt sans hésitation l’impact dangereux de cette « pratique désuète » sur l’économie nationale. Elles montraient dans une certaine mesure et sans ambages la responsabilité contre-productive du « famadihan-drazana » dans les efforts pour le développement du pays.

Quid du « famadihana » ! Quelle attitude à adopter ? Il appartient à tous de cogiter ensemble afin d’établir le code de conduite efficace, pertinent et acceptable par l’ensemble de la population touchée par ce phénomène rétrograde qui risque de nuire, encore plus, les bases de l’économie et porter atteinte à la prospérité de la Nation. Evidemment, le sujet est délicat et requiert des démarches sinon des tactiques empruntant la voie subtile. Devrait-on le noter qu’on marche sur des œufs quand on traite ce sujet sensible.  

Ndrianaivo

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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