Publié dans Politique

Redressement d’Air Madagascar - « Il faut oser investir… »

Publié le mardi, 30 mars 2021

Depuis l’année dernière, la situation de la compagnie aérienne nationale s’est dégradée de jour en jour. Le partenariat avec Air Austral n’a pas eu l’effet escompté. Et la crise générée par la pandémie de coronavirus n’a fait qu’aggraver les choses. Aujourd’hui, Air Austral n’est plus actionnaire d’Air Madagascar, les autorités mais aussi le nouveau conseil d’administration en place essaient alors d’élaborer un plan de redressement pour remettre la compagnie à flots. Toutefois, l’élaboration de ce nouveau business plan prend plus de temps que prévu étant donné la complexité des principaux problèmes d’Air Madagascar. Hugues Rajaonson, économiste et enseignant-chercheur, délivre alors à notre rédaction quelques propositions pour pouvoir réellement redresser cette compagnie aérienne, emblème du pays.

 

La Vérité (+) : Air Madagascar se prépare actuellement pour son redressement. Par quelle étape doit-elle obligatoirement passer pour atteindre cet objectif ?

Hugues Rajaonson (-) : « Le plus important aujourd’hui est de regagner la confiance des passagers. Il faut que tout le monde voyage de nouveau avec Air Madagascar. Pour ce faire, la compagnie aérienne nationale se doit d’offrir un service de très haute qualité. Dans ce sens, il faut oser investir notamment dans sa flotte. Nous ne pouvons pas conquérir de clients avec la flotte actuelle. En louant des avions, à des coûts plus qu’exorbitants, la compagnie ne pourra en aucun cas proposer des prix attrayants aux voyageurs et rivaliser avec les autres compagnies qui desservent Madagascar. De plus, ces appareils ne cessent de rencontrer des problèmes techniques impactant négativement sur la qualité de service d’Air Madagascar. C’est pourquoi, il est important d’acheter de nouveaux avions, au moins quatre appareils, l’un opérera les vols nationaux et les trois autres assureront les vols internationaux vers la France mais aussi vers la Chine. Les autorités doivent comprendre que pour redresser Air Madagascar, il faut prendre ces risques et perdre de l’argent. C’est le seul moyen de gagner de l’argent par la suite. Il faut éviter de penser à la rentabilité dès le début. Les concessions sont obligatoires mais il y aura toujours un retour sur investissements par la suite ».

(+) : Outre l’amélioration de la qualité de service, comment faire pour que tout le monde voyage avec Air Madagascar ?

(-) : « Pour reconquérir sa clientèle, en plus du service de très haute qualité, la compagnie aérienne nationale devrait aussi baisser les prix des billets pour les rendre plus accessibles au plus grand nombre, et principalement les voyageurs nationaux. Le prix du billet a toujours été un frein au développement du transport aérien dans la Grande île. Et louer des avions n’est pas la solution. Dans la situation actuelle, il n’y rien d’étonnant à ce que les billets d’Air Madagascar soient aussi chers ».

(+) : Dans cet esprit d’investissement, est-ce qu’il est opportun alors de trouver un nouveau partenaire pour remettre la compagnie sur les rails ?

(-) : «  L’idée de trouver un nouveau partenaire n’est pas mauvaise. Mais dans l’état actuel d’Air Madagascar, ce n’est pas opportun. Une compagnie pauvre, au bord du gouffre comme notre compagnie nationale en s’associant avec des grands leaders du secteur aérien comme Ethiopian Airlines ou Qatar Airways, ils risquent de les avaler tout cru. Air Madagascar demeurera effectivement à l’ombre de ces leaders, et ne pourra se mettre en avant comme il le faudrait. C’est pour cette raison qu’une compagnie aérienne se doit d’être puissante au moins au niveau régional avant de s’associer à d’autres compagnies aériennes. Il n’y a qu’à voir ce qui se fait dans le milieu ».

(+) : Vu tout le travail à accomplir, quel profil est le plus adapté pour devenir le prochain directeur général d’Air Madagascar ?

(-) : « En premier lieu, la personne qui sera à la tête de la compagnie nationale doit connaître comme sa poche le secteur aérien, mais surtout le maîtriser. Il est important aujourd’hui d’y remédier en ne commettant pas les erreurs passées. En second lieu, elle devra également être disciplinée et prête à faire des sacrifices pour la compagnie, parce que comme nous l’avons évoqué, le retour sur investissements ne sera pas pour tout de suite. Il faut alors qu’elle soit dévouée à la compagnie sans attendre de contreparties en tout genre. Et un dernier point, il faut que cette personne soit également prête à concurrencer toutes les compagnies aériennes. Dans tous les cas, une nouvelle stratégie ne peut se mettre en place qu’avec de nouvelles personnes ».

(+) : Certains avancent la liquidation pure et simple d’Air Madagascar

(-) : « Déclarer la compagnie nationale en faillite est une option comme tant d’autres. Des grandes sociétés aériennes l’ont fait tout en espérant que ce soit la bonne solution. Mais cela rejoint ma proposition de mettre des nouvelles personnes au sein de la compagnie ».

Propos recueillis par Rova Randria

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Editorial

  • Lueur d’espoir !
    Tout n’est pas noir. Une source de lumière apparait à l’horizon. Et l’espoir est permis. En dépit des galères éternelles que la misère nous impose, que l’insécurité nous étreint et que la JIRAMA nous empoisonne tous les jours, une lueur d’espoir nous embaume le cœur. Tous les efforts sont mis en branle mais la misère persiste et signe. Avec un revenu mensuel moyen de 40 euros ou 43 dollars par habitant, de sources autorisées de la Banque mondiale, Madagasikara reste parmi les cinq pays les plus pauvres de la planète. A titre d’illustration, Rwanda 76 dollars, France 3482 euros. Comparaison n’est pas raison mais les chiffres sont là. Ils évoquent certaines situations comparatives indéniables. Les insuffisances chroniques alimentaires surtout dans le grand Sud trahissent malgré les tentatives de certains responsables de relativiser le cas.

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