Publié dans Politique

Assaut d’une caserne de la Gendarmerie - Le sang a coulé à Ikongo

Publié le lundi, 29 août 2022

Scène d’une rare violence à la caserne de la Gendarmerie vers 10h à Ikongo, hier matin. Les armes ont crépité, et le sang a giclé. Une foule gigantesque, survoltée, ivre de sang et de vengeance et surtout aussi équipée d’armes blanches s’était rué sur le camp, histoire de le prendre d’assaut, obligeant ainsi les Forces de l’ordre, alors en position de légitime défense, à tirer dans le tas. Le résultat fut effroyable : sur le sol, 13 corps de civils gisaient pour ne jamais se relever tandis que 18 autres personnes ont été sérieusement blessées.

Cet affrontement meurtrier découlait de la farouche volonté chez les émeutiers à faire la peau aux quatre personnes qui sont placées en garde à vue dans cette caserne de la Gendarmerie, pour meurtre et surtout tentative d’enlèvement d’un enfant albinos. Lorsque les premiers se sont donc bruyamment attroupés devant les locaux de la Gendarmerie, les éléments de celle-ci ont dû alors instaurer un périmètre de sécurité, histoire d’empêcher la progression des émeutiers, mais aussi dans le souci d’éviter un dérapage, du moins selon le commandant de la Gendarmerie, Gal Andry Rakotondrazaka, hier après-midi. « Une chose est sûre : il y eut des provocateurs au sein de la foule. Des manifestants ont commencé à caillasser la caserne tandis que d’autres brandissaient des armes blanches telles que des longs couteaux et des gourdins », déclare le général.

Puisqu’il semblait alors difficile de contenir les émeutiers, obstinés à attaquer simplement les locaux de la Gendarmerie, cette dernière a dû alors agir par étape, selon la règle. D’abord, ses éléments déployés dans le périmètre du camp ont dû utiliser du gaz lacrymogène afin de disperser ces émeutiers. Mais loin d’avoir l’effet escompté, la foule semblait être de plus en plus implacable au point de pousser les gendarmes à opter pour les grands moyens.

« Puisque les gendarmes, qui étaient numériquement faibles, ont réalisé que le risque d’une submersion ou une situation bien pire encore pourra se produire d’un moment à l’autre, ils ont dû alors finalement ouvrir le feu, touchant mortellement certains manifestants, et blessant d’autres », continue le commandant de la Gendarmerie. « Immédiatement après la fusillade, l’action primordiale des Forces était axée sur les secours. Il a fallu des interventions chirurgicales urgentes pour certains blessés », commente-t-il encore. 

A ce dernier d’ajouter que ce drame aurait pu être évité mais ce n’était donc malheureusement pas le cas. Dès hier même, un appel au calme a été adressé aux habitants d’Ikongo et que différentes mesures, notamment dans le domaine sécuritaire, ont été déjà prises. Hormis la Gendarmerie, la Police, l’Armée et les autorités locales ont été consignées. Puisque les personnes décédées dans l’émeute étaient issues de quatre hameaux d’Ikongo, la Gendarmerie s’est déjà rendue chez chacun d’entre eux pour témoigner sa sympathie et présenter ses condoléances aux proches des victimes. « Personne n’a intérêt dans cette situation, et que le moment n’est pas propice pour les reproches », épilogua-t-il. Actuellement, place donc à l’enquête.

Mais le drame d’Ikongo, d’hier matin, n’a pas laissé le Président Andry Rajoelina de marbre. Il déplore cette situation dramatique, qui s’est traduit par des tirs à balles réelles ayant coûté la vie à une dizaine de personnes. Il entendait alors témoigner sa sympathie et présenta ses condoléances aux familles et proches des victimes.

Il a également rappelé que le pays est un Etat de droit et qu’il faudra démarrer rapidement une enquête afin de déterminer la cause du drame. Enfin, il en appelle à la compréhension et au calme, dans le cadre de la sagesse malagasy.

Franck R.

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Editorial

  • Secteur en panne !
    En mauvaise posture, le secteur éducatif malagasy va de mal en pis. Tel un navire en panne, en Haute mer, le moteur bloqué, l’équipage perd le contrôle. Le bâtiment tangue de gauche à droite. A la dérive, il risque le naufrage. A l’époque coloniale, l’instruction publique représentait l’un des principaux points d’achoppement du pouvoir en place. A l’aube de l’occupation, le Général Gallieni, premier gouverneur général de Madagasikara, se heurtait à une difficulté majeure : déterminer quel type d’instruction ou quel modèle d’enseignement, devrait être appliqué dans la colonie (Madagasikara) ? Un enseignement élitiste, de haut niveau, ou un enseignement élémentaire, rudimentaire ? Et encore « quelle langue d’enseignement adoptée ? » Deux grandes orientations ont été primées par le Général gouverneur : dispenser un enseignement pour un cursus éducatif de haut niveau pour les enfants des colons. D’où la création des lycées à Antananarivo, le lycée Gallieni (1908) et…

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