Ce limogeage n’est pas une surprise dans la mesure où l’application d’une sanction de l’Exécutif était pressentie suite au vote de Madagascar lors de la session extraordinaire des Nations unies qui n’aurait reçu ni l’aval du Gouvernement ni celui du Président de la République. Toute résolution, qui doit faire l’objet d’un vote, est présentée 48 heures plus tôt par le secrétaire général des Nations unies aux Etats membres. Malgré cela, le ministre aurait brûlé les étapes et n’aurait même pas évoqué lors du Conseil des ministres qui s’est tenu, mercredi dernier, jour du vote. Cette décision du ministre d’engager Madagascar en votant en faveur de la résolution onusienne qui condamne l’initiative de la Russie d’annexer quatre régions ukrainiennes à savoir Donetsk, Lougansk, Zaporijjia, et Kherson via des référendums qualifiés d’ « illégaux » lui a donc valu son éviction.
Entorse au principe de non alignement
Le vote malagasy en faveur de la résolution onusienne qui condamne la Russie dans sa tentative d’ « annexion illégale » a suscité la polémique dans la mesure où la Grande île a toujours adopté une position de neutralité vis-à-vis de ce conflit qui oppose les deux pays. Le non alignement historique de Madagascar remonte à l’époque du Président Didier Ratsiraka qui a bénéficié de l’appui des pays non alignés dans son combat pour revendiquer la restitution des îles éparses par la France. De plus, Madagascar a toujours opté pour l’abstention en signe de neutralité lors des précédentes sessions des Nations unies sur le conflit russo – ukrainien.
Le ministre Richard Randriamandranto prend donc la porte de sortie sept mois après sa nomination au poste de chef de la diplomatie malagasy. Avant d’occuper la tête du département des Affaires étrangères, il a déjà assuré la fonction de ministre des Finances et du Budget depuis la formation du premier Gouvernement du régime Rajoelina au mois de janvier 2019 jusqu’au remaniement gouvernemental en août 2021.
S.R.