Selon toujours le même communiqué, les deux individus sont « soupçonnés d’avoir cherché à obtenir des pots – de – vin de la part de la société minière britannique Gemfields pour l’octroi de licences d’exploitation à Madagascar ». A en croire les informations de la NCA, ce fut la société précitée qui a fait part de ses « préoccupations » en saisissant ladite agence. Ils ont réclamé une somme qui s’élève à près de 225 000 livres sterling (soit l’équivalent de 260 000 euros) ainsi qu’une action de 5%. Ils ont comparu devant le tribunal samedi et ont été placés en détention provisoire jusqu’à leur prochaine audience à la « Southwark Crown Court », le 8 septembre prochain.
Aussitôt que l’affaire a éclaté au grand jour, les commentaires et réactions ont abondé sur les réseaux sociaux à Madagascar.
Eviction immédiate
Afin d’écarter tout malentendu sur cette affaire qui risque d’éclabousser le régime, la Présidence de la République a, de son côté, publié un communiqué de presse dans lequel il est précisé que « Madame Romy Andrianarisoa a officiellement pris ses droits de congé du mercredi 09 août 2023 jusqu’au 22 août 2023. Ainsi, les autorités malagasy ignorent les raisons de son déplacement au Royaume Uni ». Le même communiqué rappelle que « toute personne au service de l’institution s’engage à respecter en premier lieu les valeurs de la République » tout en mettant l’accent sur les réformes entreprises dans l’optique du renforcement de la bonne gouvernance ainsi que l’attachement du Président de la République à la notion d’éthique dans la conduite des affaires de l’Etat à lutter contre la corruption sous toutes ses formes. Par conséquent, la directrice de cabinet a été « relevée de ses fonctions avec effet immédiat ». Romy Andrianarisoa est ainsi limogée à moins de six mois après sa nomination en tant que directrice de cabinet à la Présidence lors du Conseil des ministres le 1er mars dernier.
En outre, la Présidence indique que les autorités malagasy suivront avec la plus grande attention les avancées de cette enquête et compte sur une franche collaboration entre Madagascar et le Royaume Uni pour faire la lumière sur cette affaire.
Des faits intrigants
Plusieurs détails suscitent des interrogations dans le cadre de cette affaire impliquant la Dircab de la Présidence. En effet, selon les informations émanant de sources bien informées, Romy Andrianarisoa est sortie du territoire malagasy en utilisant son passeport de service alors qu’elle n’était pas en mission officielle. L’usage d’un passeport de service doit, en principe, obligatoirement être fait sur présentation d’un ordre de mission. Aurait – elle alors usé de son influence en tant que Dircab de la Présidence pour faire pression sur les autorités aéroportuaires ? La PAF assure, pour sa part, qu’aucun ordre de mission n’a été présenté.
La directrice de cabinet a quitté le pays à bord du vol AF935 (Air France) à destination de Paris Charles de Gaulle dans la matinée du jeudi 10 août avant de poursuivre son itinéraire jusqu’à Londres. Pour les formalités de départ à l’aéroport, elle a été assistée par un certain J., protocole de l’Assemblée nationale. Un autre fait qui intrigue d’autant plus que le chef protocole au niveau de la Chambre basse aurait nié avoir confié une telle mission à son subordonné. Pourquoi avoir recouru l’aide d’un responsable d’une autre institution ? Y – a – t il eu complicité dans ce départ « en catimini » vers le Royaume Uni ? Des questions qui attendent encore des réponses. Pour le moment, les yeux restent rivés vers le « Southwark Crown Court » à Londres, où se tiendra une audience qui fixera le sort de Romy Andrianarisoa et Philippe Tabuteau le 8 septembre prochain. Affaire à suivre !
Sandra R.