A l’issue d’une concertation d’urgence, les membres du Syndicat ont décidé d’observer une journée d’indignation sur l’ensemble du territoire national. Les magistrats cesseront donc toute activité ce mardi. Les Parquets refuseront les déferrements et toutes les audiences de ce jour seront prorogées. « Il ne s’agit pas de grève. L’indignation est telle que nous manifestons par elle notre solidarité avec nos pairs », a lâché un magistrat requérant l’anonymat.
Par sa décision d’hier, le SMM a déposé des requêtes en intervention volontaire auprès du Conseil d’Etat en appui des recours en annulation et en sursis à exécution formulés par les magistrats faisant l’objet de suspension de fonction assortie de suspension de solde. L’entité demande au ministre de la Justice, Benjamin Alexis Rakotomandimby, de retirer les décisions de suspension et de s’abstenir d’en prendre de nouvelles durant son mandat.
Le SMM fait sienne la lutte contre la corruption mais celle-ci doit être orientée vers les vrais coupables. « Le ministre ne doit pas confondre le pouvoir de qualification des infractions et le pouvoir d’appréciation des faits par les magistrats du Parquet à de la corruption », lit-on dans un communiqué.
« Si les magistrats affectés ont été englués dans des cas de corruption avérés, le Syndicat ne n’est pas levé. Les sessions du Conseil supérieur de la magistrature ont traité des cas graves et ont pris des mesures subséquentes. Mais le bureau du syndicat ne s’y est pas opposé », a-t-on chuchoté dans les rangs du syndicat.
Pour le moment, les magistrats indignés écartent toute idée de grève. Pour eux, le mouvement du jour sera un préalable en fonction de toute éventuelle suite à donner aux requêtes syndicales. Le ministre pourrait recourir à des réquisitions. Pourtant, une telle approche ne serait opportune qu’en cas de grève. Or, les indignés, en parfaite connaissance de cause, sont formels. Ils ne sont pas en grève, clament-ils.
Vendredi dernier, peu de temps après l’annonce par le président du SMM, Mbitanarivo Andriantsihorisoa, de la tenue de la réunion d’hier, le ministère de la Justice a sorti un communiqué qui a rappelé les principales visées de l’actuel locataire de Faravohitra : transparence, équité et intégrité pour un appareil judiciaire digne de confiance aux yeux du peuple. La lutte contre la corruption et l’effectivité de l’Etat de droit sont au cœur des priorités.
L’objectif, selon le communiqué, est d’asseoir une justice forte, fiable, efficace, accessible pour tous, proche du peuple et respectueuse des droits humains. Une liste de sept priorités absolues est ainsi dressée. La septième mentionne la reconnaissance accordée aux bons magistrats et la prise de mesure à l’encontre de celles/ceux dont les attitudes ne sont pas conformes aux buts fixés.
M.R.