Un grand pas pour la démocratie, un petit pas pour l’Opposition. Hier, l’Assemblée nationale a assisté à un moment que certains députés de l’Opposition qualifient de “historique”. En vertu des textes qui régissent l’institution, le groupe parlementaire de l’Opposition a en effet pris le contrôle de l’ordre du jour de la séance à Tsimbazaza. Un geste symbolique qui marque la première fois qu’une telle initiative est prise.
Du point de vue institutionnel, il s’agit d’un véritable triomphe pour la démocratie malgache. Un pas en avant pour l’Opposition, un signe de vitalité démocratique. Cela montre que dorénavant les voix dissidentes ont un moyen démocratique de se faire entendre dans la plus haute enceinte du pays.
L’Opposition a choisi cette occasion pour interpeller des membres du Gouvernement. L’objectif était de permettre de débattre des sujets d’actualité, notamment les délestages, la pénurie d’eau, la dégradation des routes nationales et la sécurité.
La séance n’a cependant pas été aussi brillante que ce que les observateurs auraient pu en attendre. Car si le symbole de la prise de l’ordre du jour est fort, la manière dont la séance a été gérée, ou plutôt déréglée, soulève des interrogations.
L’Opposition a bien convoqué des ministres — Olivier Jean-Baptiste (Energie et hydrocarbures), Lalaina Andrianamelasoa (Eau et assainissement), Richard Rafidison (Travaux publics) et le Général Andry Rakotondrazaka (Gendarmerie) — mais le déroulement de la séance a rapidement pris une tournure qui a de quoi laisser un goût amer.
Au lieu d’un débat sur les politiques publiques sectorielles, la séance a dégringolé dans un enchaînement de questions-réponses qui ressemblait davantage à un face-à-face traditionnel entre ministres et députés. L’ordre du jour promis n’a pas été respecté dans sa forme la plus constructive.
Au lieu d’une véritable interpellation, les questions posées par la plupart des députés ont été souvent d’une extrême généralité et concernaient principalement des problèmes locaux liés aux Districts des députés eux-mêmes. Le contraste entre les attentes et la réalité était flagrant. Il n’y a pas eu ou sinon peu de débat de fond.
Ce manque de cohésion dans la gestion de la séance met en lumière la fragilité de l’Opposition, pourtant si ambitieuse. Il ne suffit pas de prendre l’initiative de l’ordre du jour pour en faire un grand moment politique. Il faut aussi savoir organiser, canaliser et, surtout, diriger le débat de manière efficace. En l’occurrence, le groupe parlementaire de l’Opposition a raté le coche. On repassera pour cette « première fois », même si l’essentiel reste dans le geste.
La Rédaction