Publié dans Politique

Patrick Rajoelina - L’élection de Donald Trump est une chance pour l’Afrique

Publié le samedi, 09 novembre 2024

L’ancien ministre des Affaires étrangères a livré son point de vue personnel par rapport à la victoire du milliardaire de 78 ans arrivé, pour la deuxième fois, à la tête de la première puissance mondiale.

 La victoire sans appel de Donald Trump et l’application de son programme politique, social et économique à partir de son entrée en fonction le 20 janvier prochain est une chance pour l’Afrique.

Le management trilatéral de la planète (Chine, Russie et Etats-Unis) ainsi que l’émergence de grandes nations (Inde, Turquie...) et les coalitions du Sud global (Union africaine, BRICS, ASEAN, Organisation de coopération de Shanghai...) forment déjà le paysage géopolitique du Sud global depuis plus d’une dizaine d’années.

Dans le nouveau contexte lié à l’élection du Président Donald Trump, le Sud global, et plus singulièrement l’Afrique, doit désormais redoubler d’efforts, de solidarité et d’initiatives pour (enfin) prendre toute la place qui lui revient.

Certes, le règlement des grands conflits régionaux africains qui précipitent dans l’horreur de la violence et la misère sans fin des millions d’Africains doit être notre priorité collective.

Mais dans le même temps, il nous faut nous armer institutionnellement pour renforcer notre présence à la gouvernance du monde.

Notre chance, en Afrique, est d’être le "réservoir de matières premières de la planète" et surtout d’avoir de grands espaces et une jeunesse disponible ayant soif d’apprendre et de se former.

Comme la Chine, les Etats-Unis ou l’Inde, l’Afrique doit épouser enfin cette doctrine vitale, selon moi, du protectionnisme. Afin de protéger, comme le font les grandes puissances, nos populations, nos ressources naturelles, notre environnement et nos civilisations ancestrales.

Pour ce faire, les initiatives de coopération Sud-Sud doivent être accélérées ainsi que le prônent de nombreux dirigeants africains à l’instar du Président malagasy Andry Rajoelina.

Renforcer nos échanges commerciaux continentaux grâce à la ZLECAF, cette zone de libre-échange continentale africaine. Renforcer notre tissu entrepreneurial et industriel grâce à la "préférence continentale" comme le pratiquent les super puissances protectionnistes. Renforcer notre poids dans la diplomatie financière en sériant quelques grands dossiers que nous porterons d’une seule voix devant les partenaires techniques et financiers (Institutions de Bretton Woods...) à la table desquels notre présence devra davantage être prise en compte. Tels sont les enjeux.

Parler d’une seule voix. Agir d’une franche autorité. Protéger d’une seule main. Voilà nos crédos !

Plus précisément, ce sont des bourses transnationales africaines qui doivent coter nos matières premières..., aujourd’hui cotées principalement dans l’hémisphère Nord. En outre, de puissantes "centrales d’achat" doivent protéger le prix  de nos productions et de nos matières premières. Enfin, un service de renseignement civil et militaire à l’échelle continentale doit prévenir tout risque de conflit, tout pillage de ressources naturelles ou toute atteinte à notre environnement et à nos souverainetés nationales. Pour ce faire, nous devons nous appuyer sur les structures régionales déjà existantes.

L’élection de Donald Trump et son cortège (prévisible) de mesures protectionnistes, voire isolationnistes, doivent nous inspirer et nous enlever toute fausse pudeur afin de protéger nos propres intérêts.

Déjà, de grandes entreprises africaines figurent parmi les leaders mondiaux dans les domaines des mines, des télécommunications, de la distribution des télévisions payantes par satellite... Très tôt, ces groupes continentaux ont su prendre le virage business du panafricanisme. Mais, bien au-delà, il nous faut concentrer davantage les secteurs vitaux et stratégiques nécessaires à notre développement (eau, énergie, santé...) et bâtir de puissants conglomérats africains.

Ouverts sur le vaste monde, nous devons évidemment l’être... mais selon nos règles et selon nos intérêts !

Car, chacun le sait, les grandes puissances (fussent-elles protectionnistes) ont un besoin vital de nos ressources naturelles, voire de nos ressources humaines considérant leur déclin démographique. Alors, profitons-en pour ne parler que d’une seule voix et ainsi pousser les feux de notre développement !

Le nouveau contexte géopolitique mondial issu de l’élection du Président Donald Trump est donc une chance inespérée pour nous, Africains, de forcer le monde à rebattre les cartes... et, finalement, nous devons être ceux qui les distribuent .

 

M.R.

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Editorial

  • Secteur en panne !
    En mauvaise posture, le secteur éducatif malagasy va de mal en pis. Tel un navire en panne, en Haute mer, le moteur bloqué, l’équipage perd le contrôle. Le bâtiment tangue de gauche à droite. A la dérive, il risque le naufrage. A l’époque coloniale, l’instruction publique représentait l’un des principaux points d’achoppement du pouvoir en place. A l’aube de l’occupation, le Général Gallieni, premier gouverneur général de Madagasikara, se heurtait à une difficulté majeure : déterminer quel type d’instruction ou quel modèle d’enseignement, devrait être appliqué dans la colonie (Madagasikara) ? Un enseignement élitiste, de haut niveau, ou un enseignement élémentaire, rudimentaire ? Et encore « quelle langue d’enseignement adoptée ? » Deux grandes orientations ont été primées par le Général gouverneur : dispenser un enseignement pour un cursus éducatif de haut niveau pour les enfants des colons. D’où la création des lycées à Antananarivo, le lycée Gallieni (1908) et…

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