Publié dans Politique

Edgard Razafindravahy - « Le Ve sommet de la COI, c’est un moment décisif… »

Publié le mercredi, 09 avril 2025

Antananarivo s’apprête à accueillir, le 24 avril, le Ve Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Commission de l’océan Indien (COI). En prélude à cet événement majeur, les réunions préparatoires s’enchaînent. Les 15 et 16 avril 2025, les ministres des Affaires étrangères des Etats membres se réuniront à Eden Bleu, aux Seychelles, pour la 39e session du Conseil des ministres. Une rencontre qui elle-même fait suite à celle du comité des Officiers permanents de liaison, tenue les 4, 5 et 6 avril derniers à Maurice. A quelques jours du Sommet, Edgard Razafindravahy, secrétaire général de la COI, a accepté de répondre à nos questions. Il évoque un sommet « décisif », un moment « à ne pas manquer » pour insuffler un nouvel élan à la coopération régionale.

1. Quel est le sens du thème retenu par Madagascar pour ce 5e Sommet de la COI ?

Le thème – Sécurité, souveraineté alimentaire et nutrition pour le développement du marché de l’Indianocéanie – exprime une priorité stratégique : renforcer notre capacité à produire et transformer localement, pour mieux répondre aux besoins de nos populations.

Pendant plus de 40 ans, la COI a surtout été un espace de concertation. Aujourd’hui, Madagascar veut franchir un cap en proposant une véritable initiative régionale centrée sur la production. Notre ambition est claire : faire de Madagascar un pôle d’approvisionnement régional, capable de nourrir sa population et de fournir ses voisins. Mais cela suppose aussi que le marché régional s’ouvre pleinement.

2. Quelles réalités communes partagent les pays de la COI en matière de sécurité alimentaire ?

Tous nos Etats dépendent massivement des importations alimentaires, ce qui les rend vulnérables aux chocs extérieurs : crises logistiques, volatilité des prix...

L’Espace Agricole Commun propose une réponse collective. Madagascar peut produire davantage; les autres îles peuvent apporter leur expertise, leurs débouchés.

Mais pour que cela fonctionne, il faut lever les blocages techniques. Aujourd’hui, un produit agricole en provenance de Madagascar doit souvent subir plusieurs contrôles sanitaires avant d’être accepté par les îles voisines. Nous proposons que chaque pays dispose d’un laboratoire accrédité, reconnu par tous les Etats membres. Un seul contrôle devrait suffire pour permettre la libre circulation dans l’Indianocéanie. C’est une mesure concrète qui peut avoir un impact immédiat.

3. Quel rôle Madagascar est-il appelé à jouer dans cette dynamique ?

Madagascar peut devenir le grenier agricole de la région. Nous disposons des terres, de la main-d’œuvre et du savoir-faire. Ce qu’il nous manque, c’est l’accès régulier et structuré au marché régional.

Nous proposons de créer des zones de production sécurisées, reliées à des circuits logistiques efficaces, avec une vision régionale. Mon rôle, comme secrétaire général, est de favoriser cette intégration économique. Ouvrir les frontières commerciales, créer des débouchés durables pour nos producteurs, encourager les échanges.

4. Quels sont les acquis les plus marquants de la COI jusqu’à aujourd’hui ?

La COI a apporté des résultats concrets dans des domaines clés. En santé publique, le programme SEGA One Health a permis de renforcer notre capacité à gérer les crises sanitaires. En sécurité maritime, nous avons développé des mécanismes de coopération efficaces. Et sur le climat, plusieurs projets d’adaptation sont devenus des références.

Mais notre véritable réussite est d’avoir ancré une culture de la coopération. C’est dans cette logique que s’inscrit notre nouveau cap : construire un Espace commun autour de trois piliers :

• Des zones de production sécurisées pour l’agriculture et l’aquaculture ; 

• La libre circulation des produits ; 

• La mobilité des compétences, pour faciliter les échanges humains, et techniques.

5. La COI peut-elle jouer un rôle dans la résolution des tensions entre certains Etats membres?

La COI n’est pas une instance d’arbitrage, mais un espace de dialogue. Et c’est précisément ce qui fait sa force : elle permet aux Etats de se parler, même quand les sujets sont sensibles.

Certaines divergences sont connues, qu’il s’agisse des liaisons maritimes ou de questions de souveraineté. Mon rôle est d’éviter que ces tensions ne paralysent la dynamique collective. La priorité, c’est l’intérêt commun. La COI doit continuer à servir de lien.

6. Que représente pour vous ce 5e Sommet de la COI ?

C’est un moment décisif. Nous avons l’opportunité de redonner un élan politique fort à notre coopération.

Ce sommet doit marquer un tournant : des engagements clairs, des décisions concrètes. Nous devons montrer que la COI peut passer à une nouvelle étape, au service de nos sociétés.

L’avenir de nos îles se joue dans l’action collective, dans un espace régional mieux intégré, solidaire et ambitieux. C’est cela, l’Indianocéanie que nous voulons construire.

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Editorial

  • Vème Sommet !
    Clôture du Vème Sommet de la COI ! Effectivement, la cinquième édition de la rencontre au Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement des îles sœurs indianocéanie dans le cadre de la COI au CCI – Ivato s’est tenue le 24 avril dernier. Dois-je rappeler que c’est le troisième Sommet à Madagasikara après celui du 16 mars 1991 et du 27 juillet 2005. Le premier Sommet de la COI a eu lieu à Antananarivo le 16 mars 1991. A peine quelque mois seulement avant la crise politique qui devait déboucher, après une « longue grève », vers la chute de l’Amiral Didier Ratsiraka. Le second à Saint-Denis de La Réunion (France), le 3 décembre 1999. Le troisième à Antananarivo le 27 juillet 2005. Et le 4ème Sommet avant celui d’aujourd’hui, à Moroni en 2014.

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