Publié dans Politique

Frédéric Randriamamonjy - Un grand homme s’éteint

Publié le jeudi, 10 avril 2025
Frédéric Randriamamonjy - Un grand homme s’éteint Crédit photo Wikipédia

Il est le tout premier Malagasy à avoir obtenu le diplôme de doctorat en sciences naturelles (entomologie) délivré en 1963 par l’université de Dijon, en France. Il, c’est le Dr Frédéric Randriamamonjy qui est parti pour un monde meilleur mercredi à l’âge de 93 ans. Diplomate, académicien, politicien, historien, écrivain et fervent protestant FJKM réformé. Voilà le résumé de sa vie riche en histoire.

Grand-Croix de deuxième classe de l’ordre national malagasy, ce natif d’Ampananganana, Mandialaza, dans le District de Moramanga, est une grande fierté du Mangoro. Il a enseigné à l’école protestante d’Ambatonakanga de 1958 à 1961, au collège Paul Minault à Androhibe de 1963 à 1966 et à l’Institut national supérieur de formation et de recherche pédagogique à Antananarivo de 1967 à 1970. De 1970 à 1975, il a exercé en tant que secrétaire pour l’Afrique au Conseil œcuménique des églises à Genève, en Suisse.

De 1975 à 1986, il a été ambassadeur de Madagascar auprès des pays communistes (Union soviétique, République fédérale d’Allemagne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Pologne et Bulgarie) avec résidence à Moscou. De retour à Madagascar, il s’est orienté vers les carrières de politicien et d’académicien : conseiller municipal d’Antananarivo en (1969), membre de la Haute autorité de l’Etat (1992-1993) et député de Madagascar (1993-1998). Il a été le seul député ayant refusé le véhicule 4x4 offert par le Gouvernement de l’époque.

« Dès notre retour au pays, Dr Césaire Rabenoro, alors président de l’Akademia Malagasy, nous a dit d’intégrer celle-ci », a témoigné son épouse Esther Rasoloarimalala à l’Akademia Malagasy le 22 décembre 2022. Dr Randriamamonjy en est devenu membre titulaire en 2003. Cette société savante a consacré au couple la journée du 9 septembre 2021 en hommage à son immense œuvre et à sa consécration à la vie de l’académie.

Auteur prolixe, Dr Randriamamonjy a écrit un certain nombre de livres dans divers domaines. Les plus remarquables sont : Tantaran’i Madagasikara isam-paritra (2001), Tantaran’i Madagasikara 1895-2002 (2006) et Histoire des régions de Madagascar : des origines à la fin du 19e siècle (2008). Il tient énormément à ces trois ouvrages pour une noble raison. « C’est ma contribution à la mise en place des régions à Madagascar », a-t-il dit un jour.

En 2009, Nelly Ranaivo Rabetokotany a soutenu la thèse intitulée « Contribution à l’étude de l’enseignement du passé national dans les écoles de la république : l’exemple malgache de 1960 à nos jours, historiographie, histoire nationale, histoire scolaire, Histoire  à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) ». Voici le passage de son travail au sujet du Dr Randriamamonjy :

« F. Randriamamonjy, professeur en sciences expérimentales, ancien ambassadeur de Madagascar dans l’ex-Union soviétique, ancien député, président de la section histoire de l’Académie malgache, publie en 2004, Tantaran’i Madagasikara isam-paritra, une histoire des régions de Madagascar, écrite en langue malgache. Cet ouvrage est présenté par son auteur comme un manuel à l’usage des enseignants et des étudiants. Il répond à une démarche, longtemps contenue, de distinguer chaque région de Madagascar par une identité et un cours historique spécifiques. C’est le premier texte historique revendiquant des pluriels, un détour pour revoir le sens donné à l’unité, au peuple et à la nation malgache.

« En 2006, il rassemble, dans Tantaran’i Madagasikara : 1895-2002, deux formes de livraison écrite : le recueil d’évènements et le témoignage de l’auteur sur l’histoire de son pays. Lors de la présentation de son ouvrage à l’académie malgache, le 30 novembre 2006, l’auteur déclare que sa plus grande motivation en écrivant l’histoire de Madagascar est l’unité nationale.

« Cet ouvrage a le mérite de transmettre une interprétation de l’histoire contemporaine malgache en langue malgache, soutenue par une bibliographie donnant voix aux auteurs malgaches. Avec un relent nationaliste certain et une empreinte d’appartenance régionale, l’auteur offre un manuel d’histoire à la portée d’un public malgache. En 2008, l’auteur fait paraître une Histoire des régions de Madagascar, des origines à la fin du 19e siècle, traduction de sa première livraison ».

Son corps sera transporté à l’église Tranovato FJKM à Ambatonakanga, où il a été diacre, pour une messe religieuse samedi tôt le matin. Puis, il sera emmené à Ampananganana Mandialaza, Moramanga, où il sera inhumé dimanche après-midi. « Feue » et « feu » ne se disent pas pour une académicienne ou un académicien décédé(e). Que son âme repose en paix et toutes nos sincères condoléances à sa famille !

M.R.

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Editorial

  • Secteur en panne !
    En mauvaise posture, le secteur éducatif malagasy va de mal en pis. Tel un navire en panne, en Haute mer, le moteur bloqué, l’équipage perd le contrôle. Le bâtiment tangue de gauche à droite. A la dérive, il risque le naufrage. A l’époque coloniale, l’instruction publique représentait l’un des principaux points d’achoppement du pouvoir en place. A l’aube de l’occupation, le Général Gallieni, premier gouverneur général de Madagasikara, se heurtait à une difficulté majeure : déterminer quel type d’instruction ou quel modèle d’enseignement, devrait être appliqué dans la colonie (Madagasikara) ? Un enseignement élitiste, de haut niveau, ou un enseignement élémentaire, rudimentaire ? Et encore « quelle langue d’enseignement adoptée ? » Deux grandes orientations ont été primées par le Général gouverneur : dispenser un enseignement pour un cursus éducatif de haut niveau pour les enfants des colons. D’où la création des lycées à Antananarivo, le lycée Gallieni (1908) et…

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