Madagascar s’est lancé dans une véritable mue du secteur extractif, avec des réformes ambitieuses portées par la refonte du Code minier, renforcé par le décret MECIE encadrant les études d’impact environnemental. Le régime de l’or aussi a été revisité pour mieux cadrer les pratiques. Ces évolutions, saluées pour leur caractère plus inclusif, ont vu la participation active des organisations de la société civile, qui se félicitent d’être enfin écoutées lorsque le pays se repositionne dans la course aux minerais stratégiques. Aujourd’hui, les autorités brandissent ces avancées comme un levier capable d’attirer de nouveaux investisseurs sérieux, en offrant plus de clarté sur les permis, les redevances et les exigences environnementales. L’objectif déclaré est de relancer un secteur figé, améliorer la gouvernance, tout en respectant les droits des communautés locales et en assurant une meilleure redistribution des bénéfices. Mais ce tableau, sans être désolant, est teinté d’ombres qui inquiètent, même si ces inquiétudes ne sont pas sans raison. Les organisations de la société civile dénoncent unanimement une opacité troublante autour de la révision annoncée de la Loi sur les grands investissements miniers (LGIM).
Inclusivité
Malgré l’importance de ce texte, aucune consultation publique, aucun calendrier ni document de travail n’ont été communiqués, y compris à la plateforme nationale de l’ITIE, pourtant au cœur des engagements en matière de transparence. Le président de la Chambre des mines, lui aussi, se plaint du “silence préoccupant” entourant le processus. Des voix comme celles de « Publiez ce que vous payez » insistent pour que les petites entreprises locales, et non uniquement les grands groupes, soient prises en compte. Pourtant, une lueur d’espoir subsiste. “L’avenir du secteur extractif malagasy repose sur notre capacité collective à construire un cadre juridique équitable foncé sur la transparence, l’inclusivité et le dialogue”, rappellent les OSC, prêtes à contribuer activement à toute démarche sincère. Et s’il est vrai que des ateliers de concertation ont eu lieu dans le passé où la société civile, les collectivités et les opérateurs ont pu s’exprimer, il est impératif que cette dynamique reprenne vigueur, plus forte et plus claire. Seule une gouvernance, où la société civile, les collectivités, le secteur privé et l’Etat dialoguent franchement, permettra de poser les bases d’un développement minier durable, apportant retour économique, justice sociale et respect de l’environnement à tous. Avec un processus ouvert, transparent et partagé, Madagascar peut non seulement rassurer ses partenaires, mais aussi montrer qu’un avenir minier raisonné est possible.