L’affaire du bois de rose exporté de Madagascar et saisi à Singapour est loin d’être estompée. Le contraire constitue d’ailleurs une surprise dans la mesure où jusqu’à maintenant les auteurs de ce trafic, découvert en cours de mandat du précédent régime, ne sont pas identifiés. Seuls deux responsables du ministère de l’Environnement dont la secrétaire particulière du ministre de l’époque croupissent depuis quelques jours à la prison d’Antanimora. Considérés par l’opinion publique comme des boucs émissaires, ils subissent l’enfer de l’incarcération contrairement aux gros bonnets, auteurs ou complices, qui hument encore l’air libre. Le ministre Anthelme Ramparany figure parmi les suspects dans cette affaire mais personne n’est en mesure, du mois les citoyens lambda, à quel titre, complice ou auteur.
Convoqué au BIANCO le mois dernier, l’ancien ministre, une fois son audition terminée est présenté devant le pôle anti-corruption (PAC) avec ses anciens collaborateurs. Contrairement à ces derniers placés directement à la prison d’Antanimora à l’issue de l’enquête judiciaire, Anthelme Ramparany est laissé libre. Et pour cause, en tant que ministre et que l’accusation portée contre lui s’est déroulée durant sa fonction ministérielle, la Haute Cour de Justice (HCJ) est la seule à pouvoir le juger. A l’instar du Président de la République, du Premier ministre, les membres du Gouvernement figurent eux aussi sur la liste des « intouchables » par un simple Tribunal. Des procédures devront être entamées par la HCJ avant qu’elle puisse « traiter » la personne incriminée. Des informations circulaient ces derniers temps que le dossier du ministre Anthelme Ramparany serait déjà transmis par le PAC à qui de droit à savoir la HCJ. Celle-ci aura ainsi l’obligation de mettre à la lumière la responsabilité de l’ancien ministre dans l’envoi des bois de rose dont l’exportation est interdite depuis 2010 comme l’a rappelé le PM Ravelonarivo Jean dans sa lettre envoyée à la justice singapourienne lors du procès impliquant les acheteurs.
En dépit de cette interdiction officielle en effet, un navire transportant 30.000 rondins de bois de rose quitta le port de Toamasina au mois de février 2014. Soit plus d’un mois après l’investiture du Président Hery Rajaonarimampianina. Cette marchandise d’une valeur de 50 millions de $ passait sans encombre le grand port de l’Est étant donné qu’elle était « escortée » par des documents d’autorisation d’exportation signés par les autorités. Un mois après son départ de Madagascar, le navire fut inspecté à Singapour où a été découvert le pot aux roses. Suivent ensuite des procès à n’en plus finir mettant en cause les acheteurs accusés d’avoir importé ces marchandises sans autorisation. La partie malagasy entre dans la danse par le biais du ministre de l’Environnement Anthelme Ramparany qui, à l’issue d’un voyage d’inspection à Singapour, aurait confirmé à la justice singapourienne l’authenticité des documents accompagnants la marchandise. Une bouée de sauvetage jetée aux acheteurs qui du coup ont vu leurs chefs d’inculpations amoindris. Or, des mois après cette confirmation du ministre, l’Etat malagasy, sous la pression de la CITES, s’est rebiffé en déclarant au Tribunal singapourien l’illégalité de l’exportation. Ce qui sous-entend que les documents ayant autorisé la sortie des bois de rose sont des faux. Un désaveu total du ministre Anthelme Ramparany qui affirmait le contraire quelques mois auparavant. De la forte pression des organismes internationaux de protection des espèces protégées, la partie malagasy se trouvait dans l’obligation d’effectuer quelques pas de danse pour justifier qu’elle est dans le tempo international. Elle a entamé des actions dont la déposition d’une plainte contre X pour faux et usage de faux au Tribunal d’Antananarivo. Ce faux concernerait le document signé par le ministre Anthelme Ramparany. Celui-ci, selon les informations, aurait martelé lors de ses auditions au BIANCO que sa signature était scannée… La balle est maintenant entre les mains de la HCJ.
La rédaction