Publié dans Politique

Bois de rose saisis à Singapour - L’acheteur chinois acquitté

Publié le mercredi, 24 avril 2019

Grosse déception des environnementalistes. La justice singapourienne venait de sortir un verdict contre leur attente quant à l’issue de l’affaire de bois de rose illégaux provenant de Madagascar saisis à Singapour en 2014. La valeur marchande des rondins frappés d’interdiction était estimée à 50 millions de dollars. La plus grosse saisie de son genre jamais rapportée dans le monde a fait couler beaucoup d’encre  depuis. Selon une information diffusée vendredi dernier, la Cour d’Appel de la Cour suprême du Singapour a acquitté le riche homme d’affaires Wong Wee Keong et a ordonné la restitution à celui-ci de la totalité des bois saisis dans cet Etat-cité de l’Asie, dans les plus brefs délais. Voilà alors une nouvelle qui devrait faire des vagues chez nous en ce moment où le régime prône la bonne gouvernance des ressources naturelles au profit du développement.

En porte-à-faux

Le verdict prononcé le 8 avril est l’aboutissement des années de sage judiciaire. En 2014, les autorités du Singapour ont saisi près de 30 000 rondins de bois de rose du riche Wong Wee Keong, propriétaire de la compagnie Kong Hoo basée sur leur territoire. Les marchandises étaient avérées en porte-à-faux par rapport à la Convention internationale sur le commerce des espèces d’animaux et de plantes sauvages en danger (CITES) et la loi malagasy.

Le trafiquant a été en 2015 condamné à trois mois d’emprisonnement et au paiement d’une amende totale d’un million de dollars, 500 000 dollars pour lui et 500 000 pour sa compagnie. Mais, quatre ans plus tard, la justice singapourienne est revenue sur sa décision en relaxant le trafiquant et en ordonnant aussi la restitution des bois de rose provenant de Madagascar à son « propriétaire » de circonstance.

Dans un gros embarras

Les cargos étaient initialement considérés en infraction sur le sol singapourien. Ils étaient également vus comme en transit. Dans tous les cas, la tergiversation et l’attitude manifestement floue des autorités malagasy vis-à-vis de cette affaire ont jeté leurs pairs singapouriens dans un gros embarras. La position du précédent régime qui devait régler l’affaire selon la règle de l’art a fait patiner l’avancement de son traitement.

Antananarivo a mis longtemps à confirmer l’authenticité des documents ayant accompagné les cargaisons qui partaient clandestinement de Madagascar. Il a fallu attendre le déplacement en 2015 du ministre de l’Environnement Anthelme Ramparany de l’époque à Singapour pour produire a posteriori les documents requis. Mais l’authenticité de sa correspondance était aussi douteuse. La justice singapourienne poursuivait son travail entre-temps.

Gros problème

La Cour d’Appel du Singapour était au final convaincue que les bois au nom de Wong Wee Keong étaient en transit. Selon elle, la compagnie Kong Hoo avait déjà tenté de réserver le transport d’un cinquième des 30 000 rondins pour Hong Kong. Le trafiquant pourrait alors récupérer ses marchandises dans quelques semaines et dès l’épuration de la procédure avec le Gouvernement singapourien qui lui a demandé le paiement du frais d’entreposage.

Le rebondissement de l’affaire a écœuré les environnementalistes mondiaux qui ont remué ciel et terre pour faire la lumière sur elle. Ils ne sont pas prêts de baisser pavillon malgré tout. Selon eux, même si Wong Wee Keong récupérera ses « biens », il sera confronté à un gros problème. Il n’a pas entre ses mains l’autorisation valable de la CITES délivrée à Madagascar, le pays d’origine des bois, lui permettant de les envoyer à destination finale.

Dans ce cas, ces bois seront toujours vus comme illégaux et seront de ce fait sujets à une nouvelle saisie dans n’importe quel pays signataire de la CITES. Selon des observateurs, les bois stockés à Singapour pourraient être divisés en plusieurs lots pour faciliter leur envoi dans un pays asiatique voisin. De notoriété publique, la Chine reste la principale destination de la plus grosse part de tous les bois de rose en circulation dans le monde.

Ferme décision

Suivant de très près cette affaire, les activistes internationaux ont déjà contacté les autorités chinoises, y compris l’ambassade de la Chine à Antananarivo, au sujet de l’éventuelle virée que ces bois malagasy pourraient faire sur le sol chinois. La Banque mondiale et l’Interpol sont aussi déjà alertés pour que ces institutions mettent en marche un système de pistage et de suivi des conteneurs en mouvement.

L’occasion est bonne pour Madagascar de démontrer aux yeux du monde entier sa ferme décision de combattre le trafic illicite de ses ressources. Il y a encore des chances pour l’île d’être rétablie dans son bon droit. Antananarivo doit donc se manifester eu égard au récent rebondissement de l’affaire. Par ailleurs, les agences environnementales à travers le monde attendent le signal fort des autorités malagasy dans ce sens.

Au niveau national, les citoyens s’interrogent sur l’identité de celui qui a fait sortir ces bois de rose à l’extérieur. Eddy bois de rose qui est incarcéré à la maison de force de Tsiafahy  depuis son retour d’exil volontaire en Chine en est-il l’investigateur de cette exportation illicite ou s’agit-il d’un autre individu ? Des questions qui restent jusqu’à maintenant sans réponses…

M.R.

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Editorial

  • La faucheuse
    Fossoyeuse ou faucheuse, qu’à cela ne tienne, elle abat allègrement ! La Compagnie nationale d’eau et d’électricité, Jiro sy Rano Malagasy (JIRAMA), tue et abat sans autre forme de procès. En fait, pour le compte du premier quart de siècle de l’An 2000, la JIRAMA fauche tout ce qui bouge sur son passage. Créée dans la foulée et la folie de l’arrivée au pouvoir en 1975 du jeune capitaine de Frégate Didier Ratsiraka, par les avalanches de nationalisations, la JIRAMA voit le jour le 17 octobre 1975. Elle résulte de la fusion de la Société Malagasy des Eaux et Electricité (SMEE) et la Société des Energies de Madagasikara (SEM). Son rôle se concentre sur la distribution des services essentiels dont l’eau et l’électricité à travers le pays. La vague d’étatisations depuis 1975 se manifeste par des initiales « ma » (malagasy) à toutes les nouvelles marques des entités commerciales et…

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