Publié dans Politique

Restitution des Iles Eparses - En avant pour l’élan national !

Publié le jeudi, 06 juin 2019

Les Iles Eparses dispersent les avis. Le Président Andry Rajoelina et son homologue français Emmanuel Macron ont annoncé la semaine passée qu’ils allaient reprendre les discussions sur ce dossier. Les deux dirigeants ont alors mis l’accent sur la mise en place d’une commission mixte afin d’aboutir à une solution consensuelle d’ici juin 2020, date du 60e anniversaire du retour de l’Indépendance de Madagascar. Des groupes composés essentiellement de personnalités politiques, universitaires et académiques aux relents nationalistes ont beaucoup gesticulé ces dernières années sur la restitution de ces îles à leur vrai propriétaire qu’est le peuple malagasy. Des activistes nationaux se sont aussi joints à eux pour grossir les rangs dans le même but. Le mutisme quasi-généralisé après que l’actuel Chef de l’Etat a entrepris de prendre la bête par les cornes est assourdissant. Profitant des possibilités offertes par les réseaux sociaux, des citoyens y publient des avis infiniment variés sur le sujet. Beaucoup s’engagent dans des débats stériles au lieu de cogiter ensemble pour redynamiser l’élan national autour de la même cause, objet d’une décision onusienne dans les années 1970.
Nouvelle loi
Il est opportun de retracer la voie empruntée par le rebondissement de l’affaire. L’association Malagasy Miaro ny Nosy Malagasy (MMNM) dirigée par le politicien Alain Ramaroson était parmi les déclencheurs du mouvement. Le 11 novembre 2015, sa troupe était allée rencontrer le bureau permanent de l’Assemblée nationale pour inviter les législateurs à adopter une nouvelle loi régissant les îles malagasy. Devant la presse, les représentants du MMNM ont exposé des renseignements qui faisaient saliver. D’une superficie totale de 43,2 km?, les Bassas da India, Europa, Glorieuses et Juan de Nova représentent une zone économique exclusive de 640 000 km?. S’y ajoutent un groupe d’atolls de 270 et nombreux autres petits ilots disposés sur le plateau continental de Madagascar.

Les Iles Eparses recèlent d’immenses richesses minérales et marines. Outre la richesse en biodiversité marine et terrestre, elles sont supposées contenir 6 à 12 milliards de barils de pétrole et de 3 à 5 milliards de mètres cubes de gaz, le tout évalué à 400 milliards de dollars. A titre de comparaison, le total des réserves de carburants fossiles découverts dans les pays du Golf arabo-musulman est estimé à 35 milliards de barils.
Nouvelle géopolitique
La divulgation de telles informations a soulevé des vagues de réactions sous forme de déclarations et de conférences. Le 1er mars 2016, le Dr Ikililou Dhoinine, alors Président de l’Union des Comores, était en visite à Antananarivo. « Madagascar peut compter sur le soutien des Comores pour la rétrocession des Iles Eparses » était un des messages-clés entendus à l’issue de son passage au Palais d’Etat d’Iavoloha. Il s’agissait de la première visite officielle d’un Chef d’Etat depuis le début du mandat de Hery Rajaonarimampianina. Partant, le symposium national pour la restitution des îles malagasy se tenait le 23 juillet 2016 à la mairie d’Analakely sous l’impulsion, entre autres, des Arlette Ramaroson, ancienne juge internationale et candidate à la présidentielle de 2018, et de Marie René Joël Harison. Un groupe de politiciens, dont l’enseignant-chercheur René Rasolofo (Toliara) et l’ancien sénateur Joseph Yolande, abondait dans le même sens en octobre 2016. Le clan à feu Andrianjaka Rajaonah du parti nationaliste Otrikafo en faisait autant. Tous ont requis la restitution de ces îles à Madagascar. Dans la même foulée, Dr Harimanana Raniriharinosy, alors président national du Syndicat des enseignants-chercheurs de l’enseignement supérieur (SECES) a donné une conférence intitulée « Nouvelle géopolitique de l’océan Indien autour des îles malgaches » à l’Amphi 24 de la faculté des Lettres et Sciences humaines à l’université d’Antananarivo dans l’après-midi du 5 octobre 2016.
Monde multipolaire
Pour sa part, l’ambassadrice de la France, Véronique Vouland-Anéini, insistait sur la souveraineté de Paris sur ces îles au moment où la ministre des Départements et des Territoires d’Outre-mer préparait sa visite dans l’océan Indien du 9 au 11 novembre 2016. Plus tard, son prédécesseur Jean-Marc Châtaigner, citera dans un document de géopolitique que « L’océan Indien est une chance pour la France. La France est une chance pour l’océan Indien ».
De ce fait, le cas des îles malagasy était cité dans un écrit daté de novembre 2016 de Mahamoudou Ndriandahy en sa qualité de secrétaire exécutif national de la Plateforme nationale des organisations de la société civile de Madagascar (PFNOSCM). Mais les joutes oratoires sur ces îles étaient loin de s’estomper à l’époque. Le tour était venu pour le juriste de renommée internationale Raymond Ranjeva de s’exprimer sur le même sujet dans le cadre colloque international du Grand Cercle du CEDS, du 23 au 24 février 2017, au Carlton Anosy. L’événement intitulé « La stabilité du Grand océan Indien et de son arrière-zone dans un monde multipolaire en pleine mutation : perspectives géopolitiques et géoéconomiques » était une occasion pour l’actuel président de l’Akademia Malagasy de discourir longuement sur des aspects historiques et juridiques de ces îles.
Au prix des vies humaines
A l’instar d’Arlette Ramaroson, le Pr Raymond Ranjeva mettait l’accent sur le caractère non négociable de l’appartenance juridique de ces îles malagasy à la République de Madagascar. Il convient de souligner que les fortes mobilisations nationales en 2015, 2016 et 2017 sur elles poussaient l’ancien locataire d’Iavoloha à évoquer le sujet au cours d’une rencontre à l’Elysée le 28 juin, deux mois après l’arrivée au pouvoir du Président Emmanuel Macron. Les discussions en haut lieu qui devaient s’élancer dès lors se taisaient après. Le dialogue n’a refait surface qu’après la récente visite officielle de notre leader à Paris. L’éventuelle création de la commission mixte sera une opportunité pour ceux et celles ayant élevé la voix de faire valoir leur point de vue respectif au nom de l’intérêt supérieur de la nation dont ils portent le fanion. Dans la brousse, en cas de vol de bœufs, les gens, avec ou sans l’assistance des Forces de l’ordre, s’organisent pour se mettre sur les traces du troupeau arraché des mains des propriétaires afin de récupérer les animaux, même au prix des vies humaines. Les partisans de la restitution pure et simple des Iles Eparses, et tous les Malagasy, doivent faire de même. Ces îles boudées par l’ancienne puissance coloniale nous appartiennent.
M.R.

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Editorial

  • D’utilité publique
     Est reconnu « Service d’utilité publique » (SUP) par l’Etat tout organisme (ONG), une entité qui se met au service des intérêts basiques quotidiens des gens. Exemples : le service de la voirie, les caisses de la Trésorerie publique, les banques, les Postes et Télécommunications (téléphonie mobile), les transports en commun, la compagnie nationale d’eau et d’électricité, etc. Leurs manquements répétés créent des désagréments notables voire fâcheux au bon déroulement du train-train de la vie des usagers, en particulier, de la population en général. L’Etat veille au bon fonctionnement des services reconnus d’utilité publique.Vingt inspecteurs et contrôleurs semenciers émargés au sein du ministère de l’Agriculture et de l’Elevage (MinAE) ont prêté serment près du Tribunal de première instance (TPI) à Anosy le week-end dernier. Issus des sept Régions dont Alaotra-Mangoro, Analanjirofo, Atsimo-Andrefana, Vakinankaratra, Boeny, SAVA et DIANA, les nouveaux sortants œuvreront tout droit à l’amélioration de la production des semences…

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