Publié dans Politique

Pandémie de Covid-19 - Des actes citoyens suspendus

Publié le vendredi, 27 mars 2020

Demain, nous célébrerons le 73e anniversaire de la lutte pour la libération nationale. Mais la commémoration des événements les plus douloureux de l’histoire contemporaine du pays se déroulera dans une ambiance morose imposée par la propagation du Covid-19. En effet, les cérémonies, sur l’étendue du territoire, sont annulées à l’exception d’une seule au Mausolée sis à Avaratr’Ankatso mais avec des mesures de restriction et de sécurité très strictes.
Selon l’historien Solofo Randrianja, l’érection de la première stèle commémorative du 29 mars 1947 et la commémoration de la journée du 29 mars 1947 par l’Etat, avec le changement des noms de rue dans les grandes villes malagasy, étaient décidées lors du 10e congrès du parti gouvernemental – Parti social démocrate (PSD) – tenu en septembre 1966, sur proposition de « l’aile marchante du PSD », courant du parti mené par André Resampa, ministre d’Etat chargé de l’Intérieur.
« Par la force des choses, la commémoration de 1967 a eu le mérite important d’avoir créé le précédent qui permettra d’engager des débats sur des questions longtemps tabou. Mais le "travail de mémoire" plus que le "devoir de mémoire" est un travail collectif de deuil, s’y soustraire expose au "cercle infernal de l’inculpation-disculpation". Elle a permis de poser la nécessité d’ériger la stèle comme un lieu de mémoire à fréquemment visiter car incarnant ce travail collectif », note l’auteur.
Marque extérieure et palpable
Mais le choix du lieu à Antananarivo créait des polémiques. L’historien, dans un écrit, les relate de cette façon : « Cette aile semble de plus en plus s’imposer au sein du parti comme en témoignent les réactions dans Ny Marina (PSD) du 2 octobre 1964, l’érection d’une stèle à la mémoire de ceux qui sont morts pour l’indépendance de Madagascar a été décidée par le conseil municipal de Tananarive. La stèle sera érigée là où se dressait autrefois la statue de Gallieni. Nous nous élevons contre, car c’est là une idée de gens pourris d’orgueil. C’est la ville de Moramanga qui devait être choisie et non Tananarive où il n’y a pas eu un seul nationaliste tué en 1947. Nous demandons au ministère de l’Intérieur de rejeter cette décision ».
Le chercheur rapporte aussi des passages, lus dans le journal Hita sy Re du 27 janvier 1968, suivants : « L’acceptation par le gouvernement malgache de faire de la journée du 29 mars une journée nationale du souvenir célébrée chaque année plaît énormément. Mais la commémoration en pensée... ne suffit pas. On a besoin... d’une marque extérieure et palpable d’un monument concret... Chaque année, des dirigeants malgaches en compagnie de représentants du gouvernement français, etc. déposent des gerbes au monument élevé à la mémoire des soldats morts pour la France... On éprouve un tiraillement à cœur en voyant cela ». Cette année, tous les Malagasy se commémoreront à juste titre le 29 mars 1947 avec « un tiraillement à cœur ».
L’acte citoyen le plus important
La célébration de premier anniversaire du Tagnamaro initié par le ministère de la Communication et de la Culture est un autre acte citoyen suspendu par la pandémie à coronavirus. La cérémonie prévue à cet effet était prévue se tenir le 21 mars dernier dans l’enceinte du lycée d’enseignement général Jean-Joseph Rabearivelo à Analakely. La date a coïncidé avec la journée des poètes où l’érection d’une stèle était au programme, outre une opération de reboisement. La situation d’exception a poussé les responsables à tout ajourner.
Le confinement total met également en stand-by le processus de Révision annuelle de la liste électorale (Rale) enclenché depuis le 1er décembre. Du 10 mars à la fin de ce mois, tous les citoyens sont invités à se rendre au bureau de fokontany pour vérifier si leurs noms sont bien inscrits sur la liste électorale ou si les mentions à leur sujet comportent des erreurs à corriger. Des spots radio et télé ont été diffusés dans ce sens juste à la veille de l’état de nécessité d’urgence décrété le 21 mars.
Puisque les mesures de confinement total interdisent tout déplacement jugé non essentiel hors de chez soi, l’invitation d’aller au bureau de fokontany n’est plus de vigueur. Les stations radio et télé ont du reste cessé de diffuser les spots au profit de la lutte contre le coronavirus. Par ailleurs, presque tous les lieux de travail sont restés fermés jusqu’à nouvel ordre. Malgré tout, rester confiné chez soi jusqu’à l’extinction de l’ennemi commun, le Covid-19, demeure l’acte citoyen le plus important, voire même vital, dans le contexte actuel de solidarité obligée.
M.R.

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Editorial

  • Lueur d’espoir !
    Tout n’est pas noir. Une source de lumière apparait à l’horizon. Et l’espoir est permis. En dépit des galères éternelles que la misère nous impose, que l’insécurité nous étreint et que la JIRAMA nous empoisonne tous les jours, une lueur d’espoir nous embaume le cœur. Tous les efforts sont mis en branle mais la misère persiste et signe. Avec un revenu mensuel moyen de 40 euros ou 43 dollars par habitant, de sources autorisées de la Banque mondiale, Madagasikara reste parmi les cinq pays les plus pauvres de la planète. A titre d’illustration, Rwanda 76 dollars, France 3482 euros. Comparaison n’est pas raison mais les chiffres sont là. Ils évoquent certaines situations comparatives indéniables. Les insuffisances chroniques alimentaires surtout dans le grand Sud trahissent malgré les tentatives de certains responsables de relativiser le cas.

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