En cas de rupture de vaisseaux sanguins, il s'agit de l'AVC hémorragique », informe le Dr Charles Rasolonjatovo, neurochirurgien et chef du service neurochirurgie au sein du Centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHU-JRA). Ce service enregistre 2 à 3 interventions chirurgicales liées à l'AVC par semaine, en collaboration avec les équipes de la réanimation. Trois patients sur 5 s'en sortent vivants, soit un taux de réussite de 60 % de l'opération. Le retard de consultation au niveau des hôpitaux explique cette situation. En fait, bon nombre de patients arrivent en formation sanitaire avec un état grave ou dépassé, ce qui détériore les résultats. A cela s'ajoute l'absence de transport médicalisé pour les patients issus des zones enclavées.
Une unité neurovasculaire sollicitée
Une intervention chirurgicale d'un patient atteint d'AVC, laquelle dure 2 à 6h, coûte entre 800 000 à 2 millions d'ariary, selon les informations recueillies. La majorité des patients s'en sortent avec des séquelles, légères ou graves, même ceux qui ont subi des interventions chirurgicales. Le handicap physique, notamment la paralysie, les troubles de la mémoire et de la faculté cognitive ou encore ceux neuropsychiques en font partie. Ils deviennent handicapés et non productifs, dans la plupart des cas. D'un autre côté, certaines opérations restent irréalisables à Madagascar, dont l'artérographie et l'angiographie cérébrale. 20 % des cas d'AVC, soit un patient sur 5, nécessitent pourtant ces interventions chirurgicales. Il en est de même pour l'ambolisation, laquelle évite l'ouverture de la boîte crânienne. « Nous sollicitions l'ouverture d'une unité neurovasculaire pour prendre en charge toutes les pathologies y afférentes, y compris les interventions chirurgicales encore non réalisées dans le pays. Cette unité regroupera à la fois les spécialistes en cardiologie, en neurologie, en neurochirurgie ainsi que les anesthésistes réanimateurs », rapporte le neurochirurgien. Sa mise en place réduira à la fois les coûts élevés de l'évacuation sanitaire à l'étranger, allant jusqu'à 38 000 euros, soit plus de 171 millions d'ariary, et améliorera la réussite des opérations réalisées à Madagascar.
Notons que pour prévenir les AVC, le spécialiste recommande l'adoption d'une bonne hygiène et mode de vie, notamment en pratiquant des exercices physiques réguliers et en consommant des aliments sains et équilibrés. La consommation d'alcool et de tabac reste à modérer, voire à bannir. Pour les hypertendus, le dépistage systématique et la prise des médicaments prescrits réduiraient les risques.
Patricia Ramavonirina