Publié dans Société

Promotion de l’hygiène - Les savons artisanaux ont la cote !

Publié le lundi, 17 octobre 2022



En pullulement depuis la crise sanitaire de la Covid-19. La hausse du prix de savon a occasionné la multiplication de la fabrication de savons artisanaux, tant en milieu urbain que rural. Pour la Commune rurale d’Evato, dans le District de Farafangana, Région d’Atsimo-Atsinanana, « Madagascar Soap Project » met en œuvre un projet pilote pour former les femmes leaders sur la production de savons artisanaux, à partir des ressources locales. Les résultats en matière d’hygiène sont tangibles après quelques mois de pratique.

Une hausse jusqu’à 100 %. Les consommateurs n’ont cessé de se plaindre face à l’augmentation vertigineuse du prix du savon sur le marché local, notamment depuis la crise sanitaire due au coronavirus. Aucun changement n’a été observé malgré la grogne des habitants ou encore les négociations entre les industriels et les autorités compétentes. Par contre, l’on a constaté l’apparition de plusieurs entités et projets axés sur la production de savons artisanaux. Les formations et pratiques à domicile y afférentes s’enchaînent, tant dans les zones urbaines que dans les campagnes. Pour la Commune d’Evato, à Farafangana, « Madagascar Soap Project » (MSP) a bénéficié du soutien du centre VALBIO et du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) afin de former des leaders sur la fabrication de savons artisanaux. « Tout a commencé il y a 8 ans, lorsque j’ai mené des recherches à Ranomafana pour ma mémoire de fin d’études. J’étais curieux par rapport aux activités de l’ONG Pivot sur le volet de la santé, notamment les comportements de la population quant à l’hygiène, notamment le lavage des mains. En fait, j’ai pu constater que les gens peinent à se laver les mains, non pas par paresse ou faute de volonté, mais à cause de l’absence du savon », se souvient Chris Coulter, fondateur du MSP. « Je me suis dit : la fabrication de savons artisanaux est courante aux Etats-Unis. Pourquoi ne pas la pratiquer ici, d’autant plus que cette localité dispose des ressources nécessaires et exploitables pour ce faire ? », ajoute le jeune chercheur américain.
Les employés du centre « Valorisation de la biodiversité » (VALBIO) sis à Ranomafana contribuent également à la mise en œuvre de ce projet, avec les descentes auprès des communautés pour identifier les ressources exploitées, entre autres. « Ce projet pilote touche à la fois l’hygiène, l’assainissement et la préservation de l’environnement. Le fait que les communautés locales aient des activités génératrices de revenus (AGR), dont la fabrication de savons artisanaux, réduit les pressions sur les forêts et les aires protégées. De plus, l’on peut renforcer les activités de mise en place de pépinières et de reboisement une fois que les matières premières pour la production sont identifiées, comme les espèces de plantes utilisées », avance Pascal Rabeson, directeur national de VALBIO.

Fabrication à partir des ingrédients locaux
Cendres, feuilles de bananiers, cannelle, « Ravintsara », Eucalyptus, « Ravim-bomanga », citronnelle, ou encore le « toaka gasy » et l’huile de palme, etc. Ils font partie des ingrédients utilisés pour la fabrication de savons artisanaux, avec les techniques de MSP. Le « toaka gasy » ou rhum artisanal peut remplacer l’éthanol. Celui-ci sert de catalyseur dans l’action de saponification, outre le fait qu’il donne la clarté du savon. L’huile booste la mousse tandis que le sel, un ingrédient optionnel, renforce la consistance. Quant aux plantes, les producteurs les utilisent surtout pour le parfum, en les séchant et les transformant en poudre. « Les spécialistes nous ont appris les techniques de base mais nous faisons également des recherches, notamment pour le parfum. Nous utilisons par exemple le « tamotamo » ou le « Ravin-kininim-boasary » », avance Soa Bernadine, femme leader dans la production de savons artisanaux auprès du Fokontany de Mitelo, à Evato. Ce quartier fait partie des 12 Fokontany où des femmes ont bénéficié d’une formation et pratique de 6 mois en la matière.
« La fabrication de savons se fait d’une manière scientifique mais nous l’avons vulgarisé pour que tout le monde, même les analphabètes ou les sans diplôme, puisse le pratiquer chez eux. La preuve, la quantification des ingrédients se fait à partir des outils disponibles sur place, et non avec une balance », affirme Caroline Rojosoa Notahiana, coordonatrice au sein du MSP.

Destinés pour l’usage corporel
« Les savons que nous fabriquons sont pour le moment utilisés pour l’hygiène corporel, dont le lavage des mains. Ils sont produits sous plusieurs formes, que ce soit solide, liquide ou crémeux. Nous ne produisons pas encore de savons destinés pour la lessive, bien que nous ayons déjà appris les techniques pour leur fabrication », ajoute l’une des femmes leaders issues de la Commune d’Evato. D’ailleurs, la mise en œuvre de ce projet pilote de fabrication de savons artisanaux a pour objectif de promouvoir l’hygiène, y compris le lavage des mains. Outre la formation des producteurs locaux, le MSP distribue des savons artisanaux pour les familles nécessiteuses. « Nous avons pu distribuer 43.200 barres de savons auprès de 4.000 ménages depuis le début du mois d’octobre. Nos descentes auprès des communautés constituent une occasion de renforcer les sensibilisations sur l’hygiène corporel, y compris le lavage des mains », avance la coordonnatrice dudit projet.
Des grands changements sont constatés auprès des communautés ces derniers mois, selon les témoignages. « Les habitants de notre quartier sont habitués à se laver quotidiennement, d’autant plus qu’ils peuvent produire eux-mêmes les savons pour ce faire. Ils peuvent les personnaliser et les parfumer selon leur guise. Ils maîtrisent les techniques pour ce faire », nous confie une femme leader. Les enquêteurs sont actuellement en mission auprès des Fokontany pour évaluer et quantifier ces changements, selon les informations recueillies auprès du MSP. Dans tous les cas, le développement du secteur contribue à l'épanouissement des ménages ainsi qu’à la promotion de l'hygiène et de l'assainissement, à en croire le maire de la Commune d’Evato, en la personne de Tatarison. Le défi actuel étant la pérennisation à la fois de l’hygiène et de l’activité génératrice de revenus qu’est la fabrication de savons artisanaux…









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Editorial

  • Visite d’Etat
    Le pays s’apprête à accueillir une visite d’Etat. Dans une ambiance effervescente, la Grande île se prépare à recevoir sur le sol malagasy, en visite d’Etat, le Président français Emmanuel Macron le 23 avril. Ce sera le 5ème voyage officiel d’un Chef d’Etat français à Madagasikara mais il s’agit cette fois-ci d’une visite d’Etat. On entend par « visite d’Etat, un voyage officiel d’un Chef d’Etat souverain dans un pays souverain suite à l’invitation officielle du Chef d’Etat d’un pays souverain. C’est le plus haut niveau protocolaire d’un voyage officiel qu’effectue un Chef d’Etat à l’extérieur. Selon le protocole français en matière de visite ou voyage du Chef d’Etat, il existe trois sortes de voyage : le voyage officiel (d’Etat éventuellement), le voyage de travail et le voyage privé. Le général de Gaulle effectua un voyage officiel à Madagasikara en 1958. Il ne s’agissait pas d’une visite d’Etat du fait…

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