Selon les résultats obtenus dans la Région d’Analamanga, notamment dans la maison centrale d’Antanimora et la maison de force de Tsiafahy, plus de deux tiers des auteurs de corruption en milieu carcéral se composent d’agents pénitentiaires, soit respectivement 76 % et 71 %. Ces agents pénitentiaires étant entièrement les auteurs des corruptions dans le transfert des détenus d’une prison à une autre, ou encore dans l’autorisation de sortie des prisonniers pour des évènements familiaux, à l’exemple de décès. Certains détenus peuvent même entrer et sortir de la prison sans raison définie, en versant de l’argent. D’autres sont privilégiés pour diriger des services carcéraux, dont la distribution de nourriture et d’eau potable ou encore la gestion des sanitaires, comme le cas dans la Région d’Atsinanana. Le risque de corruption se présente ainsi sous forme de monnayage de ces services par les co-détenus, selon toujours les résultats de l’enquête.
La méconnaissance des droits comme origine
« Les personnes détenues ainsi que leurs familles ignorent leurs droits, ce qui favorisent les cas de corruption en milieu carcéral », affirme Prisca Randrianasolo, vice-présidente de la CNIDH. A cela s’ajoute l’ignorance des procédures ou des services gratuits. L’élaboration et l’envoi de demande de liberté provisoire (LP) ou encore d’opposition en font partie. Certains payent 230.000 jusqu’à 2,6 millions d’ariary afin d’accéder aux paperasses requises pour la demande d’obtention de LP ou autres libertés conditionnelles. Normalement, l’accès aux demandes et la mise en œuvre de ces procédures se font gratuitement. Cependant, certains profitent de l’ignorance des concernés, notamment les familles des détenus, pour leur soutirer de l’argent. Il en est de même pour le droit à un avocat ou encore la répartition des détenus dans les chambres. Outre les agents pénitentiaires, des rabatteurs entrent en scène et demandent de l’argent même pour un simple service censé être gratuit. « Les personnes détenues provenant du milieu rural constituent les premières victimes de corruption en milieu carcéral. Leurs familles hésitent même à leur apporter de la nourriture, par méconnaissance de leurs droits. De plus, certaines autorités compétentes compliquent les choses au lieu de les faciliter, et ce afin que les détenus et leurs familles puissent mieux connaître les services gratuits », précise Seth Andriamarohasina, président de la CNIDH. Face à cette situation, ladite Commission propose le renforcement de la connaissance de tout un chacun, notamment à travers des sensibilisations à effectuer par les autorités compétentes. La connaissance des droits, services et procédures allégera sans doute les cas de corruption en milieu carcéral.
Patricia Ramavonirina