Vers 21h vendredi dernier, la boutique dite "Tsena maitso" ainsi que les maisonnettes de commerce sises sur les rives sud du lac Behoririka, ont été la proie des flammes. La destruction totale du bâtiment qui abrite le magasin "Tsena maitso" témoigne de l'ampleur dévastatrice de cet incendie. D'ailleurs, toutes les marchandises telles les sandales en plastique et les articles d'habillement qui étaient stockés dans les deux lieux de commerce touchés par ce sinistre, et qui sont séparés de plusieurs mètres par une artère, ont péri, du moins dans leur grande partie.
Dans le bâtiment du "Tsena maitso", 30 box ont été dévastés tandis que 196 pavillons en bois à usage commercial et implantés précairement sur les rives du lac, car construits en bois, sont réduits en cendres, selon les pompiers. De leur côté, les commerçants victimes ont eu aussi leur mot à dire. "Les dégâts sont estimés à 4 milliards d'ariary, voire plus", selon un représentant des commerçants victimes.
Un déploiement sans précédent des moyens a été effectué par les pompiers, et ce, malgré un problème : la faible pression d'eau. C'est du moins aussi ce qu'a rapporté un commerçant ayant perdu une petite fortune dans ce sinistre. A lui seul, les pertes sont évaluées à 40 millions d’ariary. "Outre que les pompiers se faisaient attendre, la pression d'eau était tellement faible", explique notre interlocuteur.
Pour l'heure, l'origine de ce sinistre reste non élucidée. Mais la plupart des commerçants rencontrés sur place étaient unanimes sur un point : le feu aurait démarré au niveau de la rangée de pavillons en bois implantés juste sur les bords du lac avant que la vague de puissantes flammes n'ait attaqué ceux qui se trouvent derrière ceux-ci, tout en se déferlant à une vitesse vertigineuse vers l'artère principale, ravageant ainsi au passage le reste. Et on connaît la suite.
Favorisé par un vent assez violent, le feu a attaqué, à son tour, le "Tsena maitso" avec une virulence jamais connue. Mais comment se fait-il justement que ce bâtiment a-t-il été, lui aussi, touché si facilement, et si rapidement ? "A l'alerte et lorsque nous étions arrivés ici, c'était déjà un océan de feu qui nous attendait. Vous ne pouvez pas imaginer comment un mur de flammes haut d'au moins 7 mètres se déplaçait à une vitesse fulgurante de ce brasier qu'était la concentration de maisonnettes jusqu'au bâtiment du Tsena maitso . Puisqu'il avait les rideaux et les vitres, très inflammables, cela explique le fait à ce que le bâtiment soit également touché ».
Mais les explications du colonel chef de corps des sapeurs de Tsaralalàna sont plus techniques. "Le rayonnement thermique, qui dégageait de l'embrasement des maisonnettes des rives du lac, a vite fait de déclencher l'incendie du Tsena maitso où il y a un important stockage de sandales en plastique, de matières textiles et autres", déclare-t-il. De toute façon, les versions, sinon la chronologie des faits par ce dernier, étaient assez explicites à cet égard.
L'alerte au feu fut donnée vers 22h 12. Six minutes plus tard, les soldats de feu étaient déjà sur le lieu du sinistre. Vers 23h, les pompiers estimaient avoir repoussé les flammes des maisonnettes. Trente minutes plus tard, un foyer d'incendie s'est déclenché dans le "Tsena maitso". Ce n'était que vers 4h du matin, le samedi suivant que les soldats ont pu maîtriser les flammes, enfin les vaincre totalement aux environs de 8h du matin. Et que les efforts des sapeurs ont permis d'empêcher le feu à toucher le concessionnaire automobile dit Rasseta.
Par ailleurs, des personnes auraient été auditionnées par la brigade criminelle, qui tente d'apporter la lumière sur ce drame. Enfin, les autorités en place se sentent concernées et se sont mobilisées en faveur des négociants sinistrés. Le maire d'Antananarivo a promis de les aider à tout reconstruire tandis que le ministère de l'Industrie et du Commerce propose une facilitation pour constituer sinon fournir les dossiers nécessaires pour la reprise de leurs activités commerciales chez les victimes.
Sur place hier, nous avons pu rencontrer et écouter une poignée de commerçants, qui plaident pour l'assistance du Gouvernement. En attendant, nous les avons vus déjà dans la fébrilité de la reconstruction avec les moyens du bord avec des planchettes et du bois rond.
Franck R.