Publié dans Société

 Dr Hoby Andriamiharimanana - « La culture du viol existe toujours dans la société malagasy »

Publié le jeudi, 16 janvier 2025

Une affaire qui a enflammé la toile depuis mardi dernier. Le cas d’inceste perpétré par un père de famille, ancien footballeur international devenu musicien, envers sa fille, a fait couler beaucoup d’encre, notamment sur les réseaux sociaux. Bon nombre d’internautes ont pointé du doigt la victime, laquelle n’a pas dénoncé les 19 années de torture qu’elle a endurée. Pour sa part, le Dr Hoby Andriamiharimanana, psychologue et psychothérapeute au sein de la Polyclinique d'Ilafy, apporte plus de détails sur la culture du viol, les raisons du silence de la victime ainsi que l’accompagnement qu’elle devrait bénéficier.

 

La Vérité (+) :  Pensez-vous que la culture du viol existe à Madagascar ?

Dr Andriamiharimanana (=) : Nous observons encore que beaucoup de personnes ont tendance à remettre la responsabilité du viol sur les victimes et à dédouaner les actes de l’agresseur. Que c’est sûrement à cause de la façon dont les victimes s’habillent ou la façon dont elles se comportent, qu’elles l’ont sûrement cherché ou qu’elles ont sans doute apprécié si elles ne se sont pas manifestées. Ces attitudes et états d’esprit font partie intégrante de la culture du viol. On peut ainsi conclure que cela existe toujours dans la société malagasy. 

(+) : Comment expliquez-vous le fait que les victimes n’osent pas dénoncer les cas de viol ou d’inceste ?

(=) : La majorité des viols se passent généralement au sein de la famille ou est perpétrée par une personne qui exerce une certaine autorité sur la victime. Cette dernière entretient donc une relation complexe avec l’agresseur car elle dépend peut-être de celui-ci, un enfant qui dépend du parent agresseur par exemple. Il faut aussi comprendre le lien d’attachement qu’il peut exister entre les deux personnes et qui met la victime face à des dilemmes (ex : inceste). La victime peut également ressentir la peur de parler car elle peut subir des menaces, que ce soit de l’agresseur lui-même ou des personnes complices, ce qui est le cas des membres de la famille qui veulent absolument faire taire l’affaire pour sauver l’honneur de la famille. Elle peut également ne pas être crue par les personnes qu’elle approche ou encore ressentir de la honte car se sent salie. On retrouve aussi souvent la relation d’emprise qu’exerce l’agresseur sur la personne, ce qui a pour effet de la rendre très vulnérable et d’altérer son jugement et ses prises de décision. Toutes ces situations rendent le signalement de la part de la victime difficile et la pousse souvent à se murer dans le silence. 

(+) : Quels sont les accompagnements à faire pour les victimes ?

(=) : La personne victime de viol a avant tout besoin qu’on la croit et qu’on l’écoute sans être jugée. Elle a également besoin d’un espace sécuritaire. Et étant donné que ce genre d’évènement peut causer des traumatismes assez marquants, les professionnels de santé mentale, que ce soit un psychologue, un psychiatre, etc., peuvent prendre en charge psychologiquement ces personnes pour les aider à se reconstruire. 

(+) : Avez-vous des messages à adresser aux victimes et à la communauté ?

(=) : Souvent, les victimes ressentent de la culpabilité sur ce qui leur arrive. Alors qu’en aucun cas, une victime n’est responsable de la violence ou de l’agression qu’elle subit. Elle a tout à fait le droit de trouver une aide sécuritaire qui puisse l’aider à sortir de cette situation : un membre de la famille, un ami, un collègue ou autre qui soit à l’écoute et/ou qui peut les aider à briser le silence et à faire les démarches nécessaires pour se protéger. 

Pour la communauté, il est important que nous nous informions sur ce que peuvent vivre les personnes victimes d’agression comme le viol, que nous apportons tout notre soutien aux victimes sans tomber dans le jugement et de ne pas hésiter à signaler les cas suspects ou avérés aux autorités compétentes.

 

Propos recueillis par P.R.

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Editorial

  • La faucheuse
    Fossoyeuse ou faucheuse, qu’à cela ne tienne, elle abat allègrement ! La Compagnie nationale d’eau et d’électricité, Jiro sy Rano Malagasy (JIRAMA), tue et abat sans autre forme de procès. En fait, pour le compte du premier quart de siècle de l’An 2000, la JIRAMA fauche tout ce qui bouge sur son passage. Créée dans la foulée et la folie de l’arrivée au pouvoir en 1975 du jeune capitaine de Frégate Didier Ratsiraka, par les avalanches de nationalisations, la JIRAMA voit le jour le 17 octobre 1975. Elle résulte de la fusion de la Société Malagasy des Eaux et Electricité (SMEE) et la Société des Energies de Madagasikara (SEM). Son rôle se concentre sur la distribution des services essentiels dont l’eau et l’électricité à travers le pays. La vague d’étatisations depuis 1975 se manifeste par des initiales « ma » (malagasy) à toutes les nouvelles marques des entités commerciales et…

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