Une trentaine de cas par jour. L’épidémie de paludisme dans le District d’Ikongo, Région de Fitovinany, continue de mettre à rude épreuve les communautés et les structures de santé locales. Selon les chiffres émanant de “Médecins Sans Frontières” (MSF), laquelle intervient sur place depuis mi-mai, les équipes ont assuré 5 141 consultations à travers des cliniques mobiles déployées dans les zones les plus affectées. “Sur 4 361 personnes testées en 35 jours d’activités, plus de 3 567 cas positifs ont été diagnostiqués, confirmant la sévérité de la flambée”, communique ladite organisation médicale humanitaire internationale, intervenant à Madagascar depuis 1987.
Concrètement, MSF soutient les autorités sanitaires dans une réponse d’urgence déployée pour freiner la progression de l’épidémie et renforcer l’accès aux soins. L’intervention a été déclenchée à la suite de plusieurs alertes communautaires. Dès les premiers jours, une exploration conjointe menée avec le ministère de la Santé publique (MINSAN) a permis d’identifier les zones prioritaires et d’évaluer les capacités de réponse sur place.
Parmi les partenaires du MINSAN dans les activités de prévention, de gestion et de prise en charge du paludisme à Ikongo figurent la MSF, l’OMS et l’UNICEF. Les interventions y afférentes se font en proximité dans 5 Communes à savoir Maromiandra, Ikongo, Ambololadinika, Ankarimbelo et Ambatofotsy.
Cinq cliniques mobiles en activité
Les soins de proximité sont assurés par les 5 cliniques mobiles, à pied d’œuvre dans les 5 Communes d’intervention à Ikongo. La Commune d’Ambatofotsy a été la plus touchée par la flambée du paludisme au début, mais les interventions centrées sur place ont porté leurs fruits. Progressivement, les axes nord et sud du District d’Ikongo ont également été ciblés. « Souvent, les gens arrivaient avec des symptômes avancés, parfois sans avoir pu consulter depuis plusieurs jours. L’accès aux soins est un véritable défi dans la Région. Ces cliniques mobiles sont pour eux un soulagement », explique Robertine L. Zafimasy, l’une des membres des équipes mobiles.
Dans la gestion des cas, les équipes d’intervention s’assurent du référencement des patients nécessitant une prise en charge hospitalière, en appui aux Centres de santé de base (CSB) et en coordination avec les autorités sanitaires. Elles approvisionnent également les cliniques mobiles en intrants essentiels, dans un contexte de tension persistante sur les stocks. « Cette intervention s’inscrit en appui aux efforts du ministère de la Santé, face à une situation qui met à l’épreuve la capacité de réponse dans certaines zones reculées. A travers cette collaboration, notre objectif est d’atteindre plus rapidement les communautés les plus touchées », déclare Faustin Yamtemadji, responsable médical MSF à Ikongo.
Notons que la distribution de moustiquaires imprégnées aux patients testés positifs du paludisme, âgés de moins de 15 ans, ainsi qu’aux femmes enceintes et allaitantes lors des consultations, fait partie des actions de prévention en préparation. Dans tous les cas, MSF n’a pas manqué d’exprimer son inquiétude face à la vulnérabilité persistante des communautés, fragilisées par l’isolement géographique et le manque de ressources.
Recueillis par Patricia R.
Le ministère de tutelle, à travers la direction régionale de la santé publique de Fitovinany, a adopté des mesures urgentes face à l’épidémie de paludisme à Ikongo. Outre la poursuite des soins de proximité assurés par les équipes des cliniques mobiles, l’effectif du personnel médical dans les CSB II, à l’exemple de celui d’Ambatofotsy, a été renforcé. Ainsi, ils peuvent s’assurer du tour de garde la nuit, notamment pour suivre de près l’état des patients en cas d’hospitalisation. D’un autre côté, les dialogues avec les leaders villageois pour plus de responsabilisation ainsi que la conscientisation de tous les acteurs sur l’importance de la prévention, ont été consolidés. Parmi les messages véhiculés, la consultation des CSB dès la présentation des symptômes s’avère indispensable pour mieux soigner la maladie et éviter les complications, voire la mort. Les patients devraient aussi prendre régulièrement les médicaments, respectant les doses prescrites. Dormir dans les moustiquaires constitue la meilleure protection contre le paludisme...