Le mystère entourant le déplacement du Président de la Refondation de la République de Madagascar (PRRM) à Dubaï se dissipe à peine. Après plusieurs jours de rumeurs relayées par la presse étrangère et les réseaux sociaux, c’est finalement le ministre de la Communication et de la Culture, également porte-parole du Gouvernement, qui a confirmé hier que le Chef de l’Etat s’est bien rendu dans l’Emirat. Une confirmation tardive, mais sans détails supplémentaires.
Selon le MCC, la visite est qualifiée de « mission stratégique ». Une formule qui reste pour l’instant la seule information officielle disponible. Aucune précision sur la date de départ, celle du retour, ni sur le programme exact de cette visite éclair. Le Gouvernement n’a pas communiqué non plus sur la nature des rencontres tenues sur place.
Pendant ce temps, d’autres sources sont plus prolixes. Des médias étrangers et publications non officielles affirment que le PRRM aurait rencontré des diplomates émiratis, américains et israéliens. Un nom revient avec insistance celui d’Erik Prince, milliardaire américain connu pour avoir fondé Blackwater, une société militaire privée devenue célèbre — et parfois controversée — dans les années 2000.
Aujourd’hui, Erik Prince est actif dans le secteur de la sécurité via une nouvelle structure, Vectus Global. Cette entreprise propose des solutions d’intervention dans des pays en crise, avec le déploiement d’opérateurs spécialisés pour lutter contre les groupes armés ou rétablir l’ordre. Ses récents engagements en Haïti ont ravivé les débats autour de ces pratiques, certains analystes y voyant une forme moderne de privatisation de la sécurité, voire un glissement vers un « néo-colonialisme sécuritaire ».
Dès lors, la question qui se pose et s’impose est de savoir si la visite du PRRM à Dubaï avait-elle un lien avec ces activités ? Pour l’heure, les autorités malagasy ne confirment une telle rencontre ni ne précisent l’objet réel du déplacement. Le silence officiel contraste toutefois avec l’insistance des sources étrangères.
Cette visite a fait jaser d’abord parce qu’elle s’est déroulée en catimini, alors qu’il s’agit du premier déplacement extérieur de celui qui occupe le fauteuil de numéro un du pays. Outre la discrétion accordée au déplacement et la destination choisie ont ouvert la porte à toutes sortes de spéculations. D’autant que le déplacement du PRRM coïncidait avec le lancement officiel de la Concertation nationale au pays, processus qui doit définir les contours de la transition politique de vingt-quatre mois.
A l’époque, le MCC avait expliqué que cette absence relevait d’un choix interne à l’Exécutif visant à mettre en avant la ministre d’Etat chargée de la Refondation. Une justification qui avait déjà laissé sceptiques de nombreux observateurs, et qui trouve aujourd’hui un éclairage nouveau au regard de ce déplacement discret à Dubaï.








