Huit millions d’hectares de surface cultivable. Madagascar dispose d’un important potentiel foncier, mais seulement 20 % sont exploités. Pour 80 % de paysans cultivateurs, l’agriculture contribue seulement à 25 % au produit intérieur brut (PIB), avec une culture de subsistance principal comme le riz, le maïs et le manioc, outre l’élevage de bovin et la pêche. Sur fond d’insécurité alimentaire, alors que 75 % de la population cultivent, le taux de malnutrition à Madagascar reste le plus élevé en Afrique, avec un enfant sur 2 âgé de moins de 5ans touché.
Ces informations font partie de celles présentées par le Professeur Tendro Radanielina lors de la restitution publique des résultats du diagnostic institutionnel et technique des centres nationaux de recherche agricole, hier à Antaninarenina. Cet atelier, qui marque un tournant pour le secteur dans le pays, a réuni décideurs publics, chercheurs et partenaires techniques et financiers autour d’un constat partagé. Sans réforme structurelle de la recherche, la transformation agricole tant parlé et celle des systèmes alimentaires resteront hors de portée. La diffusion de ce diagnostic, couvrant notamment les cinq centres de recherches nationaux, à savoir le Centre national de la recherche appliquée au développement rural (FOFIFA), le Centre « FIompiana sy FAmbolena MAlagasy NORveziana » (FIFAMANOR), le Service national de contrôle des semences et matériels végétaux (SOC), l’'Institut malgache des vaccins vétérinaires (IMVAVET) et le Centre de fabrication, de formation et d'application du machinisme et de la mécanisation agricole (CFFAMMA), a permis de mettre en lumière des paradoxes persistants.
Pour un financement durable de la recherche
Les analyses menées par le cabinet IDA (« International Développement Assistant ») révèlent des infrastructures vétustes, des laboratoires obsolètes ne répondant pas aux normes internationales, et un déficit préoccupant de ressources humaines, avec un vieillissement marqué du personnel scientifique. Dans ce contexte, le centre de recherche « AfricaRice » a rappelé l’enjeu central du financement durable de la recherche. Pour sa représentante à Madagascar, Dr Gaudiose Mujawamariya, la dépendance excessive aux financements extérieurs fragilise les institutions. « Le budget national reste insuffisant pour garantir un fonctionnement stable, contraignant les centres à vivre au rythme des projets », a-t-elle souligné, appelant à un engagement accru de l’Etat et à une meilleure coordination des appuis.
La diffusion du diagnostic a également mis en exergue le rôle structurant du « Food Systems Resilience Program » (FSRP), soutenu par la Banque mondiale. A travers son partenariat avec l’initiative « One CGIAR », le FSRP se positionne comme un catalyseur de la réforme, en appuyant la recherche et le développement ainsi que la valorisation des résultats scientifiques au bénéfice des producteurs. « Ces résultats de diagnostic constituent un point de départ essentiel pour un appui structurel durable », martèle Oliva Rafalimanana, coordinatrice nationale du FSRP. Un message partagé par les acteurs présents, qui voient dans cette démarche une opportunité de mieux connecter à la fois les chercheurs, le secteur privé et le monde paysan.
Au-delà des faiblesses identifiées, la restitution a aussi mis en avant les atouts du pays, dont l’expertise des chercheurs, les banques de gènes et les bases de données stratégiques. Autant de leviers que le FSRP et AfricaRice entendent mobiliser pour renforcer durablement la résilience alimentaire et nutritionnelle de Madagascar.
E.F.








