La mise en protection de la richesse malagasy remonte au temps de la royauté. Les premières formes de conservation datent du roi Andrianampoinimerina au 18e siècle. Les premières aires protégées sont créées au début du 20e siècle, sous la colonisation. Les Républiques renforcent les dispositifs juridiques destinés à protéger et à valorisation la faune et la flore malagasy.
La Vision de Durban de 2003 insuffle une nouvelle dynamique. Elle vise à ramener la superficie totale des aires protégées de Madagascar de 1,8 million d’hectares à plus de 6 millions d’hectares répartis. Le système d’aires protégées est ainsi né. Il comprend 144 sites de conservation dont 92 sous la supervision des organisations non gouvernementales. En gros, les activités écotouristiques autour de ces joyaux naturels contribuent à 12 % du produit national brut du pays.
Un grand défi se pose aujourd’hui à l’égard des ressources naturelles de Madagascar. Il s’agit de les considérer en face du développement durable qui stipule la performance économique, la performance écologique et la performance sociale à la fois. La plus grande des problématiques se situe au niveau des moyens de le faire. Le budget alloué au ministère chargé de l’environnement ne représente que 1,4 % du budget des ministères et des institutions. C’est très peu. Ailleurs, le gouvernement alloue beaucoup de ressources au même département.
L’implication de la population dans la mise en valeur des richesses nationales est aussi une toute autre histoire. La plupart des habitants ne sont pas conscients combien leur pays est béni. Madagascar constitue 0,4 % des terres habitables du globe. Mais il abrite 20 % des espèces de primates du monde entier. Mieux, la plus petite espèce de primate de la Terre vit sur le sol malagasy.
D’autres éléments naturels qui ne se rencontrent nulle part ailleurs au monde ont existé sur l’île depuis plusieurs millions d’années. Ils en sont même considérés comme les premiers habitants. L’arrivée des humains ne date que d’environ 10 000 avant l’ère chrétienne. Hélas, Madagascar, jadis couvert de forêt à 90 %, est aujourd’hui sur le point de dire adieu à son couvert forestier sous la pression toujours grandissante des actions de l’homme.
Le prince Charles, lors de son passage à Madagascar, il y a 35 ans passés, en voyant les feux un peu partout sur l’île, exprimait son inquiétude en ces termes : « Madagascar est en train de commettre un suicide ». L’an passé, le pape François en a fait également à peu près le même constat lors de sa visite pontificale sur la Grande île. La préservation de l’environnement du pays est donc un sujet de préoccupation mondiale.
L’éducation des habitants passe par leur connaissance des particularités de leur environnement. La responsabilité des dirigeants et d’autres intervenants est grande à ce propos. Le journal s’efforce de sélectionner quelques merveilles trouvées sur l’île pour attirer l’attention sur cet aspect et afin de rendre compte combien le pays recèle des trésors précieux à couper le souffle.
La plus petite espèce de primate du monde s’appelle Microcebus jonahi
S’il est des espèces pour lesquelles Madagascar est mieux connu dans le monde, ce sont les lémuriens. De par leur unicité, ils ont la même valeur symbolique que la Tour Eiffel en France, les Grandes Murailles en Chine, la Statue de la Liberté aux Etats-Unis… Ces mammifères qui sont arrivés sur l’île depuis 50 millions d’années y vivent exclusivement. Les chercheurs ont identifié 113 espèces. La presse du monde tout entier a rapporté ces dernières semaines la découverte de la plus petite espèce de lémurien baptisée Microcebus jonahi.
Elle s’ajoute au genre microcèbes ou les petits lémuriens. Ces animaux minuscules pèsent entre 30 et 87 grammes. Ils sont comme une souris en face des gorilles des montagnes, les plus grands primates du monde.
Vingt espèces de petits lémuriens sont actuellement connues. La découverte de la dernière a été la tâche d’une équipe de chercheurs internationaux après plusieurs années d’investigation. Elle vit dans le parc national de Mananara Avaratra, constitué de forêts protégées communautaires d’Antsiradrano et de Madera.
A l’unanimité, ses découvreurs ont décidé de lui faire porter le nom du professeur Jonah Ratsimbazafy, président du Groupe d’étude et de recherche sur les primates (GERP), de l’International Primatological Society (IPS), et l’un des fondateurs de Madagascar Lemurs Portal. Cet éminent scientifique malagasy est surtout connu de tous comme le vaillant porteur de voix des lémuriens par sa détermination, sa passion, son amour et sa rigueur dans le combat qu’il mène pour la protection de ces espèces emblématiques pour la génération future.
Les petits lémuriens sont présents à Madagascar partout où subsiste un habitat naturel qui leur convient, ce qui inclut les forêts primaires et secondaires et même les habitats perturbés. Ils comptent souvent parmi les mammifères autochtones les mieux représentés dans les zones où ils sont présents. Les microcèbes sont généralement sympatriques (c’est bien sympatrique) avec au moins une autre espèce de lémurien nocturne, quand ce n’est pas trois, quatre et parfois cinq. Deux espèces du même genre pourraient également être sympatriques dans certaines zones. Les petits lémuriens font partie des espèces menacées d’extinction, objet des préoccupations mondiales aujourd’hui.
Les baobabs, un patrimoine floristique de Madagascar
Les baobabs (Adansonia sp) font partie du patrimoine floristique de Madagascar. Six espèces endémiques sur les huit connues dans le monde poussent sur le sol malagasy. Les deux autres espèces sont en Afrique et en Australie. Rares sont les publications scientifiques parlant de la biodiversité malagasy qui ne citent pas les baobabs.
Les baobabs sont des arbres à très lente croissance. Ils poussent généralement sur des terrains semi-arides, d’où leur concentration dans le sud-ouest et le nord-ouest de l’île. L’Allée des baobabs à Morondava est l’une des attractions touristiques de Menabe voire de tout Madagascar. Le site environnant est malheureusement sujet à de fréquents feux dévastateurs. Par exemple, onze hectares abritant ces géants partaient en fumées le 24 novembre 2012.
Le 19 juin 2019, à l’occasion de la célébration du 93e anniversaire de la reine Elisabeth, l’ambassadeur britannique Phil Boyle, en prononçant un discours spécifique, n’a pas manqué d’évoquer le cas des baobabs pour mettre en évidence les apports du Royaume-Uni à la conservation de l’environnement de Madagascar.
Les Japonais adorent se rendre à cet endroit. Les touristes japonais venus sur l’île passent leur première semaine à admirer les baobabs qui exhibent leurs différentes formes, parfois spectaculaires comme les baobabs amoureux d’Ambavaloza, les baobabs géants d’Amponiloaky ou d’Antanivaky à l’intérieur du parc national de Kirindy Mite à Morondava.
Les baobabs peuvent vivre 2 000 à 3 000 ans. Voilà pourquoi ils sont parfois considérés comme parmi les arbres millénaires. Selon le réalisateur de cinéma Cyrille Cornu, spécialiste reconnu des baobabs de Madagascar, le plus gros baobab de l’île s’appelle Tsitakakantsa. Il a été découvert en mai 2018 par les habitants du village d’Andombiry (Morombe) et mesure 28,82 m de circonférence.
Le précédent record de taille était détenu par Tsitakakoike qui mesurait 27,30 m de circonférence. Ce géant avait entre 1 300 et 1 500 ans. Le nom malgache Tsitakakoike signifie « si tu cris d’un coté du tronc, on ne peut entendre ce cri de l’autre coté ». En janvier 2018, Tsitakakoike a perdu trois de ses cinq branches maitresses et n’a survécu qu’un peu plus d’un an avant de s’effondrer complètement en avril de cette année. Ce baobab était sacré pour les habitants du village d’Andombiry situé à proximité.
Suite à la mort imminente de Tsitakakoike, les villageois se sont lancés à la recherche d’un baobab aussi puissant. En mai 2018, ils en ont trouvé un exceptionnellement grand mesurant 28,82 m de circonférence.
Le 31 mai, une équipe est allée rendre visite à ce baobab remarquable dans le cadre du tournage d’une émission sur Madagascar réalisée par Stéphane Jacques, animée par Céline Cousteau, émission dans laquelle Cyrille Cornu intervient en tant que spécialiste sur une partie consacrée aux baobabs. Le nouveau géant de Madagascar a été baptisé Tsitakakantsa, un nom choisi en hommage à Tsitakakoike qui signifie « si tu chantes d’un côté du tronc, on ne peut entendre ce chant de l’autre côté ».
Tsitakakantsa est un être extraordinaire et sans nul doute l’une des plantes les plus fantastiques vivant actuellement sur la planète. Cyrille Cornu lui consacre une place de choix dans la série documentaire qu’il aura préparé sur les baobabs de Madagascar. Un congrès international sur ces arbres aux aspects bizarres s’est tenu à Morondava il y a exactement un an passé.
Les tsingy de Bemaraha : des cathédrales de calcaire sorties de la terre
Le parc national Bemaraha se trouve au sud de la Région Melaky, à la limite nord de la Région Menabe, dans le centre ouest de Madagascar. Le plateau de Bemaraha, qui s’étend sur 250 km de long, est situé dans le centre-ouest de Madagascar. La zone est composée de vastes dépôts calcaires.
Le plateau est caractérisé par un réseau dense de crevasses profondes et séparées par des lames cannelées ainsi que des arêtes vives, et par une myriade de galeries souterraines couvertes de concrétions. Roches calcaires formées par un dépôt de fossiles et de coquillages morts sous la mer il y a 200 millions d’années, et par la suite façonnées par l’eau des pluies il y a 5 millions d’années, les tsingy offrent l’un des paysages les plus spectaculaires de la Grande île. Les tsingy sont de véritables cathédrales de calcaire. Ce réseau dense de failles, de crevasses et de blocs de calcaire sculptés en lames est l’un des paysages les plus spectaculaires de Madagascar. Ceux de Bemaraha forment un territoire vaste de 1 500 km² situé dans l’Ouest du pays et à 150 km au nord de la ville de Morondava sur la rive droite du fleuve de Manambolo. Il existe deux types de tsingy : le Petit tsingy à proximité du fleuve et le Grand tsingy à 8 km de là.
Voici comment une communication scientifique datée d’octobre 1970 décrit le paysage de Bemaraha : « La région de 1’Antsingy est située entre la Manambolo au nord, la Tsiribihina au sud, le canal de Mozambique à l’ouest. Elle occupe la partie médiane de l’ouest de Madagascar. On nomme Bemaraha la falaise, haute de 300 h 400 m et longue de plusieurs dizaines de km qui longe sa limite est. Ce nom s’applique aussi au plateau calcaire ondulé ct descendant en pente douce vers l’ouest, dont elle forme la limite. »
Dans ces environnements calcaires fortement déchiquetés existe une mosaïque d’habitat dominée par une forêt sèche de l’Ouest constituant un écosystème unique et une richesse exceptionnelle d’espèces endémiques. Les tsingy de Bemaraha hébergent au moins onze espèces de lémuriens dont certaines sont à distribution très restreinte et des Carnivora, des rongeurs comme Nesomys lambertoni et Eliurus antsingy restreints dans les formations calcaires du Centre-ouest.
Les nombreuses grottes souterraines offrent un abri à une grande variété de chauves-souris. L’avifaune est riche avec au moins 94 espèces, incluant le râle des Tsingy (Mentocrex beankaensis). Il en est de même pour les reptiles et amphibiens dont dix espèces sont considérées comme endémiques des tsingy de Bemaraha.
Le décret du 31 décembre 1927 a fait de cette région une grande réserve naturelle intégrale de 152 000 ha, la plus grande à l’époque. Quant à son futur, l’auteur de l’article de 1970 disait : « Cette réserve représente une richesse scientifique considérable. Elle contient, en outre, de nombreux restes de civilisations malagasy anciennes sous forme de nombreux cimetières. Si son statut le permettait, cette réserve pourrait avoir un intérêt touristique très grand quand la route Majunga-Antsolova, qui est en voie d’aménagement, sera praticable en toutes saisons. »
Ces formations géologiques d’une rare beauté résultat des actions de l’eau, de l’air et de la chaleur s’étalant sur plusieurs millions d’années. En juillet 2008, le journal de l’Union internationale de spéléologie a publié un article intéressant sur l’origine des tsingy de Bemaraha (The origin of the Bemaraha tsingy, Madagascar).
Les tsingy sont déclarés patrimoine de l’UNESCO en 1990 et patrimoine culturel mondial un an plus tard. Une partie de la réserve naturelle intégrale établie en 1927 a été changée en parc national en août 1997. Le parc est l’une des quatre aires protégées phares du pays. Les activités écotouristiques s’y développement depuis 1997.
Chaque année, elles attirent plus de 20 500 visiteurs internationaux générant plus de 1 400 millions d’ariary rien que pour les entrées au parc dont la moitié profite de droit, théoriquement, aux collectivités territoriales décentralisées riveraines.
Tsingy rouges : un paysage digne des plus grands far west
L’Office régional du tourisme d’Antsiranana décrit ainsi les tingy rouges, qui constituent l’un des sites les plus impressionnants de la région nord. Ils se distinguent par leurs paysages de terre rouge et tsingy aux formes moins acérées que leurs cousins. Situés sur le plateau de Sahafary, ils culminent à 200 mètres d’altitude. Situés non loin de la réserve d’Analamera. Ils sont les résultats de l’érosion qui a sculpté au cours du temps, ces formes colorées et fantasmagoriques, uniques à Madagascar. C’est une spécificité unique en son genre dont le résultat de l’érosion faisant naître des entrailles de terre rouge composé de grès, marne et latérite en étant généra logiquement courte au caprice du vent et de la pluie.
La végétation locale est hétéroclite et à équilibre fragile. Une des merveilles naturelles de l’île, le site des tsingy rouges est l’un des plus beaux endroits à absolument visiter non seulement par les étrangers mais aussi par les nationaux.
Deux des dix pierres précieuses les plus rares se trouvent à Madagascar
Connus de tous, le sous-sol de la Grande île regorge des richesses. Les pierres précieuses font partie de cette richesse et selon les experts en la matière, Madagascar en possèdent deux, classées parmi les plus rares dans le monde et mieux, elles sont classées dans le Top 10.
Il s’agit de la grandidiérite et l’hibonite, deux valeureuses pierres qui pourraient faire la fierté et la richesse de Madagascar. « Soixante ans après l’indépendance, le secteur minier n’a pas eu d’impact palpable sur l’économie et encore moins sur le quotidien de la population, qui habite pourtant sur des terres regorgeant de richesses », avouait le ministre des Mines, Fidiniavo Ravokatra à notre confrère du magazine Jeune Afrique peu avant la consultation des acteurs en vue de la révision des codes miniers. L’exploitation des pierres précieuses à Madagascar se fait jusqu’à maintenant de manière artisanale comme c’est le cas dans la partie Sud de l’île. Là ou ailleurs, l’extraction et la commercialisation de saphir, rubis, quartz, beryl et grandidiérite semblent échapper aux contrôles des autorités et ce au grand bonheur des petits exploitants, des négociateurs et des acheteurs. Il n’est pas étonnant ainsi la levée de bouclier de certains dès que ce secteur minier est sujet de révision. Or, tout le monde doit être conscient que ces richesses minières ne sont pas renouvelables, il faut ainsi rentabiliser toute extraction.
Pour revenir à la grandidiérite et l’hibonite, ces deux pierres précieuses de Madagascar comptant parmi les plus rares du monde, elles sont classées respectivement à la 1ère et 10e place. La grandidiérite, d’après les experts, a été découverte en 1902 mais c’est seulement en 2016 qu’un nouveau gisement de ce minéral rarissime a été localisé dans le sud de Madagascar. Elle est la 5e pierre précieuse la plus chère au monde avec un carat qui se négocie autour de 20.000 euros contre 3 millions euros pour le diamant bleu, considéré comme la pierre la plus chère au monde….