Publié dans Dossier

Insécurité alimentaire dans le Sud - L’Androy et l’Anosy reprennent leur souffle mais…

Publié le mardi, 30 août 2022



La situation s’améliore. La tombée des pluies et les cyclones au début de cette année ont été bénéfiques pour les Régions d’Androy et d’Anosy. Les récoltes ont été bonnes, améliorant la sécurité alimentaire de ces derniers mois. Le nombre de cas de malnutrition aigüe chez les enfants y a baissé, si l’on tient compte des informations recueillies auprès des centres de récupération nutritionnelle. La multiplication des sensibilisations et les réponses d’urgence, en collaboration avec les Partenaires techniques et financiers (PTF), ont également contribué à l’amélioration de la situation. Ces Régions sont en phase de passer à la résilience si la malnutrition reste sous contrôle et que la pluviométrie sera encore bonne durant la prochaine saison…

« Androy sort la tête de l’eau après 3 années de crise ». Soja Lahimaro, gouverneur de ladite Région du Sud de Madagascar, l’a récemment avancé. La discrimination positive grâce à la mise en œuvre du « Plan émergence du grand Sud » y a contribué. La mise en place de la ceinture verte et l’opérationnalisation du titre vert font partie des activités entreprises, avec le financement conséquent de 25 millions de dollars octroyé par les partenaires. A cela s’ajoutent la construction de diverses infrastructures ou encore le renforcement de l’agriculture, avec plus de 200ha de surfaces cultivées en ce moment. « Les habitants vendaient leurs biens à des prix modiques, dont une cuillère à 50 ariary. Ils cédaient même un thermos sans couvercle pour survivre. Mais la situation s’est améliorée ces derniers temps », rapporte le gouverneur.
Cette amélioration de la situation est également confirmée par le gouverneur de la Région d’Anosy, Jocelyn Raharimbola. « Après 2 à 3 années d’insécurité alimentaire, touchant plusieurs milliers de personnes, la situation commence à s’améliorer. Les récoltes sont conséquentes, surtout pour le haricot, le sorgo et la patate douce. C’est le cas dans les localités sises aux bords de la rivière de Mandrare, du côté d’Ifotaka. Ces localités arrivent même à fournir des Communes de la Région d’Androy. Ce gouverneur reconnait également les résultats fructueux de la collaboration avec les PTF, dont l’UNICEF, et ce dans tous les secteurs. La livraison d’eau par camion-citerne à Amboasary-Sud ou encore la réhabilitation des points d’eau dans divers sites figurent parmi les actions concrètes.

Place aux activités de résilience
« La situation nutritionnelle reste stable en cette période. La malnutrition semble sous contrôle avec les bonnes récoltes du 2è trimestre et ce grâce aux pluies des 3 premiers mois de cette année. Ambovombe approvisionne même les Districts environnants en ce moment, dont Beloha et Tsihombe », informe Tapiet Danvi Morulla, responsable suivi-évaluation auprès de l’Office régional de nutrition (ORN) dans la Région d’Androy. D’un autre côté, les multiples interventions et réponses d’urgence ont été fructueuses, que ce soit la distribution de vivres et les transferts monétaires. Malgré ces points positifs, la situation d’urgence pourrait revenir sans précautions et mesures d’accompagnement, à en croire le gouverneur de l’Androy. « Sans des pluies attendues dans les 3 à 6 prochains mois, la situation de stabilité actuelle risque de se dégrader », craint-il. Des solutions à court, à moyen et à long terme sont ainsi requises.
Parmi les activités de résilience mises en œuvre figure la distribution de semences à cycle court, soit 3 mois, pour avoir davantage de récoltes. A cela s’ajoute le soutien aux habitants pour des activités génératrices de revenus. Des actions relatives à l’agriculture et l’élevage, pratiquées par 90% de la population, sont aussi en cours. Chacun des 4 Districts de l’Androy aura un comité pour le suivi des impacts des aides distribuées, en collaboration avec l’UNICEF.
Pour information, environ 1 285 000 personnes des Régions du grand Sud et Sud-est de Madagascar connaissent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aigüe. De plus, 575 000 enfants sont dans le besoin. Mais la situation nutritionnelle reste meilleure par rapport à cette même période de l’année dernière. Des efforts restent pourtant à déployer pour maintenir la stabilité et garantir le développement de cette partie de l’île.

Baisse des cas de malnutrition aigüe

9,3 %. Tel est le taux de malnutrition aigüe globale en ce moment pour la Région d’Androy. Cette Région se trouve dans la barre verte si elle était dans la phase d’alerte à cette même période en 2021. Cette baisse des cas de malnutrition aigüe sévère (MAS) et celle modérée (MAM) se constate notamment dans les centres de récupération nutritionnelle au niveau des centres de santé de base (CSB) et centres hospitaliers des Districts. « Le pic a été atteint en 2021, avec une centaine d’admissions mensuelles des enfants atteints de MAS. En ce mois d’août, 20 enfants malnutris sont pris en charge. Cette baisse considérable des cas de malnutrition pourrait s’expliquer par les réponses d’urgence, mais aussi grâce à la campagne de sensibilisation avec le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) d’une part et le partenariat fructueux avec les animateurs de l’Office régional de nutrition (ORN), de l’autre », témoigne le Dr Anthony Razafindrabe, chef CSB à Ambohimalaza, situé à une quinzaine de kilomètres d’Ambovombe. Désormais, les dépistages à travers le checking du tour de bras et la pesée sont devenus des pratiques obligatoires à chaque consultation dans le CSB. Les agents communautaires se chargent des sensibilisations et des rapports auprès des communautés.
La baisse du nombre d’enfants malnutris se constate également auprès du centre de prise en charge de malnutrition sévère avec des complications ou CRENI, au sein du centre hospitalier de District de Tsihombe. Lors de notre passage sur place durant la troisième semaine de ce mois d’août, ce centre n’a enregistré qu’un enfant admis. Ce chiffre s’élève pourtant à 4 ou 5 par mois en moyenne, notamment l’année dernière. « Transféré du CSB d’Antaritarika, l’enfant souffre de diarrhée et se trouve en sous-poids. Son traitement auprès du CRENI se fait en 3 phases pendant 7 à 10 jours, avant son transfert au  Centre de récupération nutritionnelle en ambulatoire pour les mal nourris sévères (CRENAS) pour le suivi », informe Yvette Ravoajanahary, sage-femme auprès dudit établissement.
Plusieurs partenaires interviennent dans la prise en charge des enfants - atteints de malnutrition sévère - admis auprès des centres de récupération nutritionnelle. L’UNICEF octroie par exemple les médicaments ou encore le lait et les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi. Ces derniers constituent le principal traitement pour les enfants âgés de moins de 5 ans atteints de la MAM ou de la MAS. Cet Organisme onusien s’assure également de la formation des agents de santé ainsi que de la dotation d’équipements pour les centres. Notons que selon les chiffres émanant de ladite agence onusienne, plus de 20.400 enfants atteints de MAS ont reçu un traitement pendant le premier semestre de cette année dans le Sud de Madagascar.

Des subventions régulières pour 35.000 personnes
Destinés pour les enfants, les femmes enceintes et les personnes en situation de handicap. Environ 35.000 personnes issues des 51 Fokontany de la Commune d’Ifotaka, dans la Région d’Anosy, bénéficient du programme de protection sociale régulier baptisé « Zara Mira ». Ce dernier consiste à allouer une subvention mensuelle de 10.000 ariary par bénéficiaire, payé tous les deux mois. Le but étant d’alléger les charges quotidiennes et de privilégier la scolarisation. Le Fonds d’intervention pour le développement (FID) étant l’agence d’exécution de ce programme de protection sociale, sous la coordination du ministère de tutelle. « Ce programme lancé en mai 2022 fait suite aux activités de protection sociale mises en œuvre durant la crise alimentaire. Le changement de paramètres, notamment des cibles et du montant des subventions, a été défini avec l’amélioration de la situation nutritionnelle de ces derniers temps », explique Herizo Razafimandimby, chef de service auprès de la Direction régionale de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la femme dans l’Anosy. Pour en bénéficier, les familles des bénéficiaires devraient se munir d’une copie de naissance pour chaque enfant et d’un carnet de consultations prénatales pour la femme enceinte.
Les enfants de Binalaka font partie des bénéficiaires du « Zara Mira » à Bekiria, un Fokontany localisé à une dizaine de kilomètres d’Ifotaka. Sur les 6 enfants de cette mère célibataire âgée de 34 ans, 4 sont scolarisés. « Je touche 120.000 ariary tous les deux mois, avec mes 6 enfants âgés entre 11 mois et 13 ans. Cette allocation nous permet d’assurer les besoins quotidiens des enfants, notamment pour leur scolarité. En fait, je vis avec l’agriculture et la vente de bois de chauffe au quotidien, mais les revenus en sont limités. Nous consommons 3 "kapoaka" de riz par jour, notamment au déjeuner », nous confie cette mère de famille nombreuse. En étant fille unique, elle compte avoir deux enfants de plus avant de passer à la contraception.
Pour Bekiria, 589 familles bénéficient du « Zara Mira » depuis le mois de mai dernier, soit 1.362 enfants et 21 femmes enceintes. Le recensement des personnes handicapées est en cours. Ce Fokontany compte également des mères leaders, lesquelles se chargent de la sensibilisation des habitants sur diverses thématiques, dont la gestion financière, la planification familiale, la protection des enfants, la lutte contre les violences, etc. Elles interviennent durant les évènements communautaires ou encore à travers des visites à domicile, d’après Ernestine Manirisoa.
37.500 personnes, incluant 22.500 enfants ont reçu des transferts monétaires humanitaires et 6.000 ménages incluant 11.000 enfants sont bénéficiaires de l’allocation familiale universelle « Zara Mira », selon les statistiques émanant de l’UNICEF. Le renforcement du système de protection sociale s’avère pourtant primordial pour éviter un retour à l’urgence.
Pour information, la hausse actuelle du prix de la chèvre jusqu’à 100.000 ariary, contre 10.000 ariary en août 2021, fait partie des indicateurs de l’amélioration de la situation dans l’Anosy. De plus, les foyers arrivent à manger deux fois par jour au lieu d’un seul repas quotidien auparavant. Ils ne consomment plus de cactus rouge ou autres plantes « peu comestibles », selon les informations recueillies.

Réalisé par Patricia Ramavonirina






Fil infos

  • Animaux sauvages confisqués en Thaïlande - Rapatriement effectif cette semaine
  • Municipales à Antananarivo - La Diaspora solidaire avec les électeurs
  • Marc Ravalomanana - Insolent un jour, insolent toujours
  • ACTU-BREVES
  • Opposition - Le torchon brûle entre les ex-leaders du « hetsika fotsy »
  • ACTU-BREVES
  • Projet « Lac Iarivo » - Un village touristique et un village artisanal ouverts en août 2025
  • Pour l’acheminement du groupe de 105 MW à Antananarivo - Le Premier ministre en mission à Toamasina
  • Incendie - 231 maisons réduites en cendres à Nosy Varika
  • ACTU-BREVES

La Une

Pub droite 1

Editorial

  • Souci national
    L’équipe nationale de football, les Barea, touche le fond. Soit ! Un fait, une réalité que personne ne contredit point. Pas besoin d’une longue démonstration par A + B pour le constater. Il suffit de voir, d’écouter et de lire pour s’en rendre compte. Situation catastrophique qui défraie la chronique. En fait, notre Onze national devient un problème national, une honte nationale. Bref, un souci national que même les moins fervents au ballon rond en parlent.Le dernier match des Barea contre nos voisins les Cœlacanthes au cours duquel l’équipe nationale concéda la plus lourde des défaites avec un à zéro balaie définitivement nos espoirs. Un échec qui confirme le classement de la CAF comme quoi Madagasikara se trouve derrière les Comores. La « Grande terre », le dernier de la classe, est l’ombre d’elle-même !Le sport, la grande fenêtre qui ouvre un pays vers le monde extérieur, un tremplin qui…

A bout portant

AutoDiff