Publié dans Economie

Développement numérique - « On peut tout créer à Madagascar » dixit François Chotard

Publié le mardi, 02 mars 2021


Les innovations se multiplient dans la Grande île. Après le frigo du désert, le pays assiste aujourd’hui à la création du tout premier ordinateur 100 % solaire signé Jirogasy. Ce nouveau produit 100 % « Vita Malagasy » témoigne ainsi du savoir-faire et de la créativité, mais surtout de la volonté des entrepreneurs malagasy à se démarquer et à contribuer au développement du pays. Notre Rédaction a pu s’entretenir avec les dirigeants de l’entreprise où ils parlent de ce produit, ainsi que des difficultés rencontrées et des raisons qui les ont poussés à créer Jirodesk.
La Vérité (+) : Qu'est-ce-qui vous a inspiré à créer Jirodesk ?
Jirogasy (-) : L’idée du Jirodesk – ordinateur solaire – nous est venu en constatant tant les besoins en numérique de la population malagasy que les problèmes récurrents d’électricité dans le pays. Les difficultés d’accès à l’électricité ont des répercussions qui dépassent la simple absence de lumière. En effet, l’enclavement énergétique creuse la fracture numérique et les inégalités socio-économiques ou encore l’accès à l’information entre les zones urbaines et rurales. La pandémie mondiale de Covid-19 n’a fait que confirmer cette idée. Ainsi, dans le contexte actuel de recrudescence du virus, nous estimons que la première mesure pour endiguer la pandémie est de remonter et de centraliser les données médicales sur l’ensemble du territoire afin d’apporter après analyses, une réponse sanitaire cohérente et proportionnée. Moins visibles en 2020, il en va de même pour toutes les thématiques du domaine public. C’est en ce sens et du fait de la crise liée à la Covid-19 qu’il nous est paru nécessaire d’accélérer notre processus d’innovation. Le Jirodesk a donc pour inspiration majeure les attentes et les problématiques de la population malagasy auxquelles le Jirodesk se veut un début de réponse. Entre autres, nous espérons que ce PC à énergie solaire puisse permettre aux jeunes générations qui n’ont pas accès à l’électricité d’acquérir les compétences numériques nécessaires pour construire leur avenir. Sur un plan plus personnel et pour finir sur cette question, c’était aussi pour montrer à notre équipe technique par la création du Jirodesk, qu’on peut tout créer à Madagascar alors même qu’ils nous disaient, qu’on leur disait que c’était impossible à Madagascar. Nous voulons ainsi croire qu’avec la création du Jirodesk 2, ce message soit diffusé à l’ensemble de la population et que les Malagasy croient en leur potentiel, en leur capacité à faire, à innover dans un monde de plus en plus concurrentiel.
(+) : En quoi le Jirodesk 2 diffère des autres ordinateurs solaires ?
(-) : Le Jirodesk 2 est le tout premier ordinateur 100 % solaire. Il est créé et produit à Madagascar, et il faut en être fier. Il ne diffère pas des autres ordinateurs solaires puisqu’aucun autre n’a été créé à ce jour. Du moins, les autres ordinateurs sont des ordinateurs classiques reliés à des générateurs solaires. Le Jirodesk 2 a tout, à première vue, d’un ordinateur classique mais les éléments électroniques qui le composent sont totalement réorganisés pour permettre de fonctionner grâce à l’énergie solaire. Le Jirodesk 2 est ainsi un PC « tout-en-un » qui comprend une alimentation solaire, une alimentation secteur et une batterie qui permet un fonctionnement sans soleil. Il s’agit d’une révolution que nous espérons bien déployer dans le maximum de zones où l’électricité manque et dont la digitalisation se fait de plus en plus nécessaire et ce, afin que chacun puisse se construire un avenir en conformité avec le monde actuel.
(+) : En termes de production, combien d'ordinateurs pouvez-vous produire par mois ? Une production à grande échelle est-elle envisagée ?
(-) : En termes de production, nous pouvons actuellement produire 100 ordinateurs par mois. Dans les prochains mois et du fait que nous concevons nous-même nos imprimantes 3D, il nous sera aisément possible d’en produire 200. Bien évidemment, si la demande est constante et que nos moyens nous le permettent, nous avons la volonté de développer la production et nos ressources humaines. En effet, il ne s’agit pas de produire plus, mais de répondre aux besoins et à la demande si elle se faisait persistante. Bien avant tout et surtout grâce au recrutement de nouveaux collaborateurs, nous souhaitons apporter aux jeunes ingénieurs et techniciens malagasy des emplois sur la Grande île tant au niveau du Hardware que du Software. Ces emplois n’existent pas suffisamment à Madagascar. A vrai dire, il est important pour nous et dans la conception même de notre entreprise sociale, de fournir aussi une formation et de l’employabilité sur des métiers non présents sur l’île. Nous l’espérons, cela développera tant les compétences, l’envie de l’entrepreneuriat chez les jeunes que les investissements et l’attractivité de ce pays. Ce modèle devrait bénéficier et profiter à tous.
(+) : Quels sont les difficultés rencontrées durant la conception de votre produit ?
(-) : Lors des 4 mois de conception de notre nouveau produit, nous avons dû faire face à de nombreuses difficultés. Premièrement, nous avons dû faire face à un blocage psychologique de la part de notre entourage : « Si cela n’a pas été déjà réalisé, c’est qu’il y a bien une raison ! ». D’autres raisonnaient autrement : « Il est impossible d’innover à Madagascar ! ». Et pour finir, d’aucuns nous transmettaient leur incompréhension sur le projet. Pour autant, malgré toutes ces remarques, la réalisation de notre produit, son lancement, le retour positif des bénéficiaires et de nos partenaires nous prouvent que cette idée est la bonne et qu’elle est nécessaire. Le chemin demeure long mais l’intérêt porté par les institutions non-gouvernementales mais aussi par les acteurs publics, privés, ainsi que la médiatisation nationale et internationale qui s’en est suivie nous encouragent à poursuivre dans ce sens et sur la voie de l’innovation pour et à Madagascar. La demande et le besoin sont en effet bien présents. De manière technique, la réalisation d’un nouveau produit est toujours particulière car cela nécessite de vérifier des idées qui semblent bonnes en théorie mais qui s’avèrent difficilement applicables, ce qui entraîne plusieurs changements en cours de production et beaucoup de phases de tests différentes. Nous remercions l’ingéniosité et le gros travail fournis par l’ensemble de notre équipe, ce qui a permis d’aboutir à la production finale de ce produit « Vita Gasy ».
(+) : Quelles sont vos perspectives pour les années à venir?
(-) : Nos perspectives dans les années à venir sont vastes mais nous ne souhaitons pas nous fixer d’objectifs. Pour l’équipe de Jirogasy, se fixer des objectifs serait se fixer des limites et comme vous l’aurez compris, nous n’en avons pas ! Notre capacité de faire est bien réelle. Seuls des éléments externes et indépendants de notre volonté pourraient contraindre à la réduction de nos perspectives. Une chose est certaine : si vous nous parlez de perspectives, nous vous réitérerons que nous souhaitons avant tout innover, impulser un état d’esprit et notamment d’initiative, créer des emplois sur des domaines où il en existe encore trop peu, dans l’ingénierie par exemple. Avec tout cela, nous apporterons notre pierre à l’édifice afin de réduire les difficultés auxquelles fait face la société malagasy. Depuis nos débuts, notre volonté est là. En renforçant la culture numérique et en offrant aux communautés en grande partie non électrifiées un moyen de se connecter grâce à l’énergie solaire, nous voulons croire en la création de nouvelles opportunités économiques pour tous.
Réponses apportées par François Chotard, directeur pays et Pathou Mahembitsy, responsable administratif et juridique de Jirogasy

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Editorial

  • Souci national
    L’équipe nationale de football, les Barea, touche le fond. Soit ! Un fait, une réalité que personne ne contredit point. Pas besoin d’une longue démonstration par A + B pour le constater. Il suffit de voir, d’écouter et de lire pour s’en rendre compte. Situation catastrophique qui défraie la chronique. En fait, notre Onze national devient un problème national, une honte nationale. Bref, un souci national que même les moins fervents au ballon rond en parlent.Le dernier match des Barea contre nos voisins les Cœlacanthes au cours duquel l’équipe nationale concéda la plus lourde des défaites avec un à zéro balaie définitivement nos espoirs. Un échec qui confirme le classement de la CAF comme quoi Madagasikara se trouve derrière les Comores. La « Grande terre », le dernier de la classe, est l’ombre d’elle-même !Le sport, la grande fenêtre qui ouvre un pays vers le monde extérieur, un tremplin qui…

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