Au cours des deux dernières semaines, chaque matin est une épreuve pour Vao, une lavandière. Elle doit en effet expliquer à ses clients que le prix du savon a encore augmenté. «C’est difficile pour mes patrons, surtout en ces périodes de crise, de débourser un peu plus qu’à leur habitude pour acheter du savon. En une semaine notamment, le prix du savon que j’utilise régulièrement a particulièrement haussé. Du savon que j’achetais à 700 ariary, s’achète désormais à 1 000 ariary. Je suis frustrée parce que dans certains cas, certains patrons ne sont pas compréhensifs. Ils pensent que je profite de la situation pour leur demander plus d’argent. Il refuse alors de me payer plus. Je dois me débrouiller avec. Mais le problème, c’est que je me fais réprimander après car leur linge n’est pas assez propre, alors qu’en fin de compte c’est de leur faute », témoigne cette lavandière. Vao n’est pas la seule à avoir constaté cette hausse de prix. Plusieurs mères de famille se sont également plaintes. Et toutes les marques de savon sont concernées. Questionnés sur le sujet, les vendeurs expliquent juste que « les grossistes ont augmenté leurs prix, donc nous sommes obligés d’augmenter les nôtres ».
Cette hausse de prix s’applique déjà alors que les taxes sur les bondillons de savon sont encore à 10 % à l’heure actuelle. Et comme la loi de Finances 2022 a été adoptée, ces taxes passeront à 20 % dès l’année prochaine. Avec cette hausse des taxes, il faudra donc s’attendre à une hausse continue de prix du savon sur le marché, sachant que selon les informations recueillis, les bondilleurs assurent 70 % du marché local actuellement.
Il est vrai que cette mesure a été mise en place pour préserver les industriels locaux, notamment les savonneries. Toutefois, qu’en est-il des consommateurs ? Plusieurs députés ont déjà alerté sur la possibilité d’une hausse des prix du savon durant les débats sur la loi de Finances initiale (LFI) 2022. Quoi qu’il en soit, les autorités locales, à travers le directeur général des Douanes, ont soutenu que conformément aux dispositions de l’Organisation mondiale des douanes, les bondillons sont catégorisés comme étant des produits finis, d’où la décision d’augmenter les taxes. Il reste donc à voir comment la situation va évoluer prochainement.
Rova Randria