Regain de santé. Depuis quelques jours, la monnaie nationale reprend des couleurs. En règle générale, la dépréciation de l’ariary par rapport à l’ensemble des devises fortes relève fondamentalement du fait que notre balance des paiements est structurellement déficitaire, nécessitant l’achat de devises étrangères pour être à l’équilibre. Ainsi, l’infime gain de points pour l’ariary depuis ces quelques jours est à prendre en compte. L’euro équivaut aujourd’hui à près de 4.700 unités de notre monnaie nationale alors que quelques semaines auparavant, ce taux atteignait des pics vertigineux. Par contre, certains observateurs rappellent qu’il est plus prudent de se référer à des indicateurs d’envergure pour définir si oui ou non la monnaie nationale a effectivement remonté la pente pour être compétitive face aux monnaies de référence. Les tendances ponctuelles sur ces quelques derniers jours sont ainsi à prendre avec des pincettes en ce qui concerne le poids de l’ariary face au dollar et à l’euro sur le marché interbancaire de devises. « Certes, cela reste une tendance passagère qui ne peut pas transcrire les réalités. Il peut s’agir de la conséquence des sanctions annoncées par les autorités sur le rapatriement impératif des devises dans les délais impartis, entre autres raisons », explique un des membres nationaux du Cercle des économistes de Madagascar. Une façon pour ce responsable de remettre les pendules à l’heure sur le fait qu’il serait plus judicieux de ne considérer les indicateurs que sur un laps de temps plus conséquent.
Santé passagère
Partant d’une tendance ponctuelle, il est ainsi difficile de conclure à un regain de santé effective de la monnaie nationale pour le moment. Cette situation représente ainsi une opportunité pour les opérateurs au niveau du commerce international. Cependant, les revers font aussi que les prestataires de services dans le domaine de la délocalisation se retrouvent en pleine situation désavantageuse pour le moment. En effet, la régression de la valeur de la monnaie nationale est synonyme d’une économie en mauvaise santé. Cependant, une certaine couche de la société arrive à tirer son épingle du jeu. « Plus l’ariary se dépréciera, plus cela tournera à notre avantage du fait que nos prestations en externalisation de service sont généralement rémunérées en euro », explique un travailleur indépendant dont la majeure partie des clients résident en Europe. Par ailleurs, l’application du taux de change flottant a toujours été une source de divergences depuis son adoption dans la politique du pays pendant près d’un quart de siècle. « Bien ou mal pour l’économie malagasy », cette question à propos du Marché interbancaire des devises demeure comme étant un large sujet à débattre. Raison pour laquelle certains économistes prônent la suppression immédiate de ce marché, tandis que d’autres soutiennent un changement progressif de ce même système en émettant quelques réserves sur les risques entraînés par un basculement brusque vers l’ancienne politique qu’était celle du taux de change fixe.
Hary Rakoto