Dans les rues de la Capitale, le début de chaque année marque une tendance redoutée par de nombreux résidents : l'augmentation systématique des loyers. Cette pratique de révision des tarifs locatifs, devenue monnaie courante pour la plupart des propriétaires de biens immobiliers, fait face à une critique croissante alors que les locataires se retrouvent pris au piège dans une crise du logement en pleine expansion. Les raisons invoquées pour justifier ces hausses sont variées, allant des frais d'entretien de la propriété aux impôts, en passant par les rénovations mineures.
Pourtant, pour de nombreux locataires, ces justifications ne parviennent pas à atténuer l'impact financier de ces augmentations, qui peuvent atteindre jusqu'à 15 %. « Je viens de construire une cuisine, alors j'ai décidé d'augmenter le loyer pour le mois de janvier », explique le propriétaire d'une maison à Itaosy, reflétant ainsi une pratique courante parmi les propriétaires qui cherchent à récupérer les coûts de rénovation en augmentant les loyers. Cette flambée des tarifs locatifs rend la recherche de plus en plus ardue d'un logement abordable, en particulier dans le centre-ville où les prix ont atteint des niveaux records. Même les quartiers autrefois considérés comme abordables voient leurs loyers exploser, poussant de nombreuses familles à se ruer vers des logements moins chers mais souvent précaires. « Avec la cherté du loyer actuel, la disponibilité de l'eau, de l'électricité, ainsi que de toilettes décentes à l'extérieur et, si possible à l'intérieur, constituent les principaux critères exigés par les locataires, même si la maison ne présente pas le confort recherché », explique une commerciale travaillant dans une agence immobilière à Antsahavola.
Amplifiée
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : selon les agences immobilières, les propriétaires ont révisé à la hausse les loyers dans la plupart des quartiers de la Capitale, avec des augmentations d'au moins 10 %. Dans les quartiers les plus prisés, le coût de location d'une pièce est passé de 100.000 à 150.000 ariary, voire plus. Cette augmentation soudaine des loyers a des répercussions importantes sur la vie quotidienne des locataires. Les habitations qualifiées de « standing » ne sont pas en reste, même si la majorité des propriétaires n’exigent plus d’être payés en euros. De 1,6 million ariary par mois auparavant, le loyer d’un appartement T3 se situe désormais entre 1,9 et 2,3 millions d’ariary. Beaucoup se retrouvent contraints de déménager à la recherche de logements plus abordables. Malheureusement, cette quête est semée d'embûches, alors que les frais de transport et le prix du carburant continuent de grimper. « Le déménagement est devenu une scène banale à chaque fin du mois, et a tendance à s’amplifier depuis le début de cette année », explique notre commerciale. Ainsi, à cause de l'augmentation des loyers, le choix s'effectue en fonction des moyens financiers des clients. Pourtant, même ceux qui parviennent à trouver un logement abordable ne sont pas à l'abri des abus. Certains propriétaires profitent de l'absence de contrats de bail pour augmenter les loyers ou renvoyer les locataires sans préavis, plongeant ainsi de nombreuses familles dans l'incertitude et l'instabilité. Dans ce climat de crise du logement, les appels à des solutions durables se multiplient. Les initiatives locales visant à faciliter l'accès au logement pour les plus démunis gagnent en importance, tandis que la pression sur les autorités pour réguler le marché locatif continue de croître. Alors que la ville continue de s’étendre, il est impératif que des mesures soient prises pour garantir que chaque citoyen ait accès à un logement décent et abordable. Car dans une Capitale où les loyers atteignent des sommets vertigineux, la sécurité du logement ne devrait jamais être un luxe.
Hary Rakoto