L'importation de riz à Madagascar, au titre de l’année 2023, a atteint son niveau le plus bas depuis les quatre dernières années, descendant en dessous de la barre des 500 000 tonnes selon les dernières données de l'Institut national de la statistique (INSTAT), relayées par l'Observatoire du riz (ODR). Au total, l’importation de riz en 2023 s’élevait à 424 008 tonnes à Madagascar, marquant une différence conséquente de 320 838 tonnes par rapport à l'année précédente, qui a été évaluée aux alentours de 745.000 tonnes. Cette baisse s'explique en grande partie par une bonne production de la campagne rizicole 2022-2023. En effet, selon les experts de l'Observatoire du riz (ODR), la disponibilité accrue de riz local a incité les acteurs économiques à réduire leurs importations. Cette production locale abondante a été soutenue par le ministère chargé du Commerce, qui a encouragé activement l'achat de riz produit sur le territoire national. Le ministère de l'Agriculture et de l'Elevage prévoyait également une augmentation de plus de 8% de la production rizicole pour l'année 2023, dans le cadre de la Stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR). Le MINAE a en effet joué un grand rôle dans cet accroissement de la production rizicole en appliquant certaines stratégies inscrites dans cette SNDR, qui a été adoptée et mise en œuvre depuis exactement l’année 2023.
Autoconsommation
La SNDR visionnait en grande partie que, la production de l’année 2024 devrait atteindre aux alentours de 6,2 millions de tonnes de paddy, si le besoin annuel malagasy est de l’ordre de 5,8 millions de tonnes de paddy. Ce qui devrait être traduit par l’atteinte du début de l’autosuffisance alimentaire si cet objectif est effectivement atteint. La mise en œuvre de la SNDR comprend entre autres l'extension des zones irriguées, la distribution d'engrais, et la fourniture de semences certifiées aux agriculteurs. Selon le réseau de systèmes d’alerte précoce contre la famine, le riz local demeure l'aliment de base essentiel pour les ménages du nord et du centre de Madagascar. Bien que le riz importé soit souvent consommé par les ménages pauvres en raison de son prix plus abordable, il reste un substitut moins préféré. En effet, le riz produit localement est préféré pour sa qualité, sa senteur et son goût. Par ailleurs, il est important de noter que la production rizicole de Madagascar est principalement destinée à l'autoconsommation. Environ 80% de la production est consommée par les producteurs eux-mêmes, tandis que seulement 20% est commercialisée, comme le souligne un récent rapport de la Banque mondiale. Dans un contexte où la sécurité alimentaire demeure une préoccupation majeure, la baisse des importations de riz à Madagascar offre une lueur d'espoir quant à la capacité du pays à subvenir à ses propres besoins alimentaires. Cette réussite témoigne des efforts conjoints des autorités et des acteurs du secteur agricole pour promouvoir la production locale et réduire la dépendance aux importations.
Carinah Mamilalaina