Publié dans Economie

Lancement de l’« e-Ariary » - Le virage numérique de la Banque centrale se concrétise

Publié le vendredi, 23 mai 2025

En marche. La Banque centrale de Madagascar ou BFM (« Banky Foiben’ny Madagasikara ») s’apprête à secouer doucement les habitudes monétaires du pays avec le lancement de l’expérimentation de l’« e-Ariary », une version numérique de la monnaie nationale. Annoncé par le gouverneur Aivo Handriatiana Andrianarivelo, ce projet pilote durera 10 mois et vise à renforcer l’inclusion financière, tout en réduisant les coûts liés à l’usage du cash. Loin de vouloir détrôner les services de « Mobile Money » déjà largement adoptés dans les milieux urbains comme ruraux, l’« e-Ariary entend plutôt jouer la carte de la complémentarité.

 

« L’idée n’est pas de remplacer les opérateurs privés, mais de proposer un cadre plus sûr, plus commun, qui servira à tout le monde », a martelé le gouverneur. Le constat est d’ailleurs sans appel : imprimer les billets coûte cher, et leur durée de vie dépasse rarement six mois. « Le billet de 100 ariary ne vaut même pas son prix d’impression. Et comme Madagascar n’imprime pas ses propres billets, on paye encore plus cher », souligne le gouverneur de la BFM, Aivo Andrianarivelo, qui voit dans ce virage digital une logique imparable, ne serait-ce que pour soulager le budget de l’Etat.

Réticence

Sur le terrain, les réactions oscillent entre prudence et espoir. Dans le centre-ville d’Analakely, Fara, une commerçante de 43 ans, reste sceptique : « On nous parle encore de trucs numériques alors que l’électricité est coupée tous les jours. Comment on va faire ? ». 

 

Plus au sud, à Itaosy, Solofo, jeune développeur dans une start-up locale, y voit au contraire « une avancée historique si c’est bien fait, surtout pour ceux qui n’ont pas accès aux banques classiques ». Cependant, les enjeux sont multiples pour rassurer les utilisateurs, collaborer avec les opérateurs mobiles, sécuriser les transactions, mais aussi convaincre les plus réticents. Car malgré l’élan affiché, certains économistes craignent une fracture encore plus grande entre les zones connectées et les autres. « Si la BFM veut vraiment réussir, elle devra accompagner l’"e-Ariary" d’un grand plan d’éducation numérique, sinon cela restera un gadget pour les grandes villes », explique un opérateur dans le domaine du paiement électronique, venu assister à la présentation d’hier soir. Reste aussi à savoir si le public fera confiance à une monnaie qui n’a pas de forme palpable. Bref, la révolution est peut-être en marche, mais elle n’est pas encore dans toutes les poches.

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Editorial

  • Règles générales prioritaires
    En ce début de cycle nouveau, il importe de rappeler certains principes de base qui figurent comme étant des lignes directrices à respecter, des balises pour éviter les dérapages ou toutes formes d’abus. Quelques règles inévitables s’imposent. Règle numéro un : respect de l’Etat de droit. Concept de fond qui garantit la crédibilité d’un régime en place, le respect de l’Etat de droit dans toutes ses composantes incarne l’identité d’une Nation digne de respect et de reconnaissance. Un Etat de droit signifie un pays qui respecte la loi en vigueur, les Institutions républicaines et place la dignité humaine au centre des intérêts comme étant une priorité cardinale. Personne n’est au-dessus de la loi ! Un Etat de droit entend la mise en œuvre de façon stricte de la bonne gouvernance, ce qui présuppose la priorité accordée à la transparence. De fait, une gestion saine des ressources publiques et de la…

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