Dans un contexte où la formation professionnelle reste encore largement négligée, l’ouverture officielle de la « Madagascar Security Academy » (MSA) à Andakana sonne comme un coup de tonnerre dans le paysage économique national. Conçue comme un véritable pôle d’excellence multisectoriel, cette Académie se veut une réponse concrète aux défis de souveraineté, de professionnalisation et de développement durable. Sécurité privée, sûreté aéroportuaire, cynophilie, hôtellerie de luxe ou encore médecine vétérinaire,... l’éventail des formations proposées témoigne d’une ambition claire : former ici les compétences de demain.
« La MSA, c’est plus qu’un centre de formation. C’est un outil pour l’avenir de Madagascar », a déclaré Mamy Ravatomanga, fondateur du groupe SODIAT, porteur du projet, lorsqu’il a annoncé l’ouverture du centre, en insistant sur le rôle stratégique de cette institution dans le renforcement des capacités nationales.
L’excellence locale comme levier de développement
La MSA a été conçue pour répondre à une double urgence. D’abord, combler le déficit criant de compétences dans des secteurs cruciaux comme la sécurité et l’aviation. Ensuite, offrir aux jeunes malagasy une alternative sérieuse à l’exil professionnel. « C’est une très belle opportunité pour ceux qui veulent rester ici, tout en suivant une vraie formation de qualité », confie Hery, jeune étudiant inscrit dans le parcours « sécurité ».
A Madagascar, où la fuite des cerveaux est une réalité douloureuse, une telle structure redonne de l’espoir. D’autant plus que les infrastructures sont dignes des standards internationaux : simulateurs aéroportuaires, équipements de détection thermique, encadrement de haut niveau en tir, secourisme ou encore gestion de crise. La modernité du site d’Andakana frappe les visiteurs comme les premiers apprenants.
Un campus de dernière génération
Sur le terrain, la MSA impressionne. Sept amphithéâtres, une salle de conférence moderne, une piscine semi-olympique, un stand de tir, des parcours d’obstacles, un terrain multi-sports,… Le tout accompagné de logements étudiants confortables et de deux restaurants d’application dirigés par un chef renommé.
Les infrastructures sont à la hauteur des ambitions affichées : « Nous avons voulu créer un espace immersif, où chaque aspect de la formation est pensé dans les moindres détails. C’est aussi un lieu d’échange, de simulation, de mise en situation réelle », affirme Bruno Lemasson, directeur général de la MSA.
Des pôles spécialisés pour une réponse ciblée
La MSA ne se limite pas à une vision classique de la formation. Chaque pôle est conçu pour répondre à un besoin spécifique. En sécurité privée, les formations allient théorie, entraînement physique, éthique professionnelle et gestion du stress. En sûreté aéroportuaire, des simulateurs haute technologie reproduisent les conditions réelles de contrôle aux frontières.
Le pôle cynotechnique accueille plus de 60 chiens formés à la détection et à la protection, encadrés par des dresseurs spécialisés. L’hôtellerie de luxe, quant à elle, bénéficie d’un programme en partenariat avec une école internationale réputée, axé sur les arts de la table, le savoir-être et les langues étrangères. Même le domaine vétérinaire est représenté, avec une clinique intégrée dotée de blocs opératoires, d’équipements d’imagerie et d’hospitalisation.
Un message d’espoir pour la jeunesse
« Ce que nous avons construit ici, c’est la preuve que Madagascar peut tout, quand il est porté par l’excellence », a lancé Bruno Lemasson devant un parterre d’invités conquis. Son discours a souligné l’ampleur de la vision portée par l’académie : former des professionnels confiants, rigoureux, responsables et fiers de leur mission. Il a insisté sur la dimension internationale de l’établissement, ouvert aux stagiaires étrangers et destiné à faire rayonner les compétences locales au-delà des frontières.
Des certifications modernes et sécurisées
A une époque où les faux diplômes pullulent, la MSA mise sur la traçabilité et la sécurité. Chaque certificat délivré est accompagné d’un QR code et d’un identifiant unique. Une démarche de transparence et de sérieux qui séduit déjà les premiers partenaires du centre. « On veut que chaque diplômé soit fier de son parcours et que son diplôme soit reconnu partout, sans ambiguïté », résume un formateur.
Cette exigence s’accompagne aussi d’une sensibilisation forte à l’éthique et à la responsabilité, notamment en ce qui concerne le port d’arme, strictement encadré par des modules alliant aspects techniques, juridiques et psychologiques.
Un modèle à pérenniser
Mais au-delà des discours et des premières impressions, un défi de taille s’impose : celui de la durabilité. Pour que la MSA tienne ses promesses, il faudra veiller à la qualité continue des formations, à l’intégration des diplômés dans la vie active, et au maintien d’un modèle économique viable.
Un formateur du pôle cynotechnique résume bien cette exigence : « Ce n’est pas juste un projet de com’. On a une vraie mission ici. Celle de bâtir quelque chose de solide, de long terme. Pour le pays ».
L’avenir entre les mains des jeunes
A terme, la MSA pourrait bien devenir un catalyseur de transformation pour toute une génération. En misant sur les compétences locales, sur la rigueur et l’innovation, elle renverse le paradigme habituel : l’excellence ne se cherche plus ailleurs, elle se crée ici, chez nous. Et ce message, simple mais puissant, résonne auprès de nombreux jeunes à la recherche d’une voie.
« On a toujours dit que les grandes choses ne se faisaient pas à Madagascar. Là, on a un exemple concret que c’est faux », conclut l’un des encadreurs techniques avec une fierté non dissimulée.
Une ambition nationale
La MSA s’inscrit dans une stratégie plus large voulue par son fondateur : créer chaque année une entreprise au service des besoins du pays. Un pari audacieux, mais qui pourrait bien porter ses fruits si la dynamique enclenchée est maintenue. Le modèle proposé par l’Académie peut inspirer d’autres secteurs en mal de structuration.
La balle est maintenant dans le camp des jeunes, des entreprises, et des institutions. A eux de saisir cette opportunité, et de démontrer qu’avec de la volonté, la Grande île peut écrire sa propre histoire de réussite.