Thierry de Bailleul, directeur général de Madagascar Airlines, a annoncé sa démission hier. Cette décision fait suite à un ultimatum lancé par le personnel. Les employés exigeaient le départ immédiat du DG et de tous les consultants étrangers. La date limite était fixée au 17 octobre à midi. Passé ce délai, ils prévoyaient de ne plus suivre aucun ordre de la direction actuelle. Une direction collégiale devait alors prendre le relais. Selon Thierry de Bailleul dans une lettre. Ce climat de défiance rendait la poursuite de sa mission impossible. « Je ne peux, ni moralement ni professionnellement, diriger une entreprise dans laquelle une partie du personnel conteste publiquement l’autorité légitime de sa direction générale », a-t-il expliqué. Depuis dix-huit mois, le DG et son équipe ont mené un combat exigeant pour redresser la compagnie. « Grâce à ces efforts, la capacité offerte a progressé de 66% en moins de deux ans. De plus, la ponctualité sur l’ensemble de 2025 a atteint 80%. Par ailleurs, la digitalisation de l’entreprise est désormais très avancée. La flotte d’ATR 72 s’est renforcée et la confiance des loueurs a été regagnée. Enfin, les pertes se sont réduites trimestre après trimestre, et un retour à l’équilibre semblait réaliste », a-t-il ajouté.
Difficultés
Thierry de Bailleul est arrivé fin 2022. Son mandat devait initialement se terminer le 30 juillet 2025, mais il a été reconduit fin août. Selon les autorités à cette époque, « cette prolongation visait à assurer la continuité du plan stratégique « Phenix 2030 », soutenu par la Banque mondiale. Le plan prévoit de moderniser la flotte, d’améliorer la gestion digitale et de repenser la stratégie commerciale ». Pour soutenir le redressement, la Banque mondiale a alloué 65 millions de dollars. Sur cette somme, 25 millions sont déjà disponibles. Par ailleurs, 80 millions supplémentaires sont en cours de négociation, dont la moitié pour Madagascar Airlines et l’autre moitié pour les infrastructures aéronautiques. Pourtant, malgré ces résultats, la situation sociale est devenue intenable. M.Bailleul a donc choisi de se retirer pour préserver l’entreprise, ses salariés et sa crédibilité auprès des partenaires internationaux, notamment la Banque mondiale. Ce dernier propose au Comité exécutif d’assurer collégialement la continuité opérationnelle. « Cette mesure vise à éviter toute rupture dans le pilotage des opérations en attendant les décisions du Conseil d’administration », a-t-il conclu.
Carinah Mamilalaina