Depuis plusieurs semaines, la grève des employés de la JIRAMA se poursuit, les syndicats refusant de reprendre le travail tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites. Leurs demandes principales incluent le limogeage du directeur général actuel, Ron Weiss, qu’ils tiennent pour responsable de la crise, ainsi que la dissolution du conseil d’administration. Ils réclament aussi la révision du statut juridique de la JIRAMA, qu’ils suspectent d’ouvrir la voie à une vente indirecte de la société, et exigent que l’entreprise redevienne pleinement maître de sa production énergétique, sans ingérence étrangère ni recours abusif à des prestataires externes. Selon un agent approché dans les coulisses de la direction, « la JIRAMA a fonctionné à perte depuis des années à cause de ce mauvais choix », dénonçant le recours continu à des groupes électrogènes coûteux, qui accroissent l’endettement de l’Etat. D’autres salariés soulignent que la navigation dans l’incertitude financière pousse la compagnie à délester chaque heure, privant les usagers d’électricité, une stratégie jugée insoutenable. De l’autre côté, la direction de la JIRAMA affirme qu’« aucune cession de capital n’est envisagée », insistant sur le fait que la compagnie restera détenue à 100 % par l’Etat, tout en promettant des réformes internes pour renforcer la participation des travailleurs dans la reconstruction de l’entreprise.
Baisse de productivité
Sur le plan économique, les conséquences du conflit sont déjà palpables dans divers secteurs. D’abord, la baisse de productivité dans l’industrie et les petites entreprises est manifeste. « Pour les ateliers de soudure, les petits salons de coiffure, chaque heure sans électricité est une catastrophe économique », note un commerçant d’Antananarivo. Les délestages non programmés perturbent aussi les commerces, les stocks alimentaires, surtout dans les zones urbaines, et freinent les activités de service, puisqu’aucune machine ni réfrigérateur ne peut fonctionner normalement. En outre, la crédibilité du climat d’investissement est mise à mal, les investisseurs, nationaux ou étrangers, voyant dans cette crise un signal de fragilité institutionnelle dans un secteur vital. Selon un rapport du FMI, la situation actuelle nuit directement à la productivité des entreprises, renforçant l’urgence d’un plan de redressement pour la JIRAMA. A plus long terme, cette grève creuse le déficit de l’Etat s’il faut financer des mesures d’urgence ou des subventions pour maintenir le service, ce qui pourrait accentuer l’inflation en cours, déjà ressentie par les ménages dont le pouvoir d’achat est miné. Le secteur touristique lui-même, déjà fragilisé par d’autres difficultés nationales, pourrait souffrir si les coupures d’électricité persistent ou s’amplifient. Finalement, dans ce contexte, la suspension temporaire du mouvement annoncée à la suite d’un dialogue le 9 juillet selon les syndicats ne garantit pas la fin des tensions, et l’équilibre économique du pays pourrait bien dépendre de la capacité des pouvoirs publics et de la JIRAMA à trouver un compromis crédible et durable.







